Rejet de l'eau de Fukushima: le gouvernement japonais décidera mardi du calendrier

Photo de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi de Tokyo Electric Power Company Holdings (TEPCO), vue depuis le port de pêche d'Ukedo à Namie, préfecture de Fukushima, le 20 août 2023. (AFP)
Photo de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi de Tokyo Electric Power Company Holdings (TEPCO), vue depuis le port de pêche d'Ukedo à Namie, préfecture de Fukushima, le 20 août 2023. (AFP)
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Publié le Mardi 22 août 2023

Rejet de l'eau de Fukushima: le gouvernement japonais décidera mardi du calendrier

  • L'opération, qui doit durer des décennies, n'aura pas de conséquences sur l'environnement ou la santé humaine, selon Tokyo
  • Tokyo compte déverser dans l'océan Pacifique, après traitement, plus de 1,3 million de tonnes d'eau stockée sur le site de la centrale de Fukushima Daiichi, ravagée par le tsunami du 11 mars 2011 dans le Nord-Est du Japon

TOKYO: Le gouvernement japonais fixera mardi la date du début du rejet en mer de l'eau traitée provenant de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, a déclaré lundi le ministre de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie Yasutoshi Nishimura.

Ce projet a été validé en juillet par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) mais suscite l'inquiétude des pêcheurs japonais et de pays voisins comme la Chine.

L'opération, qui doit durer des décennies, n'aura pas de conséquences sur l'environnement ou la santé humaine, selon Tokyo.

"Nous voulons réunir les ministres concernés demain (mardi, NDLR) pour prendre une décision sur le début du rejet de l'eau, après avoir confirmé l'état d'avancement des efforts visant à garantir la sécurité et à remédier au préjudice d'image" pour la filière japonaise de la pêche, a déclaré M. Nishimura lors d'une conférence de presse.

Tokyo compte déverser dans l'océan Pacifique, après traitement, plus de 1,3 million de tonnes d'eau stockée sur le site de la centrale de Fukushima Daiichi, ravagée par le tsunami du 11 mars 2011 dans le Nord-Est du Japon.

Issue de la pluie, des nappes souterraines ou des injections nécessaires pour refroidir les cœurs des réacteurs nucléaires entrés en fusion en 2011, cette eau a été filtrée mais le tritium, un radionucléide qui n'est dangereux pour l'homme qu'à très hautes doses concentrées, n'a pas pu être éliminé.

Aussi Tepco, l'opérateur de la centrale de Fukushima, prévoit un rejet dans l'océan de 500 000 litres par jour maximum, et avec une dilution pour réduire le niveau de radioactivité de l'eau tritiée bien en deçà des normes nationales pour cette catégorie.

«Position inchangée» des pêcheurs

Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a par ailleurs rencontré lundi à Tokyo Masanobu Sakamoto, le représentant de l'industrie de la pêche nippone, après s'être rendu dimanche à la centrale de Fukushima Daiichi.

"Nous avons demandé de la compréhension face à la nécessité de rejeter" cette eau, a expliqué M. Kishida après cette entrevue, jugeant le rejet dans l'océan "essentiel" au progrès du démantèlement de la centrale dont "dépend la reconstruction de Fukushima".

"Notre position reste inchangée, nous sommes toujours opposés au rejet de l'eau", a pour sa part déclaré M. Sakamoto aux journalistes, assurant avoir dit au Premier ministre que les pêcheurs "maintiendraient cette position", malgré l'aval de l'AIEA et les efforts du gouvernement pour expliquer sa décision et rassurer.

"Je lui ai dit que la sécurité scientifique n'équivaut pas nécessairement à un sentiment de sécurité dans la société. On craint des dommages pour la réputation des produits" une fois le rejet commencé, a-t-il ajouté.

Le gouvernement a prévu la mise en place d'un fonds d'indemnisation de 30 milliards de yens (190 millions d'euros) pour aider les pêcheurs locaux à faire face à de tels dommages.

