Cambodge : le parti de Hun Sen revendique un «raz-de-marée» dans des élections sans opposition

Le fils du président Hun Manet, ci-dessus, devrait assurer une transition prudente vers le pouvoir après que son père, l'ancien guérillero khmer rouge Hun Sen, ait renoncé à son poste de premier ministre. (AP)
Le fils du président Hun Manet, ci-dessus, devrait assurer une transition prudente vers le pouvoir après que son père, l'ancien guérillero khmer rouge Hun Sen, ait renoncé à son poste de premier ministre. (AP)
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Publié le Dimanche 23 juillet 2023

Cambodge : le parti de Hun Sen revendique un «raz-de-marée» dans des élections sans opposition

  • Les électeurs se sont déplacés en masse avec une participation d'au moins 84%, selon un chiffre non définitif
  • En l'absence de toute opposition crédible après l'exclusion du principal mouvement hostile à Hun Sen, le PPC pourrait, comme en 2018, rafler l'ensemble des 125 sièges du Parlement

PHNOM PENH: Le parti du Premier ministre Hun Sen a revendiqué dimanche une victoire par "raz-de-marée" après des législatives sans suspense au Cambodge, à l'issue desquelles Hun Sen, qui dirige le pays d'une main de fer depuis 38 ans, devrait passer la main à son fils aîné.

"Nous gagnons avec un raz-de-marée" a déclaré à l'AFP Sok Eysan, le porte-parole du Parti du peuple cambodgien (PPC), dans l'attente des premiers résultats officiels.

Les électeurs se sont déplacés en masse avec une participation d'au moins 84%, selon un chiffre non définitif.

En l'absence de toute opposition crédible après l'exclusion du principal mouvement hostile à Hun Sen, le PPC pourrait, comme en 2018, rafler l'ensemble des 125 sièges du Parlement.

Il avait alors signé ce succès après la dissolution par un tribunal du principal parti d'opposition.

Cette fois-ci, c'est le Parti de la bougie, seul rival crédible du Premier ministre, qui a été exclu pour ne pas s'être enregistré correctement auprès de la commission électorale, selon celle-ci.

La participation élevée démontre que le soutien à l'opposition s'est effondré, a réagi le Premier ministre sur la messagerie Telegram. "Le peuple cambodgien ne laissera pas les groupes de tricheurs détruire le pays", a-t-il affirmé.

Opposition muselée

Plus de 9,7 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour ces septièmes élections nationales depuis les accords de paix de Paris en 1991, qui ont marqué la fin de l'ère des Khmers rouges.

A 70 ans, Hun Sen, l'un des leaders mondiaux depuis le plus longtemps au pouvoir, s'apprête à passer le relais à son fils aîné Hun Manet, 45 ans, général quatre étoiles formé aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.

Le scrutin a suscité les critiques d'une coalition de 17 ONG internationales, dont la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), qui se sont inquiétées samedi d'un "manque notable de transparence et d'équité".

"Nous avons exercé (...) notre devoir et notre droit de citoyen à voter pour choisir le parti que nous aimons pour diriger le pays", a déclaré Hun Manet aux journalistes après avoir voté dans un bureau de Phnom Penh, où il se présente.

Pour ses détracteurs, Hun Sen a fait reculer les libertés fondamentales et utilisé le système judiciaire pour museler ses adversaires, jetés par dizaines en prison depuis son arrivée au pouvoir.

Imposer son fils, "c'est un coup de poignard dans le dos du peuple cambodgien", estime Phil Robertson, de l'ONG Human Rights Watch.

Ses frasques "font ressembler le Cambodge à la Corée du Nord plutôt qu'à une véritable démocratie", constate-t-il.

Imposer son fils

Membre du puissant comité permanent, Hun Manet était pour la première fois candidat sur une liste du PPC à Phnom Penh, première étape nécessaire pour devenir Premier ministre.

Interrogé par l'AFP sur ce qu'il ferait une fois au pouvoir, Hun Manet a répondu qu'il "n'avait rien à déclarer là-dessus". "Il est né avec une cuillère en argent dans la bouche", analyse le politologue Ou Virak. "Remplacer son père sera un défi majeur".

"Je vote sans enthousiasme, il n'y a plus de partis d'opposition", a déclaré à l'AFP Oum Sokum, 51 ans, dans un bureau de vote poussiéreux de Phnom Penh, sous forte présence policière.

D'autres électeurs ont déclaré voter pour la stabilité, dans un royaume encore profondément marqué par les années de guerre et le génocide.

"Je veux voter pour la personne qui peut aider le pays à se développer. Je veux vivre en paix et en harmonie", a déclaré Chea Phearak, 36 ans.

À l'approche des élections, la liberté d'expression avait été largement étouffée avec la fermeture d'un des derniers médias indépendants, la lourde condamnation du principal opposant pour trahison et la modification de la loi électorale pour exclure de facto les opposants en exil des élections futures.

Parmi eux, l'ennemi juré de Hun Sen, Sam Rainsy, qui vit en exil en France depuis 2015 pour éviter la prison en raison de condamnations motivées, selon lui, par des considérations politiques.

"La surprise du jour sera le nombre et le pourcentage de bulletins rayés ou nuls" déposés par ses partisans en signe de protestation, a-t-il déclaré à l'AFP.


Afghanistan: rare visite du chef suprême taliban à Kaboul

Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
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  • Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement
  • Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables

KABOUL: Le chef suprême des talibans, l'émir Hibatullah Akhundzada, qui vit reclus dans son fief de Kandahar (sud), a fait une rare visite à Kaboul pour s'adresser à tous les gouverneurs des provinces afghanes, a-t-on appris vendredi de source talibane.

Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables, dont les gouverneurs des 34 provinces.

Cette visite entourée du plus grand secret de l'émir, dont une seule photo a jamais été rendue publique, lui a permis d'insister auprès des gouverneurs sur la priorité "à accorder à la religion sur les affaires du monde" et "à promouvoir la foi et la prière parmi la population".

L'émir a déclaré que l'obéissance était "une obligation divine", toujours selon Al Emarah, et appelé à "l'unité et à l'harmonie".

"Le rôle de l'émirat est d'unir le peuple", a insisté Hibatullah Akhundzada, et celui des gouverneurs "de servir le peuple".

Les gouverneurs ont été ainsi encouragés à "accorder la priorité à la loi islamique plutôt qu'à leurs intérêts personnels", et à lutter contre "le favoritisme" ou "le népotisme".

"La motivation de cette visite" de l'émir à Kaboul "semble être de rappeler la discipline, notamment la discipline financière", décrypte une source diplomatique occidentale. "Il est ici question de renforcer la discipline et l'unité".

Cette visite pourrait également être motivée par "une préoccupation au sujet des troubles du Badakhshan et de la manière dont ils sont gérés". Dans cette province du nord-est, plusieurs paysans cultivant du pavot malgré son interdiction ont été tués par des unités antinarcotiques talibanes au début du mois.

Les autorités afghanes ont par ailleurs réprimé des manifestations de nomades sédentarisés kouchis dans la province du Nangarhar (est) et sont confrontées à des attentats meurtriers réguliers du groupe jihadiste Etat islamique, particulièrement à Kaboul.

Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement. Si les décrets du leader suprême font autorité, les analystes font toutefois état de voix discordantes s'élevant du clan des responsables afghans plus "pragmatiques".

"A chaque fois qu'il y a des craquements ou des désaccords, Kandahar intervient et rappelle à chacun la nécessité de renforcer l'unité", conclut la source diplomatique.

L'émir n'était venu qu'une fois auparavant à Kaboul depuis le retour des talibans au pouvoir et ne s'exprime très rarement depuis son accession à la fonction suprême en 2016.

Le mystérieux mollah avait prononcé son dernier discours public le 10 avril dans une mosquée de Kandahar lors de la prière de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, mais aucune photo de lui n'avait circulé.

 

 


Sánchez annoncera mercredi la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien

Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
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  • M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai
  • Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a indiqué vendredi qu'il annoncerait mercredi prochain la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien, affirmant que celle-ci n'aurait donc pas lieu le 21 mai, mais "les jours suivants".

"Nous sommes en train de nous coordonner avec d'autres pays pour pouvoir faire une déclaration et une reconnaissance communes", a déclaré M. Sánchez, lors d'une interview à la chaîne de télévision La Sexta, pour expliquer pourquoi l'Espagne ne procèderait pas à cette reconnaissance dès mardi, date évoquée notamment par Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.

M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai.

M. Sánchez n'a pas précisé les pays avec lesquels son gouvernement était en discussions à ce sujet, mais il avait publié en mars à Bruxelles un communiqué commun avec ses homologues irlandais, slovène et maltais dans lequel ils faisaient part de la volonté de leur quatre pays de reconnaître un Etat palestinien.

Le chef de la diplomatie irlandaise, Micheal Martin, a confirmé mardi que Dublin "(reconnaîtrait) l'Etat de Palestine avant la fin du mois", sans toutefois indiquer de date ni dire si d'autres pays se joindraient à l'Irlande.

Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche.

M. Sánchez doit comparaître le lendemain devant le Congrès des députés pour faire le point sur divers sujets d'actualité, dont la politique de Madrid au Proche-Orient et la reconnaissance d'un Etat palestinien, sujet sur lequel l'Espagne est en pointe.

"Je pense que je serai en mesure le 22 (...) de clarifier devant le Parlement la date à laquelle l'Espagne reconnaîtra l'Etat palestinien", a-t-il dit.

"Sérieux doutes 

M. Sánchez est devenu au sein de l'UE la voix la plus critique vis-à-vis du gouvernement israélien et de son offensive militaire dans la bande de Gaza contre le mouvement palestinien Hamas.

Le conflit actuel a été déclenché le 7 octobre par une attaque surprise du Hamas dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes du côté israélien, dans leur grande majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

L'offensive militaire lancée en riposte par Israël a causé la mort d'au moins 35.303 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, selon le dernier bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.

Evoquant la situation à Gaza, M. Sánchez a de nouveau sévèrement critiqué vendredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Interrogé sur le fait de savoir s'il considérait les évènements de Gaza comme un génocide, le chef du gouvernement espagnol a évité de répondre, mais a déclaré, à trois reprises, avoir de "sérieux doutes" sur le respect des droits humains par Israël.

Il a aussi établi un parallèle entre l'invasion de l'Ukraine par la Russie et l'offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza.

"Nous défendons la légalité internationale", a-t-il dit. "En Ukraine, logiquement, on ne peut pas violer l'intégrité territoriale d'un pays, comme le fait la Russie (...). Et en Palestine, ce que l'on ne peut pas faire, c'est ne pas respecter le droit humanitaire international, comme le fait Israël".

La politique de Madrid, a-t-il conclu, "est appréciée par la communauté internationale, aussi bien du point de vue du gouvernement ukrainien que du point de vue de la communauté arabe".

 

 


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.