BEYROUTH: Les employés de la chaîne de télévision publique libanaise Télé Liban ont entamé jeudi une grève illimitée dans le cadre d'un conflit portant sur les salaires et les aides sociales non versées.
L’activité a stoppé dans les départements information et programmation. Les techniciens continuent cependant de diffuser de la musique enregistrée «pour maintenir cette station sur la carte des médias libanais», a révélé un employé.
Mirna Chidiac, responsable du syndicat des employés de Télé Liban, a déclaré à Arab News que la grève faisait suite à une longue série d'examens et de «tentatives infructueuses de recevoir nos arriérés» de paiement.
Les employés reçoivent encore des salaires basés sur un taux de change de 1 500 livres libanaises pour un dollar, fixé avant l'effondrement de la monnaie en 2019, a-t-elle précisé.
«Télé Liban compte 200 employés et certains doivent emprunter de l'argent pour se rendre au siège de la chaîne à Beyrouth afin de continuer à travailler», a-t-elle indiqué.
«Tous les employés du secteur public ont reçu des arriérés approuvés par le gouvernement pour les aider, alors que les employés de Télé Liban reçoivent toujours 1,5 million de livres libanaises, ce qui équivaut à 16 dollars aujourd'hui. Ce salaire représentait 1 000 dollars (1 dollar = 0,90 euro) avant la crise économique», a-t-elle expliqué.
«Le salaire d'un employé qui était de 5 millions de livres libanaises, soit 3 500 dollars à l’époque, ne s’élève même pas à 55 dollars aujourd'hui.»
Ce mercredi, l'administration de la chaîne a été informée par le ministère des Finances qu’il «œuvre activement afin de transférer les fonds dus», mais que cela «pourrait prendre des jours».
Droits négligés
Le paiement nécessite une décision du ministre des Finances pour transférer des crédits de la réserve du budget général d'une valeur de 17 milliards de livres libanaises pour couvrir les arriérés des employés de novembre 2021 jusqu'à la fin de mai 2023.
«Cela fait deux ans que notre problème dure, c’est comme s'il y avait une intention de négliger Télé Liban», a signalé Chidiac.
«Les transactions vont et viennent vers le ministère des Finances. Pourquoi sont-elles entravées et au profit de qui ?»
Ziad Makari, le ministre intérimaire de l'Information, a refusé de démentir les allégations selon lesquelles le gouvernement négligeait les droits des employés de Télé Liban.
«J'ai insisté pour que les noms des employés de Télé Liban soient inclus dans la liste des employés du secteur public, afin qu'ils bénéficient de l'aide sociale et d'autres augmentations de salaire, et j'ai obtenu une décision du gouvernement à ce sujet, mais les transactions sont lentes en raison du manque d'employés qui se rendent à leur travail dans les institutions de l'État», a-t-il déclaré.
Les employés ont fait grève pour la dernière fois il y a un an, laissant toute la production suspendue, à l'exception de la couverture des trois sièges officiels et du journal télévisé du soir.
Toutefois, les promesses faites à l'époque n'ont toujours pas été tenues.
Certains employés estiment qu'il y a une volonté de marginaliser la station en vue de sa fermeture.
Des personnalités de Télé Liban, comme le chef Antoine, et d'autres figures médiatiques ont protesté publiquement contre leurs salaires et les craintes de fermeture de la station.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com