Dans le département de Fukushima, certains habitants étaient cependant gagnés par un sentiment d'impuissance.

"Je ne veux pas que l'eau soit rejetée, mais je pense que la plupart d'entre nous ont baissé les bras", a déclaré à l'AFP un pêcheur amateur local âgé de 70 ans qui a refusé d'être identifié.

"Quoi que nous disions, nos appels tombent dans l'oreille d'un sourd au pouvoir", a estimé Isokazu Kudo, patron d'une petite coopérative de pêche à Fukushima, déclarant à une chaîne de télévision locale que beaucoup dans la filière étaient "plutôt résignés".

La Chine - vers laquelle un quart de l'ensemble des produits de la mer japonais ont été exportés l'an dernier - a, elle, décidé en juillet d'interdire les importations de denrées alimentaires en provenance de dix départements japonais, dont celui de Fukushima, en invoquant des raisons de sécurité.

La population sud-coréenne s'inquiète également même si le gouvernement de Séoul, qui a récemment réchauffé ses relations avec Tokyo, n'a pas formulé d'objection au plan japonais.


Trump fait vaciller le lien transatlantique

Trump fait vaciller le lien transatlantique
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  • le rapprochement opéré par le président américain avec la Russie de Vladimir Poutine, au détriment de l'Ukraine, porte un coup sérieux à ce lien et place les Européens devant leurs responsabilités.
  • Le président américain, qui déclare vouloir mettre rapidement fin au conflit ukrainien, a provoqué un séisme politique en renouant le contact avec le président russeSSIE,

WASHINGTON : En l'espace de quelques jours, Donald Trump a ébranlé le lien transatlantique.S'il est trop tôt pour parler de la fin de ce lien historique, qu'il aura fallu 80 ans pour consolider, le rapprochement opéré par le président américain avec la Russie de Vladimir Poutine, au détriment de l'Ukraine, porte un coup sérieux à ce lien et place les Européens devant leurs responsabilités.

Témoignant d'un sentiment d'urgence, le président français Emmanuel Macron, qui a multiplié les appels à son homologue américain, se rend lundi à Washington pour s'en expliquer avec Donald Trump.

Il sera suivi de peu par le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui sera reçu à la Maison Blanche jeudi.

« Je vais lui dire : “Au fond, tu ne peux pas être faible face au président Poutine” », a expliqué le président français jeudi.

« Je vais lui dire : “Si tu laisses l'Ukraine aux mains de Poutine, la Russie sera inarrêtable pour les Européens, pour tous”.  Il a également mis en garde contre une « faute stratégique énorme ».

Le président américain, qui déclare vouloir mettre rapidement fin au conflit ukrainien, a provoqué un séisme politique en renouant le contact avec le président russe, persona non grata auprès des Européens et de l'administration précédente américaine.

Cette initiative a été suivie mardi dernier à Ryad, en Arabie saoudite, par une réunion sans précédent depuis l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022 entre hauts responsables américains et russes, au cours de laquelle ils se sont engagés à nommer des équipes de négociation. Ni Kiev ni les Européens n'ont été invités à la table des négociations.

Parallèlement, Donald Trump monte la pression sur le président ukrainien Volodymyr Zelensky en le qualifiant de « dictateur » et en disant qu'il n'avait « aucune carte en main ».

Il ne cache pas sa colère envers le dirigeant ukrainien, qui a refusé de conclure un accord sur l'exploitation des minerais dans son pays.

- « Un moment dangereux » -

« Je pense que nous vivons actuellement un moment assez difficile et très dangereux où les deux côtés de la communauté transatlantique, pour ainsi dire, s'éloignent de plus en plus l'un de l'autre », a-t-il déclaré à l'AFP, en marge d'une conférence de conservateurs américains près de Washington.

Pour Nigel Gould-Davies, de l'Institut international des études stratégiques (IISS) à Londres, « il s'agit d'une crise transatlantique sans précédent ».

