Il est très rare qu’un diplomate en activité soit jugé. Le crime allégué doit être extrêmement grave pour qu'un gouvernement puisse traduire en justice un diplomate d'un autre pays. Mais c'est exactement ce qui se passe avec l'Iranien Assadollah Assadi en Belgique. C’est la première fois dans l'histoire de l'Iran qu'un de ses diplomates en activité est jugé sur le sol étranger.
Le procès suscite un embarras complet pour le régime iranien. Assadi est jugé parce que le régime aurait tenté d'orchestrer une opération terroriste en Europe en 2018. Des responsables français ont déjoué un attentat à la bombe planifié à Paris contre une grande convention, «Iran libre», organisée par l'Organisation des moudjahidines du peuple d'Iran (OMPI), en présence de dizaines de milliers de personnes dont de nombreux orateurs de haut niveau, tels que l'ancien président de la Chambre des représentants des États-Unis Newt Gingrich, l'ancien maire de New York Rudy Giuliani et l'ancien ministre canadien des Affaires étrangères John Baird.
Si le complot à la bombe n’avait pas été détecté ni déjoué, il aurait probablement constitué le plus grand acte terroriste jamais parrainé par un gouvernement étranger. Assadi est accusé d'avoir livré personnellement des explosifs et un détonateur à deux agents. Au moment du complot, il était au service de l’ambassade d’Iran à Vienne et était également officier supérieur du ministère iranien du Renseignement et de la Sécurité. S'il est reconnu coupable, les procureurs ont demandé au tribunal de condamner Assadi à la peine maximale de vingt ans de prison.
L'establishment théocratique a utilisé diverses tactiques pour échapper à cette épreuve embarrassante. Dans un premier temps, il a exigé la libération immédiate d'Assadi en invoquant l'immunité diplomatique. Mais un tribunal allemand a déclaré qu'Assadi ne jouissait pas de l'immunité diplomatique en Allemagne, où il avait été arrêté. Ensuite, le diplomate iranien a refusé de coopérer avec les autorités européennes et il a également exprimé une menace selon laquelle, s’il était condamné, les mandataires de l’Iran se vengeraient.
«Lors de sa détention préventive, Assadollah Assadi a refusé de collaborer avec la justice belge, mais il a formulé des menaces de représailles. Le 9 mars 2019, il a informé le directeur de la prison de Beveren qu'il souhaitait rencontrer un enquêteur. Il lui a dit que s’il était condamné, des «groupes armés» étaient prêts à agir contre des policiers, des témoins ou des partisans de l’OMPI», selon le journal Le Monde. Assadi ne s'est pas non plus présenté au premier jour de son procès, apparemment sur ordre du ministre iranien des Affaires étrangères, Djavad Zarif.
Il est peu probable qu'Assadi prépare une attaque terroriste d'une telle ampleur à l'insu des hauts dirigeants du régime iranien, y compris son patron, le ministre des Renseignements Mahmoud Alavi, ainsi que Zarif et le Conseil suprême de sécurité nationale, qui relève directement du président Hassan Rohani, et le guide suprême Ali Khamenei. Cela signifie que tout membre de la direction iranienne qui était au courant de l’attentat à la bombe doit également être tenu responsable. Les États-Unis ont déjà imposé des sanctions à Zarif, le qualifiant de ministre de la propagande permettant la mise en œuvre de l’agenda de Khamenei.
La communauté internationale doit également être consciente du fait que l'on pense que le régime iranien utilise ses ambassades et consulats dans les pays étrangers comme des cellules pour promouvoir l'extrémisme et soutenir les milices et les mandataires. Par exemple, un ambassadeur iranien et quatorze autres diplomates ont été expulsés du Koweït en 2017 en raison de leurs liens avec une cellule d'espionnage et de terrorisme. Les missions culturelles et militaires de l’Iran ont également reçu l’ordre de s’interrompre. Cela met en évidence le fait que Téhéran ne respecte pas les normes internationales de diplomatie. Au lieu de cela, il exploite la confiance d'autres gouvernements pour faire progresser ses ambitions révolutionnaires et hégémoniques.
Le régime exploite la confiance des autres gouvernements pour faire avancer ses ambitions révolutionnaires et hégémoniques.
Dr Majid Rafizadeh
L'Iran peut confier à ses agents de renseignement divers rôles diplomatiques afin de leur permettre de voyager librement à travers le monde occidental. En raison de sa position diplomatique, Assadi aurait été capable de transporter les explosifs sur un vol commercial de Téhéran à Vienne sans se faire prendre. Il convient de noter que les diplomates iraniens sont des catalyseurs clés du programme fondamentaliste de Khamenei à l’étranger. L'Occident ne doit pas leur donner un laissez-passer gratuit simplement parce qu'ils sont des «diplomates», des fonctionnaires ou des employés du gouvernement iranien.
Le régime iranien a également été accusé d'avoir assassiné des dissidents sur le sol européen. Ahmad Mola Nissi, citoyen néerlandais d'origine iranienne et critique du régime, a été fusillé devant sa porte au mois de novembre 2017. Les autorités néerlandaises ont arrêté puis relâché deux membres du personnel de l'ambassade iranienne à la suite de cet assassinat. L’agence de renseignement du pays a également reconnu publiquement qu’elle disposait «de fortes indications» selon lesquelles le gouvernement iranien aurait commandé le meurtre de deux autres opposants politiques sur le sol néerlandais.
Si le régime iranien ne met pas fin à ses activités terroristes par l'intermédiaire de ses proxies et de ses prétendus diplomates, les gouvernements doivent prendre les mesures appropriées en rompant les relations diplomatiques avec Téhéran.
Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain diplômé de Harvard. Twitter : @Dr_Rafizadeh.
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Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com