Remaniement: Le récit d'une semaine «lunaire»

«Certains n’avaient pas complètement les codes et le gouvernement a pas mal de priorités sur la santé et l’éducation, où il doit donner un coup de collier et donc avoir des profils plus politiques» (Photo, AFP).
«Certains n’avaient pas complètement les codes et le gouvernement a pas mal de priorités sur la santé et l’éducation, où il doit donner un coup de collier et donc avoir des profils plus politiques» (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 22 juillet 2023

Remaniement: Le récit d'une semaine «lunaire»

  • L'étrange semaine des «ajustements» ministériels a donné le sentiment d'une improvisation voire de dissonances au sommet de l'exécutif
  • Lundi soir, c'est l'entourage du chef de l'Etat, retenu pour un sommet à Bruxelles, qui annonce du bout des lèvres le maintien de la Première ministre à son poste

PARIS: Depuis la discrète reconduction d'Elisabeth Borne à Matignon jusqu'à l'annonce officieuse et au compte-gouttes des futurs ministres, l'étrange semaine des "ajustements" ministériels a donné le sentiment d'une improvisation voire de dissonances au sommet de l'exécutif.

Lundi soir, c'est l'entourage du chef de l'Etat, retenu pour un sommet à Bruxelles, qui annonce du bout des lèvres le maintien de la Première ministre à son poste.

Elle n'est pas convoquée à l'Elysée pour démissionner puis être reconduite comme c'est parfois l'usage, mais fait savoir qu'elle "souhaite" procéder à des "ajustements".

Dès le lendemain, de premiers noms commencent à circuler, surtout parmi les probables sortants Pap Ndiaye (Education), François Braun (Santé), et Jean-Christophe Combe (Solidarités), tous issus de la société civile portée au pinacle par Emmanuel Macron en 2017.

«Il faut prendre beaucoup de distance»

Les ministres doivent avoir "la vision, la capacité à diriger leur administration", avait prévenu Elisabeth Borne, en juin, dans Le Figaro.

"Certains n’avaient pas complètement les codes et le gouvernement a pas mal de priorités sur la santé et l’éducation, où il doit donner un coup de collier et donc avoir des profils plus politiques", relève un familier de l'exécutif.

Des questionnements sur les équilibres politiques se posent déjà quand s'ajoute à la liste putative des limogés notamment la ministre déléguée aux personnes Handicapées, étiquetée MoDem, Geneviève Darrieussecq.

Des sources ministérielles et au sein de la majorité s'interrogent sur la dimension du changement. "Plus l'ajustement sera large, plus elle (Mme Borne) aura gagné des points", dit l'un d'eux.

Le bruit circule d'une inimitié entre la Première ministre et son ministre chargé des Relations avec le Parlement Franck Riester, démenti par Matignon.

"Il faut prendre beaucoup de distance": Emmanuel Macron tente de dédramatiser l'attente, mardi, à l'occasion du traditionnel dîner des ministres d'avant la pause estivale. Une réception jugée "baroque", voire "sadique" par des conseillers.

«Confiance»

Les rumeurs reprennent de plus belle mercredi. Matignon dément tout désaccord sur les "ajustements" à opérer et dépeint une relation de "confiance" à la tête de l'exécutif.

La Première ministre s'attarde à l'Elysée pour les derniers réglages. Ces tergiversations donnent l'image d'un "bras de fer" entre Emmanuel Macron et Elisabeth Borne "autour d'un remaniement qui n'était pas censé en être un", puisque le président espérait initialement minimiser cette séquence, commente un cadre macroniste.

Finalement, l'annonce du nouveau casting un temps espérée mercredi aura lieu jeudi. Le Conseil des ministres est reporté.

Le suspense s'apparente à un supplice quand ministres et parlementaires se retrouvent mercredi soir à l'apéritif de fin de session au ministère des Relations avec le Parlement.