« Pendant la guerre froide, on craignait que l'Amérique ne se découple de l'alliance, n'abandonne l'Europe et ne retombe dans l'isolement. Ce qui commence maintenant est pire : en négociant avec la Russie par-dessus les Européens et en intervenant dans la politique européenne, les États-Unis ne se contentent pas de se découpler de l'Europe, mais décident pour elle et la perturbent », écrit-il.

Pour Donald Trump, l'Europe a mangé son pain blanc.

Le président américain accuse les Européens de ne pas partager le fardeau et de pratiquer une concurrence déloyale en matière commerciale.

Il exhorte les pays européens à prendre davantage de responsabilités en matière de défense, soulevant même des doutes quant à la volonté des États-Unis d'apporter leur aide à leurs alliés de l'OTAN en Europe en cas de besoin.

Donald Trump avait déjà fortement secoué les Européens lors de son premier mandat, de 2017 à 2021.

Son successeur, le président démocrate Joe Biden, a donc pu se vanter d'avoir « restauré » les alliances de l'Amérique, y compris au sein de l'OTAN.

Selon Jeremy Shapiro, du European Council on Foreign Relations à Bruxelles, il ne s'agit pas d'un complot contre l'Europe, mais d'une nouvelle démonstration de l'insignifiance croissante de l'Europe sur le plan géopolitique.

- « Tête froide » -

Les Européens entendront-ils ce message ?

L'Europe « doit en faire beaucoup plus, non seulement pour assurer notre propre défense, mais aussi pour soutenir l'Ukraine, car nous traversons une période extrêmement critique de l'histoire mondiale », a concédé le chef de la diplomatie danoise, Lars Løkke Rasmussen, dans un entretien à l'AFP mercredi.

De son côté, la haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, a appelé jeudi la population du Vieux Continent à « garder la tête froide ».

Reste que selon Max Bergmann, du Centre pour les études stratégiques et internationales (CSIS) à Washington, « la situation sécuritaire est très précaire en ce moment ; pour les Européens, c'est le feu aux poudres ; c'est un peu la panique ».

« Mais je pense que ce que l'on demande à l'Europe maintenant, ce n'est pas seulement qu'elle en fasse un peu plus, mais qu'elle prenne effectivement des mesures qui la feraient émerger, franchement, comme une superpuissance », a-t-il déclaré à l'AFP. 


Cinq candidats retenus pour la présidence de la Banque africaine de développement

Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD), s'exprime lors de la célébration du 60e anniversaire de l'institution à l'hôtel Sofitel Ivoire d'Abidjan, le 10 septembre 2024. (AFP)
Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD), s'exprime lors de la célébration du 60e anniversaire de l'institution à l'hôtel Sofitel Ivoire d'Abidjan, le 10 septembre 2024. (AFP)
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  • Cinq candidats ont été officiellement retenus pour succéder au Nigérian Akinwumi Adesina à la tête de la Banque africaine de développement (BAD), lors de l'élection prévue le 29 mai
  • La BAD, fondée en 1964, compte 81 pays membres, dont 54 pays africains

Abidjan, Côte d'Ivoire: Cinq candidats ont été officiellement retenus pour succéder au Nigérian Akinwumi Adesina à la tête de la Banque africaine de développement (BAD), lors de l'élection prévue le 29 mai, a annoncé vendredi l'institution basée à Abidjan.

Deux candidats viennent d'Afrique de l'ouest: les anciens ministres de l'Economie du Sénégal (2019-2022), Amadou Hott et de Mauritanie (2008-2015) Sidi Ould Tah.

Deux autres sont originaires d'Afrique australe: l'économiste zambien Samuel Munzele Maimbo et la Sud-Africaine Bajabulile Swazi Tshabalala qui a été vice-présidente de l'institution.

Le dernier candidat est l'ancien gouverneur de la Banque des Etats d'Afrique centrale (2017-2024), le Tchadien Abbas Mahamat Tolli.

