Les inégalités, défi pour le roi du Maroc après un quart de siècle au pouvoir

Le roi du Maroc Mohammed VI célèbre son 60e anniversaire le 21 août, alors que la nation nord-africaine est confrontée à une série de défis près d'un quart de siècle après son accession au trône. (Photo Abdelhak Senna / AFP)
Le roi du Maroc Mohammed VI célèbre son 60e anniversaire le 21 août, alors que la nation nord-africaine est confrontée à une série de défis près d'un quart de siècle après son accession au trône. (Photo Abdelhak Senna / AFP)
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Publié le Samedi 19 août 2023

Les inégalités, défi pour le roi du Maroc après un quart de siècle au pouvoir

  • Un rapport commandé en 2019 par le roi pour élaborer un «nouveau modèle de développement (NMD)» déplorait «l'aggravation des inégalités», «la lenteur des réformes» et une «résistance au changement»
  • Sous la houlette du roi Mohammed VI, qui fête lundi ses 60 ans, la généralisation des allocations directes aux familles défavorisées, longuement attendue, devrait être parachevée en fin d'année

RABAT, Maroc : Près d'un quart de siècle après être monté sur le trône du Maroc, Mohammed VI, qui fêtera discrètement ses 60 ans lundi, a impulsé une transformation rapide de son pays mais il fait face au défi des inégalités sociales.

S'il a su maintenir la stabilité dans une région agitée, moderniser l'économie et piloter une diplomatie offensive, au prix d'une mise au pas des critiques, il n'est pas parvenu à venir à bout du fléau de la pauvreté.

Dans son dernier discours le 30 juillet, «M6» a appelé à «franchir de nouveaux seuils sur la voie du progrès et à échafauder des projets de plus grande envergure, dignes des Marocains».

Successeur d'Hassan II le 23 juillet 1999, le «monarque exécutif» a gardé la haute main sur les secteurs stratégiques: économie, affaires étrangères, défense et appareil sécuritaire.

«Alors que son père occupait fortement la scène politique, le style de Mohammed VI est différent. Il préfère guider le navire silencieusement tout en contrôlant les leviers du pouvoir», estime le politologue Mohamed Chiker.

On lui doit de grands travaux comme le port de Tanger Med, la centrale solaire Noor, la ligne de TGV Tanger-Casablanca, le développement d'industries automobile et aéronautique et aujourd'hui, l'hydrogène vert et le label «Made in Morocco».

Autre initiative du «soft power» marocain, sa décision d'associer son pays à l'Espagne et au Portugal pour organiser le Mondial-2030.

- «Lenteur des réformes» -

Au plan international, Mohammed VI a diversifié les partenariats jusque-là axés sur France et Europe, en optant pour une ouverture vers l'Afrique, depuis le retour du Maroc dans l'Union africaine en 2017.

Mais la priorité est le Sahara occidental, ex-colonie espagnole au statut non réglé, «le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international», proclame-t-il.

Depuis 1975, un conflit de basse intensité y oppose Rabat aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par l'Algérie.

Ne négligeant aucun moyen, le Maroc a obtenu le ralliement de l'Espagne à son «plan d'autonomie» sous sa seule souveraineté, pour régler le différend. Le Polisario réclame un référendum d'autodétermination sous l'égide de l'ONU.

Mieux, en décembre 2020, les Etats-Unis ont reconnu la «marocanité» du territoire disputé. Israël a suivi le mois dernier sur fond de resserrement des liens avec Rabat. Au grand dam de l'Algérie, rivale régionale.

Mais ces succès diplomatiques ne sauraient effacer le retard pris dans la réduction des disparités, un paradoxe pour «le roi des pauvres».

L'écart entre riches et pauvres, villes et campagnes, ne cesse de s'élargir.

Un rapport commandé en 2019 par le roi pour élaborer un «nouveau modèle de développement (NMD)» déplorait «l'aggravation des inégalités», «la lenteur des réformes» et une «résistance au changement».

«Les 10% de Marocains les plus aisés concentrent encore onze fois plus de richesses que les 10% les plus pauvres», selon ce rapport.

Analphabétisme, revenu national brut/habitant, le Maroc occupe le bas du classement de l'indice de développement humain (IDH) de l'ONU.

- «Extrêmement contrôlés» -

Selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), sous l'effet du Covid-19 et de l'inflation, le Maroc est retombé aux niveaux de pauvreté de 2014.

Ce qui n'empêche pas Mohammed VI, souverain secret qui incarne la continuité de la dynastie alaouite, de jouir d'un large consensus.

Sous sa houlette, la généralisation des allocations directes aux familles défavorisées, longuement attendue, devrait être parachevée en fin d'année.

En 2004, Mohammed VI avait imposé une autre réforme emblématique: l'adoption d'un code de la famille favorable au droit des femmes, sans toutefois répondre aux demandes des féministes.

En revanche, son régime, démocratique et autoritaire à la fois, est critiqué pour «les restrictions à la liberté d'expression» visant opposants, journalistes et internautes dissidents, certains emprisonnés.

