BEYROUTH: Le mandat du gouverneur contesté de la Banque du Liban, Riad Salamé, poursuivi en Europe et au Liban pour détournement de fonds, expire lundi sans qu'un successeur ne lui soit trouvé, dans un pays en plein effondrement économique.
En poste depuis 30 ans, Riad Salamé fait l'objet d'enquêtes en Europe et au Liban car il est suspecté de détournement massif de fonds publics libanais et de s'être constitué un riche patrimoine immobilier et bancaire.
Les responsables libanais ne sont pas parvenus à s'entendre sur un successeur à M. Salamé, leurs divergences paralysant toutes les décisions politiques dans ce pays.
Le Liban est sans président depuis neuf mois et dirigé par un gouvernement démissionnaire chargé d'expédier les affaires courantes.
Le vice-Premier gouverneur Wassim Mansouri --un musulman chiite-- devrait remplacer Riad Salamé à titre intérimaire. Mais il a menacé de démissionner de ses fonctions, disant ne pas vouloir porter la responsabilité de la situation économique désastreuse dans le pays.
Il doit tenir une conférence de presse lundi pour annoncer sa décision finale.
Le poste de gouverneur est réservé à la communauté chrétienne maronite en vertu du partage confessionnel du pouvoir.
Riad Salamé, 73 ans, détient l'un des records de longévité à la tête d'une banque centrale: grand argentier du pays depuis 1993, il a été l'architecte d'une politique financière ayant permis au Liban de rebondir après 15 années de guerre (1975-1990).
Mais depuis fin 2019, il est devenu la bête noire du soulèvement dirigé contre la classe politique, qui l'accuse d'avoir ruiné le pays.
M. Salamé est dans le collimateur de la justice libanaise et européenne, et des enquêtes sur sa fortune en Europe sont en cours.
L'ancien banquier d'affaires franco-libanais fait ainsi l'objet de deux mandats d'arrêt émis par la France et l'Allemagne, mais le Liban refuse d'extrader ses ressortissants.
La justice française a également effectué 12 saisies sur son patrimoine immobilier et bancaire, d'une valeur totale de dizaines de millions d'euros.
En 2022, la France, l'Allemagne et le Luxembourg ont aussi gelé 120 millions d'euros d'avoirs soupçonnés d'appartenir de lui appartenir.
Une source diplomatique européenne a indiqué à l'AFP que son procès pourrait s'ouvrir bientôt à Paris.