La BAD, fondée en 1964, compte 81 pays membres, dont 54 pays africains.

Elle fait partie des grandes banques multilatérales de développement et ses ressources proviennent notamment des souscriptions des pays membres, des emprunts effectués sur les marchés internationaux, et des remboursements et revenus des prêts.

Elle aide les pays africains en favorisant l'investissement dans des projets dans divers secteurs comme l'agro-industrie, le transport ou encore l'énergie ou la santé.

M. Adesina passe la main à la tête de l'institution après deux mandats de cinq ans pendant lesquels le capital souscrit de la BAD a plus que doublé, à près de 200 milliards de dollars.

Il avait été réélu en 2020, unique candidat, malgré des accusations de mauvaise gestion et de favoritisme. Il avait été disculpé peu avant par un comité d'experts.

Le président de la BAD est élu par le conseil des gouverneurs constitué des représentants des 81 pays membres, qui sont habituellement les ministres des Finances et du Plan ou des gouverneurs de banques centrales.

L'élection doit se tenir le 29 mai à Abidjan, siège de l'institution.


L'UE conditionne son aide au Liban à une réforme bancaire et un accord avec le FMI 

La Banque centrale du Liban. (AFP)
La Banque centrale du Liban. (AFP)
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  • Vendredi, la commissaire européenne pour la Méditerranée, Dubravka Suica, a précisé que, sur les fonds alloués, "500 millions avaient déjà été adoptés en août dernier, et 500 millions supplémentaires seront bientôt débloqués"
  • "La principale condition préalable est la restructuration du secteur bancaire (...) ainsi qu'un bon accord avec le FMI", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse après sa rencontre avec le président Joseph Aoun

BEYROUTH: Une responsable de l'Union européenne (UE) en visite au Liban a déclaré vendredi que le versement d'un demi-milliard d'euros de financement était conditionné à une restructuration du secteur bancaire et à la conclusion d'un accord avec le Fonds monétaire international (FMI).

En mai dernier, l'UE avait annoncé une aide d'un milliard d'euros pour le Liban afin d'endiguer l'immigration clandestine vers l'Europe. Cette aide vise à renforcer les services de base, notamment l'éducation et la santé, alors que le pays traverse une grave crise économique.

Vendredi, la commissaire européenne pour la Méditerranée, Dubravka Suica, a précisé que, sur les fonds alloués, "500 millions avaient déjà été adoptés en août dernier, et 500 millions supplémentaires seront bientôt débloqués, mais certaines conditions doivent être remplies".

"La principale condition préalable est la restructuration du secteur bancaire (...) ainsi qu'un bon accord avec le FMI", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse après sa rencontre avec le président Joseph Aoun.

"Une fois ces conditions remplies, nous poursuivrons bien sûr le versement" des fonds, a-t-elle ajouté.

La communauté internationale réclame depuis longtemps que le Liban mette en oeuvre des réformes pour débloquer des milliards de dollars d'aide et relancer son économie, après la crise financière de 2019, imputée à la gabegie et la corruption.

Le mois dernier, le Liban a élu un nouveau président après plus de deux ans de vacance du pouvoir, et un gouvernement a été formé ce mois-ci, remplaçant l'administration intérimaire.

Cette semaine, le FMI a déclaré être ouvert à un nouvel accord de prêt avec le Liban après des discussions avec son nouveau ministre des Finances.

Mme Suica a également dit avoir discuté avec Joseph Aoun d'un "nouveau pacte pour la Méditerranée", ce qui signifie, selon elle, que "nous allons entamer des accords globaux de partenariat stratégique bilatéraux avec des pays, dont le Liban".

L'UE cherche à stabiliser le pourtour méditerranéen afin d'éviter d'importants flux migratoires vers l'Europe. Le Liban affirme accueillir environ deux millions de Syriens, soit le plus grand nombre de réfugiés par habitant au monde, et constitue également un point de départ pour les migrants en route vers l'Europe.