PARIS : Un congé parental plus court mais mieux rémunéré? La nouvelle ministre des Solidarités Aurore Bergé veut réformer le congé parental, dont le nombre de bénéficiaires a diminué de moitié ces dernières années.
"Pourquoi ne pas réfléchir ensemble à un congé parental plus court mais mieux indemnisé pour laisser un vrai choix aux familles?", s'interrogeait la ministre fin juillet.
"Trop de femmes prennent un congé parental long parce qu’elles n’ont pas de solution pour faire garder leur enfant" et "trop de mères et de pères renoncent au congé parental parce qu’il est trop faiblement indemnisé", a-t-elle ajouté.
Créé en 1977 et réformé à plusieurs reprises depuis, le congé parental permet aux parents de suspendre leur activité professionnelle jusqu'aux trois ans de l'enfant. Le parent qui arrête de travailler reçoit une indemnité de 429 euros par mois.
Valérie, 43 ans, mère de trois enfants à Paris, a pris en tout cinq ans de congé parental. "Je n’avais pas de place en crèche et mon travail de consultante en ressources humaines m’obligeait à de longues heures et des déplacements. Mon salaire serait passé dans les gardes d’enfant. Je n’aurais pas eu un troisième enfant sans l'existence du congé parental", explique-t-elle.
"J'ai pu allaiter dix mois sans être trop fatiguée par les réveils nocturnes et être là aux moments clés de mon bébé". Elle a profité de ce congé pour se former et devenir psychologue en libéral.
Laurence, 54 ans, qualifie le congé parental de deux ans qu'elle a pris pour son quatrième enfant de "parenthèse enchantée" dans une carrière qui l'a conduite à devenir directrice marketing à Paris.
"Quand je reprenais le travail, mon bébé faisait enfin ses nuits, donc j'étais en forme, j'avais envie de retrouver le boulot", explique cette Parisienne qui a allongé son congé maternité à chaque naissance.
Les parents «bricolent»
Augmenter la rémunération de ce congé permettrait à plus d'hommes et femmes d'y recourir sans trop réduire leur niveau de vie. En Allemagne, Autriche, dans les pays scandinaves et de nombreux pays de l'Est, il est rémunéré à au moins 66% du salaire.
Ce congé avait été réformé sous la présidence Hollande en 2014: l'indemnité a diminué et la durée a été réduite à deux ans s'il n'est pris que par un seul parent. La troisième année ne pouvait être prise que par l'autre parent. L'objectif était que 25% des pères le prennent.
Or le taux de recours des pères n’a presque pas augmenté avec cette réforme: moins de 1% des pères le prennent, selon une étude de l'OFCE de 2021.
Et le nombre de parents y recourant a chuté de quelque 500 000 en 2013 à 246 000 en 2020, selon les chiffres du gouvernement.
"On a deux fois moins de bénéficiaires du congé parental en 10 ans, donc c'est un échec, c'est un échec de politique familiale menée à l'époque par la gauche", a déclaré Aurore Bergé, qui veut rouvrir le chantier avec les associations familiales et les professionnels de la petite enfance.
L’Union nationale des associations familiales (Unaf) recommande un congé parental "bien indemnisé", à 75% du revenu professionnel comme en Suède, pouvant aller jusqu’au un an de l’enfant.
Après, ils doivent pouvoir trouver un mode de garde ou bien pouvoir prendre un congé parental indemnisé "jusqu’à l’entrée en maternelle", recommande l'Unaf.
"La plupart des jeunes parents éprouvent le besoin de lever le pied professionnellement au cours de la première année de vie de leur enfant". Ils "+bricolent+ des solutions: arrêts maladie, ruptures de contrat de travail, allocations chômage...", relève-t-elle.