PARIS : La situation des nappes phréatiques reste préoccupante en France avec plus des deux tiers sous les normales de saison, les pluies estivales ne permettant pas de les recharger efficacement, selon les derniers chiffres dévoilés jeudi soir par le gouvernement.
Le pays comptait «72% de nappes qui sont en-dessous des normales de saison» au 1er août, contre 68% un mois auparavant, a indiqué le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. 20% des nappes sont mêmes jugées «très basses» contre 19% il y a un mois.
«On est sur des données qui sont comparables à l’année dernière à la même époque» mais la situation est «très contrastée» selon les régions, a expliqué le ministre à quelques journalistes.
«On a à la fois une situation qui est meilleure dans le grand ouest de manière générale, en particulier en Bretagne, une partie de l’Aquitaine, mais on a à l’inverse une situation qui est plus inquiétante avec des niveaux historiquement bas du côté par exemple de la vallée du Rhône et de la Saône», a détaillé Christophe Béchu.
Les pluies estivales n'auront donc pas permis de corriger une situation difficile car elles pénètrent peu en profondeur et ne permettent ainsi pas de recharger des nappes phréatiques en souffrance depuis l'an dernier.
Ces pluies «abreuvent la végétation» mais «on a surtout besoin de pluie pendant l’automne et l'hiver pour recharger de manière correcte les nappes phréatiques», a rappelé Christophe Béchu.
«Nous n’anticipons absolument aucune amélioration de la situation des nappes phréatiques avant la fin du mois d’août», a-t-il ainsi prévenu.
- Pénuries dans 85 communes -
Au-delà, la situation future dépendra des pluies de l'automne. Dans ses tendances à trois mois pour août-octobre, Météo-France évoque pour sa part un «scénario le plus probable» qui «présente des températures plus chaudes que la normale sur l’ensemble du territoire et des conditions plus humides que la normale des Pyrénées aux départements méditerranéens».
Conséquence de la sécheresse estivale, 85 communes connaissent actuellement des pénuries d’eau, (67 étant alimentées par camion-citerne et 18 par des bouteilles d'eau), soit une dizaine de plus qu'il y a une semaine, a précisé M. Béchu. A la fin de l'été dernier, un millier de communes s'étaient retrouvées en difficulté dont près de 750 alimentées par citerne ou bouteilles d'eau.
Les tensions actuelles concernent les départements des Alpes-Maritimes, Dordogne, Doubs, Hérault, Pyrénées-Orientales, Var et Vosges.
Christophe Béchu estime que des améliorations ont été apportées depuis l'été dernier, avec de nombreux chantier pour connecter des communes isolées à des réseaux d'eau de secours et des remontées désormais «en temps réel» des problèmes des communes. Les appels à la sobriété ont «porté leur fruit», se félicite-t-il également.
Reste que la sécheresse touche une grande partie du pays puisque 32 départements sont en «crise» sur tout ou partie de leur territoire et 20 en «alerte renforcée», ce qui se traduit par des restrictions plus ou moins importantes des usages comme l'arrosage des pelouses ou le lavage des voitures.
Le 30 mars, le président Emmanuel Macron avait dévoilé un «plan eau» comprenant 53 mesures destinées à préparer la France à une nouvelle sécheresse cet été, et à plus long terme à s'adapter à une ressource en eau plus rare du fait du réchauffement climatique.