WASHINGTON: Le ministre américain de la Justice a annoncé vendredi nommer un procureur spécial pour continuer l'enquête sur le fils du président Joe Biden, Hunter, visé avec insistance par les républicains qui ont toutefois aussitôt crié à la poudre aux yeux.
Le ministre, Merrick Garland, n'a donné lors de sa brève allocution aucun détail sur la direction qu'allait prendre l'investigation du nouveau procureur spécial. L'annonce, retentissante et inattendue, intervient alors que Joe Biden est en campagne pour un deuxième mandat.
La Maison Blanche n'a pas réagi à la nouvelle.
David Weiss, procureur fédéral dans le Delaware, enquêtait depuis plusieurs années déjà sur Hunter Biden. Le fils du président, âgé de 53 ans, est accusé d'avoir fraudé le fisc et d'avoir acquis une arme à feu alors qu'il était toxicomane.
Avec son nouveau titre, M. Weiss disposera de pouvoirs plus larges. Il avait été nommé dans le Delaware par l'ex-président Donald Trump, qui a perdu la présidentielle de 2020 face à Joe Biden et ambitionne de faire son grand retour à la Maison Blanche.
Selon Merrick Garland, David Weiss a fait savoir ce mardi qu'à ce stade de son enquête, il estimait devoir être nommé procureur spécial.
"Après avoir examiné sa requête, ainsi que les circonstances extraordinaires entourant ce sujet, j'ai conclu qu'il était dans l'intérêt général de le nommer procureur spécial", a indiqué le ministre.
"Cette nomination confirme mon engagement à fournir à M. Weiss toutes les ressources qu'il requiert. Elle réaffirme également que M. Weiss a l'autorité dont il a besoin pour mener une enquête approfondie et continuer de manière indépendante à avancer de la manière qu'il juge adéquate, sur la base seule des faits et de la loi", a-t-il encore dit.
En tant que procureur spécial, il ne sera "pas soumis à une supervision quotidienne" du ministère, d'après M. Garland.
Affaires douteuses
Le fils du président démocrate était parvenu en juin à un accord initial avec David Weiss dans le Delaware, qui lui aurait probablement permis d'éviter la prison et un procès gênant.
Mais le mois dernier, une juge a émis des doutes sur la validité de l'arrangement. Et vendredi, les procureurs - sous la houlette de M. Weiss - ont confirmé qu'il n'était plus à l'ordre du jour.
Hunter Biden est aussi pris pour cible depuis des années par le prédécesseur de son père, Donald Trump, et de nombreux autres républicains, qui l'accusent de corruption.
Les parlementaires conservateurs lui reprochent notamment d'avoir fait des affaires douteuses en Ukraine et en Chine alors que Joe Biden était vice-président de Barack Obama (2009-2017), en capitalisant sur les réseaux et le nom de son père.
Un ex-associé de Hunter Biden a récemment dit au Congrès que ce dernier avait fait en sorte que son père parle plusieurs fois au téléphone avec des partenaires étrangers, mais sans que Joe Biden ne s'implique dans ses affaires.
La nomination de David Weiss n'a pas fait taire les détracteurs de Hunter Biden.
"On ne peut pas faire confiance à David Weiss et c'est juste un nouveau moyen d'étouffer la corruption de la famille Biden", a ainsi dit à l'AFP Russell Dye, porte-parole du président républicain de la commission des affaires judiciaires Jim Jordan.
Un porte-parole de Donald Trump a de son côté accusé le ministère de la Justice de protéger la famille Biden "depuis des décennies".
"Si ce procureur spécial est réellement indépendant (...), il conclura vite que Joe Biden, son fils à problèmes Hunter et leurs complices (...) devraient répondre de leurs actes", a-t-il ajouté.
Quant à Kevin McCarthy, président républicain de la Chambre des représentants, il l'a promis: "les républicains de la Chambre vont continuer à enquêter sur les faits au nom du peuple américain".