BEYROUTH: Le don d’organes au Liban repose sur des initiatives individuelles, même si la question suscite encore beaucoup de controverse auprès de l’opinion publique.
L’ancien ministre de la Santé, Mohammed Jawad Khalifé, déclare à Arab News: «La recommandation de faire don de ses organes est toujours rare au Liban. Cela est dû à la culture dominante qui considère ce processus comme tabou, même si les religions ne l’interdisent pas.»
M. Khalifé a fondé l’Organisation nationale pour le don et la transplantation d’organes et de tissus au Liban pendant son mandat de ministre en 2005.
Chirurgien de formation, M. Khalifé ajoute: «Lorsque l’organisation NOD LB a été créée, elle a été bien accueillie par les membres du clergé des différentes communautés, qui ont même participé à des campagnes de sensibilisation de la population à l’importance du don d’organes.»
«L’élan des campagnes a diminué après la guerre de juillet 2006 et cette situation s’est poursuivie jusqu’à la pandémie de Covid-19.»
M. Khalifé soutient que le don d’organes est actuellement limité aux initiatives individuelles.
Il poursuit: «Sur le continent européen, l’Espagne est le pays où les gens donnent le plus d’organes. Dans le reste des pays de l’Union européenne, le don d’organes se situe entre 15 et 20 par million. Au Liban, ce taux ne dépasse pas 1,5 par million de la population.»
NOD LB est responsable du suivi de chaque don et greffe de tissus prenant place sur le sol libanais.
L’organisation estime que les opinions sur le sujet évoluent lentement, grâce aux campagnes de sensibilisation.
Il y a deux semaines, un jeune Libanais, Ali Mahmoud Charafeddine, est décédé à l’hôpital des suites d’un accident de la route dans une ville du sud du pays.
Sa famille a décidé de faire don de plusieurs parties de son corps à six patients, selon ses souhaits.
Cette décision a incité l’érudit religieux Sayyed Ali Mohammed Hussein Fadlallah à entrer en contact avec la famille. Il affirme que cet acte représente «le plus haut niveau de responsabilité envers la société».
L’érudit, dont le défunt père, Mohammed Hussein Fadlallah, était guide religieux, insiste sur «la nécessité de raviver cette tradition et de la renforcer, ce qui constitue l’un des exemples les plus marquants de sacrifice et de dévotion, afin que d’autres puissent vivre et profiter de ce qu’ils ont perdu».
Cependant, au Liban, le don d’organes suscite toujours la controverse.
Les législateurs ont établi des règles juridiques régissant le don d’organes.
Ils précisent que «l’identité du donneur, qui doit être âgé de plus de dix-huit ans, reste inconnue puisque le don n’a ni identité, ni sexe, ni doctrine, ni race».
Deux décrets réglementant le don et la transplantation d’organes ont été publiés après la première greffe du pays en 1972. L’un d’eux déclarait que le don devait être «libre et inconditionnel».
Les campagnes de sensibilisation visant à encourager le don d’organes comprennent des initiatives dans les écoles, les universités et les institutions militaires.
Les donneurs doivent d’abord remplir un formulaire disponible sur le site Web de NOD LB.
Cependant, l’organisation souligne: «Il n’y a eu aucune amélioration du taux de dons réel et cela s’est limité à des cas individuels.»
L’organisation NOD LB fait également face à un manque de coordination entre les hôpitaux, notamment dans la déclaration des morts cérébrales.
Un autre problème est que certaines personnes tentent de vendre leurs organes, notamment des reins, plutôt que d’en faire don.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com