BEYROUTH : Le décès d’une fillette de 6 ans, présumée victime d’un viol brutal, a suscité l’indignation au Liban, son grand-père étant accusé d’avoir commis l’agression.
Selon les allégations, la victime Lynn Taleb a subi une hémorragie interne entraînant sa mort huit jours après avoir séjourné avec sa mère dans la maison de son grand-père à Ménieh, au nord du Liban.
La procureure générale près la Cour d’appel du Liban-Nord, Mathilda Touma, a porté plainte contre le grand-père de Taleb, soupçonné d’avoir violé sa petite-fille, et contre sa mère pour avoir dissimulé les faits.
L’affaire a choqué l’opinion publique libanaise et a suscité une colère généralisée.
Le père de l’enfant, qui vit à Akkar, a pris la garde de sa fille après que lui et la mère de l’enfant, Waad Bou Khalil, ont divorcé il y a plusieurs mois.
La fille séjournait avec sa mère pendant les vacances de l’Aïd Al-Adha lorsque l’agression aurait eu lieu. Elle est décédée le 1er juillet.
Sa mère a déclaré qu’un médecin avait examiné la fillette et lui aurait prescrit des médicaments car sa température était élevée.
Cependant, le médecin n’a pas examiné tout le corps de la victime. La mère a refusé de garder sa fille au centre médical et l’a ramenée à la maison. Elle est décédée la même nuit.
La mère de la jeune enfant a publié des photos de sa fille sur les réseaux sociaux, avec son visage montrant une terreur et une peur extrêmes.
Après un examen plus approfondi, il est apparu que la fillette avait été violée à plusieurs reprises.
La famille de la mère a tenté d’accuser le père de la fille et sa famille. Ces derniers ont publié une déclaration niant ces accusations.
Selon une source judiciaire, la juge Touma a remis en cause les déclarations contradictoires de la mère et l’a placée en détention pour l’interroger.
Des échantillons ont été prélevés sur les détenus, y compris le père et les membres de la famille de la victime, pour des tests ADN.
Le père de la victime a ensuite été relâché.
Les enquêteurs qui ont consulté le téléphone de la mère ont estimé qu’elle était en conflit avec son père, Fawaz Abou Khalil.
Après avoir été interrogé, Khalil a été arrêté et l’affaire a été renvoyée à la première juge d’instruction du Liban-Nord, Samaranda Nassar.
Il n’existe pas de chiffres officiels relatifs aux viols au Liban car la plupart des incidents ne sont toujours pas signalés.
La mort de la fillette de 6 ans survient dans le cadre d’une augmentation de la violence contre les enfants ces dernières semaines.
Un bébé a été retrouvé abandonné dans un sac poubelle porté par un chien errant, et un jour plus tard, deux nouveau-nés ont été découverts dans une boîte sous le pont de Nahr Ibrahim au nord du Liban.
La violence domestique dirigée contre les femmes devant leurs enfants est également en augmentation.
Le sociologue Mamoun Tarabay a déclaré à Arab News : « L’augmentation de la violence en général et la transformation des enfants vulnérables en boucs émissaires en raison de la situation des adultes montrent que nous sommes confrontés à de graves crises qui se traduisent par la violence ».
Tarabay a déclaré qu’il pensait que la mère de la victime était dans une «situation difficile», mais aurait dû «choisir de protéger sa fille au lieu de garder le silence».
Les lois sur la protection de l’enfance au Liban sont «bonnes et bien élaborées, similaires à celles des pays occidentaux», a déclaré Tarabay. « Mais le problème réside dans l’application de ces lois et dans les sanctions ».
Il a blâmé « l’effondrement des normes et des règles informelles » pour une grande partie du problème, ajoutant : « La prostitution est devenue une sorte de commerce, et le trafic de drogue est désormais considéré comme un signe de ruse et une source de revenus ».
Citant le livre du sociologue Maurice Cusson Pourquoi punir?, Tarabay a déclaré:« Tant que nous ne punirons pas les gens, il n’y aura ni justice ni sécurité au Liban».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com