Un tour de vis sécuritaire, assumé aussi au nom de la lutte antiterroriste après les attentats jihadistes de Casablanca (33 morts) en mai 2003, qui a stoppé la libéralisation entamée à la fin du règne de Hassan II.

Et si les réseaux sociaux ont libéré la parole, les médias, sous perfusion de l'Etat, restent étroitement sous contrôle, voire ont disparu comme leur pluralisme.

Quant aux partis politiques, ils sont affaiblis ou marginalisés.

Pour Pierre Vermeren, historien du Maghreb, «les Marocains demeurent extrêmement contrôlés. C'est le fruit de la succession des chocs extérieurs et des crises qui a été telle que l'expansion économique a buté sur un plafond de verre».

«Le rattrapage du niveau de vie sur l'Algérie et la Tunisie est un acquis, mais la transition démocratique demeure une promesse», constate-t-il.


Un pèlerin français traverse treize pays pour accomplir l’Omra

Dans une interview accordée à SPA peu après son arrivée à Médine mercredi, M. Boulabiar affirme qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres. (SPA)
Dans une interview accordée à SPA peu après son arrivée à Médine mercredi, M. Boulabiar affirme qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres. (SPA)
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  • M. Boulabiar explique qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres
  • «C’est un rêve d’enfant. Je rêvais de me rendre à La Mecque à pied, comme le Prophète», confie M. Boulabiar

MÉDINE: Le pèlerin français Mohammed Boulabiar a passé huit mois à parcourir treize pays pour accomplir l’Omra, a rapporté mercredi l’agence de presse saoudienne (SPA).

Dans une interview accordée à SPA peu après son arrivée à Médine mercredi, M. Boulabiar explique qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres.

Il est parti de Paris le 27 août 2023 et a traversé la Suisse, l’Italie, la Slovénie, la Croatie, la Bosnie, le Monténégro, l’Albanie, la Macédoine, la Grèce, la Turquie et la Jordanie avant d’arriver en Arabie saoudite.

Muni uniquement d’une carte et d’un sac contenant des provisions de première nécessité et une tente ne pesant que 25 kilos, M. Boulabiar raconte avoir passé la plupart de ses nuits dans des mosquées situées le long de la route ou chez des étrangers généreux qui l’ont accueilli dans leur maison.

Pour M. Boulabiar, l’aspect le plus difficile du voyage était la météo.

«Je suis parti en été et je suis arrivé au printemps, traversant l’automne et l’hiver, affrontant les tempêtes et le tonnerre. À un moment donné, une tempête de neige à la frontière grecque a retardé mon voyage d’une semaine», se souvient-il.

«C’est un rêve d’enfant. Je rêvais de me rendre à La Mecque à pied, comme le Prophète», confie M. Boulabiar.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier saoudien s’entretient avec des dirigeants arabes en marge du sommet de Manama

Le prince héritier d’Arabie saoudite s’entretient avec le Premier ministre koweïtien, cheikh Ahmed Abdallah al-Ahmed al-Sabah, à Manama, Bahreïn. (SPA)
Le prince héritier d’Arabie saoudite s’entretient avec le Premier ministre koweïtien, cheikh Ahmed Abdallah al-Ahmed al-Sabah, à Manama, Bahreïn. (SPA)
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  • Le prince héritier a exhorté la communauté internationale à assumer ses responsabilités en exigeant la cessation immédiate de l’agression israélienne
  • Il a souligné «l’importance de trouver une solution juste et globale à la question palestinienne»

RIYAD: Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a rencontré plusieurs dirigeants arabes en marge du Sommet de la Ligue arabe, qui se tient aujourd’hui à Manama.

Le prince héritier s’est entretenu avec le Premier ministre koweïtien, cheikh Ahmed Abdallah al-Ahmed al-Sabah, le roi Abdallah de Jordanie, le président syrien, Bachar al-Assad, et le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

Le sommet portait essentiellement sur la guerre entre Israël et le Hamas. Le prince héritier a déclaré dans son discours que le Royaume «insistait sur la nécessité d’une collaboration continue pour faire face à l’agression brutale contre la Palestine».

Il a exhorté la communauté internationale à assumer ses responsabilités en exigeant la cessation immédiate de l’agression israélienne et en garantissant l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza.

Le prince héritier a également souligné «l’importance de trouver une solution juste et globale à la question palestinienne sur la base des résolutions légitimes de l’ONU et de l’Initiative de paix arabe, garantissant ainsi le droit du peuple palestinien à établir un État indépendant selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Sommet de la Ligue arabe appelle à la présence de Casques bleus dans les territoires palestiniens

Le prince héritier saoudien et les dirigeants arabes se réunissent à Bahreïn pour une conférence sur la paix au Moyen-Orient
Le prince héritier saoudien et les dirigeants arabes se réunissent à Bahreïn pour une conférence sur la paix au Moyen-Orient
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  • Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a appelé à la création d’un État palestinien internationalement reconnu
  • C’est la première fois que les dirigeants arabes se réunissent depuis que Riyad a accueilli un sommet extraordinaire en novembre, au cours duquel le bloc a condamné les actions «barbares» d’Israël à Gaza

MANAMA: La Ligue arabe a demandé jeudi la mise en place d’une force de maintien de la paix de l’ONU dans les territoires palestiniens lors d'un sommet dominé par la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.

