CAPRI: À l’intérieur des murs grandioses issus de l’époque de la Renaissance du monastère de Certosa di San Giacomo, datant du XIVe siècle, les œuvres de l’architecte et designer égyptien Tarek Shamma ont retrouvé une nouvelle vie et un nouveau sens.
M. Shamma – dont le travail comprend des plans de bateaux de luxe, de boutiques pour Christian Louboutin et de structures résidentielles – est l’un des trois designers sélectionnés dans le cadre de l’exposition «Artists in Flux, de Gucci à Capri». Il a présenté à cette occasion ses tables Mina Mina.
Ces objets uniques entièrement fabriqués à la main par le designer au Caire ont une qualité tactile particulière qui découle du mélange de matériaux, notamment des piliers en pierre de travertin, de la majolique (faïence), de l’albâtre et du rotin.
Tarek Shamma, qui réside entre Le Caire et Londres et qui a travaillé aux côtés des architectes Zaha Hadid et David Chipperfield, exprime son désir de créer des objets qui «se concentrent sur les traditions, la culture et l’Histoire égyptiennes locales comme moyen de préserver leur mémoire et leur savoir-faire».
Les tables trouvent leur inspiration dans la culture et le riche symbolisme de l'Égypte antique, faisant notamment référence au roi Ménès, le légendaire souverain égyptien qui a uni les parties supérieure et inférieure du pays en un seul Royaume. Les tabourets, quant à eux, sont à la fois audacieux et gracieux, et ils incarnent la beauté des matériaux toujours utilisés dans la patrie de M. Shamma.
Ces créations abritent de profondes références sentimentales et elles servent aussi de dédicace à la famille de Tarek Shamma, dont elles tirent leur nom: Mina, son grand-père originaire d’Al-Minya, en Égypte, pour son énergie protectrice ancestrale; et sa sœur Yasmine, pour sa force, sa grâce et sa féminité. Le surnom de Yasmine est «Mina Mina».
«Je suis fier de mon héritage égyptien. Il est varié, vaste et si riche. À travers mon travail, je veux garder sa mémoire et sa tradition vivantes», a récemment déclaré M. Shamma à Arab News. L’une des façons d’y parvenir est de soutenir les artisans égyptiens, ce qu’il fait à travers son travail et l’accent mis sur l’utilisation de matériaux naturels et locaux.
Ailleurs, durant la foire Nomad à Capri, la galerie vénitienne Lo Studio Everything I Want, fondée en mai dernier par Nadja Romain, a présenté Capriccio Egiziano de M. Shamma, une œuvre peinte à la main qui relate un récit fictif de l’écrivaine égyptienne Yasmine el-Rashidi, inspiré de l’Histoire de la nation africaine.
Au moyen de représentations abstraites et figuratives expressives, l’œuvre présente des yeux créés à l’image des interprétations des yeux de Cléopâtre par l’artiste Lola Montes Schnabel, la fille de Julian Schnabel.
L’œuvre de M. Shamma est mystique et provient d’un autre monde. Elle naît d’un désir d’établir des liens entre le passé et le présent, en hommage aux personnages historiques dont l’empreinte est toujours présente dans le monde d’aujourd'hui.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com