TOULOUSE: La vague de chaleur a étendu dimanche son étouffante emprise, une large moitié sud de la France et 49 départements contre 28 la veille subissant dès le matin des températures anormalement élevées alors que beaucoup d'automobilistes prennent encore le chemin du retour de vacances.
Dès 05h00, Météo-France relevait un exceptionnel 27°C à Nice, 24°C à Lyon et Perpignan, ou encore 23°C à Marseille ou Toulouse et le mercure devait atteindre au cours de la journée entre 35 à 38°C "sur une large partie sud et est du pays".
Cet épisode de chaleur est le plus intense de tout l'été 2023 et "l'un des plus tardifs avec un tel niveau d'intensité", souligne l'organe de prévisions.
Des pointes encore plus élevées que samedi étaient attendues dans le midi toulousain avec 38 à 39°C et jusqu'à 40 à 41 vers la basse vallée du Rhône entre Carpentras, Nîmes et Montélimar.
A l'image de cette dernière ville où la température sera neuf degrés plus élevée que la moyenne, les normales de saison (mesurées sur trente ans de 1991 à 2020) vont être largement dépassées dans la cinquantaine de départements concernés, a expliqué à l'AFP un prévisionniste de Météo-France.
C'est dans cette atmosphère étouffante que de très nombreux automobilistes prenaient encore la route ce dimanche, journée classée orange au niveau national dans le sens des retours par Bison futé, et même rouge en Auvergne-Rhône-Alpes.
Pour anticiper, beaucoup ont choisi des départs précoces.
«Un peu de clim»
"On est partis de Brousse-le-Château, donc dans l'Aveyron, (...) à 7h30. Ça nous fait arriver à Monclar d'Agenais (Lot-et-Garonne) pas trop tard, vers 11h30", se réjouit Julien Segonzac, un chef d'entreprise, sur l'aire de Frontonnais, entre Toulouse et Montauban (31°C à 9h).
Julie Houillé, en route vers la Bretagne depuis Marseille, a fait de même: départ à 5h30, "on a fait au maximum les fenêtres ouvertes, puis un petit peu de clim et ça va aller", espère-t-elle.
Dans les grandes agglomérations, pour tenter de soulager les populations, les mairies ont mis en place des mesures spécifiques parfois encore renforcées ce dimanche.
Des maraudes supplémentaires et des dispositifs pour prendre des nouvelles des personnes isolées ont été organisés et les municipalités ont invité les habitants à se rapprocher des "lieux de fraîcheur": piscines, parcs ou musées climatisés, étendant souvent leurs horaires d'ouverture.
A Marseille, la ville a annoncé la gratuité de l’accès à toutes les piscines municipales de ce dimanche jusqu’à la fin de l’épisode caniculaire, ainsi que l’ouverture nuit et jour de la plage des Catalans, proche du Vieux-Port.
"Il faut réactiver les bons réflexes", a insisté le ministre délégué aux Transports Clément Beaune lors d'une visite en gare de Marseille-Saint-Charles, incitant à faire attention aux plus fragiles: enfants en bas âge, personnes âgées...
Des bouteilles d'eau sont distribuées gratuitement dans les gares concernées par la vigilance canicule, a-t-il indiqué.
A plus de 30°, les poules «ne pondent plus»
A Grenoble, dès l'ouverture à 09h30, plusieurs dizaines de personnes faisaient la queue devant la piscine Jean Bron et ses trois grands bassins découverts, a constaté une journaliste de l'AFP, même si l'affluence dans les piscines municipales était globalement conforme à la moyenne d'août.
Dans l'ouest, à Bordeaux par 29°C à l'ombre à la mi-journée, le soleil tapait sur la verrière des halles du marché des Capucins. Vincent Legrand, éleveur de poules en Dordogne, y vend ses oeufs depuis 7h. "Tout souffre avec la chaleur. Dès qu'il fait plus de 30°C, les poules ne mangent plus et ne pondent plus. Alors on fait tout pour limiter la température", a-t-il raconté.
Les fortes chaleurs obligent également à une prudence accrue face au risque incendie, notamment dans le sud-est: quatre massifs forestiers étaient fermés dans le Var, tout comme neuf des 25 massifs des Bouches-du-Rhône.
Selon Météo-France, des températures comparables voire plus élevées sont attendues lundi et l'épisode caniculaire devrait se maintenir jusqu'en milieu de semaine.
La configuration météorologique crée un "dôme de chaleur", "avec les hautes pressions qui bloquent la chaleur sur une partie de la France", a expliqué un prévisionniste. "Le deuxième ingrédient, c'est le réchauffement climatique qui vient augmenter la probabilité d'avoir des températures élevées aussi tardivement", a-t-il souligné.