La «déclaration de Manama» publiée par les vingt-deux membres du bloc appelle à «la protection internationale et la présence d’une force de maintien de la paix de l’ONU dans les territoires palestiniens occupés» jusqu’à ce qu’une solution à deux États soit mise en œuvre.

La déclaration appelle également «toutes les factions palestiniennes à s’unir sous l’égide de l’Organisation de libération de la Palestine [OLP]», dominée par le mouvement Fatah, au pouvoir. Elle ajoute qu’elle considère l’OLP comme «le seul représentant légitime du peuple palestinien».

Le communiqué final «condamne fermement les attaques contre les navires commerciaux», affirmant qu’elles «menacent la liberté de navigation, le commerce international et les intérêts des pays et des peuples du monde». Il réaffirme l’engagement de la Ligue arabe à «garantir la liberté de navigation en mer Rouge» et dans les régions avoisinantes.

Le roi de Bahreïn, Hamed ben Issa al-Khalifa, a ouvert le sommet en appelant à la tenue d’une conférence internationale pour la paix au Moyen-Orient.

Le roi, hôte du sommet, a réaffirmé le soutien de son pays à la pleine reconnaissance d’un État palestinien et à l’acceptation de son adhésion à l’ONU.

Selon lui, la création d’un État palestinien aura un effet positif sur la région.

La semaine dernière, l’Assemblée générale de l’ONU a soutenu à une écrasante majorité la demande palestinienne de devenir membre à part entière de l’organisation et a appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à réexaminer cette demande.

Le vote de l’Assemblée générale, qui compte 193 membres, constitue un sondage mondial sur le soutien apporté à la demande palestinienne de devenir membre à part entière de l’ONU, ce qui reviendrait à reconnaître un État palestinien. Ce vote intervient un mois après que les États-Unis ont mis leur veto à cette demande au Conseil de sécurité.

«La situation à laquelle les Palestiniens sont confrontés exige une position internationale unifiée», a confié le roi de Bahreïn.

Lors de son discours d’ouverture du sommet, le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a appelé à la création d’un État palestinien internationalement reconnu.

Le prince faisait partie des délégués arabes arrivés à Manama jeudi pour assister au Sommet de la Ligue arabe.

Dans son allocution, le prince a évoqué les efforts déployés par le Royaume pour atténuer la crise humanitaire à Gaza, réaffirmant le soutien de l’Arabie saoudite aux problèmes auxquels se trouve confronté le monde arabe.

Il a exhorté la communauté internationale à soutenir les efforts de cessez-le-feu et à mettre un terme à l’agression contre les civils palestiniens.

C’est la première fois que les dirigeants arabes se réunissent depuis que Riyad a accueilli un sommet extraordinaire en novembre, au cours duquel le bloc a condamné les actions «barbares» d’Israël à Gaza.

Les participants à ce sommet d’une journée devaient discuter des événements survenus à Gaza, proposer un cessez-le-feu et plaider en faveur de la création d’un État palestinien.

«Le Royaume appelle à la résolution des conflits par des moyens pacifiques», a lancé le prince.

Le président palestinien critique le Hamas

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a critiqué le Hamas pour avoir donné à Israël le «prétexte d’attaquer» Gaza avec l’attentat du 7 octobre.

«Le refus du Hamas de mettre fin à la division sert les intérêts d’Israël, qui ne veut pas d’une solution à deux États», a-t-il fait remarquer, rappelant les tensions de longue date entre l’Autorité palestinienne et le groupe militant qui gouverne la bande de Gaza.

Il a indiqué que le gouvernement palestinien n’avait pas reçu le soutien financier qu’il attendait de la part des partenaires internationaux et régionaux, notant qu’Israël retenait toujours les fonds et créait une situation désastreuse.

Le dirigeant palestinien a appelé les pays arabes à fournir une aide financière et les États-Unis à exercer une pression sur Israël pour qu’il débloque les fonds.

«Il est désormais essentiel d’activer le filet de sécurité arabe, de renforcer la résilience de notre peuple et de permettre au gouvernement de s’acquitter de ses fonctions», a ajouté M. Abbas.

Ce dernier a également exhorté la communauté internationale à commencer immédiatement à mettre en œuvre la solution à deux États et a réitéré son «rejet total» du déplacement des Palestiniens, qui célèbrent aujourd’hui le 76e anniversaire de la Nakba de 1948.

L’émir du Qatar, Tamim ben Hamad al-Thani, le vice-président et Premier ministre des Émirats arabes unis, Mohammed ben Rachid, le Premier ministre du Koweït, cheikh Ahmed Abdallah al-Ahmed al-Sabah, et le président syrien, Bachar al-Assad, figuraient parmi les participants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com