Pap Ndiaye n'est pas présent. Mais François Braun, bravache, est venu. Il sera même sur une radio jeudi matin, toujours confiant en son avenir, avant d'être finalement prévenu de son départ à la fin du déjeuner.

Gabriel Attal, étoile montante de la macronie, est pressenti à l'Education. Un communiqué est annoncé pour 17H30.

Mais avant même l'officialisation du gouvernement, remanié avec huit nouveaux ministres, le chapelet des entrants est égrené dans les médias, confirmé officieusement de sources ministérielles ou du camp présidentiel, quand ce n'est pas le ministre lui-même qui l'annonce aux médias.

La venue de François Bayrou à l'Elysée pour officiellement "un moment privé" fait remonter la température. D'autant que que des rumeurs donnent le député Horizons Frédéric Valletoux à la Santé, au risque de bouleverser encore les équilibres politiques de la majorité.

Le patron du MoDem est intervenu pour contrer la manoeuvre, assure une source parlementaire, ce que dément François Bayrou.

«Lunaire»

C'est finalement Aurélien Rousseau, directeur de cabinet sortant d'Elisabeth Borne et ancien patron de l'Agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France pendant la crise du Covid, qui sera choisi pour la Santé, surprise de ce remaniement. Il avait un soutien franc de Matignon, selon une source au sein du camp présidentiel.

Tout a l'air sur des rails, mais le communiqué est retardé par un ultime jeu de chaises musicales.

La séquence du remaniement "a été lunaire", commente un député Renaissance. "Si on avait voulu renforcer le gouvernement, on aurait fait les choses autrement".

Vendredi matin, Olivier Véran, resté porte-parole, assure que le gouvernement sort "renforcé" de ce remaniement, quand la veille l'entourage du chef de l'Etat soulignait le caractère "technique" des changements.

Finalement Emmanuel Macron explique en ouverture du Conseil des ministres, devant le nouveau gouvernement enfin réuni vendredi, avoir choisi "la continuité et l'efficacité". Son entourage promet qu'il s'exprimera encore dans les "prochains jours".


Paris appelle les forces rwandaises à «quitter instamment la RDC»

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  • "La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa
  • Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame

PARIS: Paris appelle les forces rwandaises à "quitter instamment" la République démocratique du Congo et le groupe armé M23 qu'elles soutiennent à "se retirer immédiatement des territoires dont il a pris le contrôle", a affirmé jeudi le ministère des Affaires étrangères.

"La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa.

Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame.

Comme l'avait fait Emmanuel Macron lors d'un échange téléphonique avec son homologue rwandais il y a quelque jours, le chef de la diplomatie française, "redira cette position: le retrait des troupes rwandaises" du territoire de la RDC, selon Christophe Lemoine.

La démarche diplomatique française s'inscrit "en soutien aux processus" de Luanda et de Nairobi", des médiations conduites par l'Angola et le Kenya, respectivement au nom de l'Union africaine et de la Communauté des États d'Afrique de l'Est, a-t-il précisé.

Le groupe armé antigouvernemental M23 a pris le contrôle de Goma, grande ville de plus d'un million d'habitants, à l'issue d'une offensive éclair de quelques semaines au côté de troupes rwandaises. Il a indiqué jeudi qu'il continuerait sa "marche de libération jusqu'à Kinshasa".


Larcher au PS: «censurer à nouveau le gouvernement» serait «irresponsable»

Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
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  • Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable"
  • Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi

PARIS: Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable", alors qu'une réunion cruciale pour trouver un compromis entre Assemblée et Sénat sur le projet de budget de l'État doit s'ouvrir à 9h30.

"Il faut qu'ils mesurent leur responsabilité vis-à-vis du pays", a déclaré Gérard Larcher sur France 2. "Est-ce qu'on peut continuer à être sans budget, avec les conséquences que ça a au quotidien pour les citoyens, pour les collectivités territoriales, pour le monde économique?", a-t-il interrogé.

Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi. Dans la chambre basse, le Premier ministre François Bayrou devrait faire usage du 49 alinéa 3 de la Constitution, pour le faire adopter sans vote et donc s'exposer à une motion de censure des députés.

"Est-ce qu'on peut continuer à jouer de cette manière? Je pense que les socialistes sont des gens responsables et qu'à un moment ou un autre, ils marqueront  clairement qu'ils ne sont pas d'accord avec ce budget", a défendu le président du Sénat. "Mais l'idée de censurer à nouveau le gouvernement m'apparaît une idée irresponsable".

Interrogé sur le point d'achoppement spécifique de l'aide médicale d'État (AME) avec la gauche mais aussi les macronistes, qui appartiennent à la coalition gouvernementale, Gérard Larcher a souhaité que la réduction de son enveloppe par le Sénat ne soit pas "caricaturée".

"Bien entendu, les soins d'urgence, les grossesses, la prévention, les vaccins, tout ceci est maintenu", a-t-il assuré, "mais nous réduisons l'enveloppe de l'aide médicale d'État et nous mettons sous condition d'avis médical un certain nombre d'interventions".

La droite souhaite diminuer de 200 millions les crédits alloués à l'AME réservée aux étrangers en situation irrégulière. In fine, la version commune proposée devrait acter cette réduction, selon une source parlementaire.


L’Europe en rangs dispersés face à la déferlante Trump

Le président américain Donald Trump arrive sur la pelouse sud de la Maison Blanche à Washington, DC, le 27 janvier 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump arrive sur la pelouse sud de la Maison Blanche à Washington, DC, le 27 janvier 2025. (AFP)
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  • Les Européens ont beau tenter de se préparer au retour de la déferlante Trump, ils ne sont toujours pas à jour, selon un ancien diplomate français
  • Il craint que l’Europe ne soit en train de risquer gros, en raison de son manque de préparation

PARIS: Ça va mal pour l’Europe. C’est le constat que fait un ancien diplomate français, un peu plus d’une semaine à peine, après l’investiture du président Républicain Donald Trump pour un nouveau mandat à la Maison Blanche.

Durant son premier mandat (2017 à 2021), les dirigeants européens ont certes eu le loisir d’expérimenter ses méthodes brusques unilatérales et souvent provocantes.

Ils ont également compris que toutes ses décisions sont prises sur la seule base des intérêts des États Unis partant du fameux slogan « America first », faisant fi des accords internationaux et bilatéraux ainsi que des intérêts de ses propres alliés.

Pendant ces cinq années, Trump à avancé à la manière d’une déferlante, porté par un courant d’américains protestataires, que certains croyaient éphémère et voué à disparaître sous le poids des frasques présidentielles.

Depuis son retour à la Maison Blanche, Trump s’est d’emblée livré à une multitude de coups d’éclat, dont le dernier en date est sa décision de se retirer de nouveau de l’Accord de Paris sur le climat.

- Arlette Khouri

Avec sa réélection pour succéder au président démocrate Joe Biden, force est de constater que c’est le contraire qui s’est passé.

Au lieu de se dissiper, le courant protestataire s’est radicalisé, pour devenir un courant idéologique porteur d’une vision bien précise du monde et de la place suprémaciste  des États-Unis à la tête de ce monde.

Les européens ont eu beau tenté de se préparer au retour de la déferlante Trump, ils ne sont toujours pas à jour assure l’ancien diplomate, qui craint que l’Europe ne soit en train de risquer gros, par son manque de préparation.

Or depuis son retour à la Maison Blanche, Trump s’est d’emblée livré à une multitude de coups d’éclat, dont le dernier en date est sa décision de se retirer de nouveau de l’Accord de Paris sur le climat.

Auparavant il avait assuré qu’il est en mesure de régler le conflit ukrainien en 24 heures dans l’ignorance la plus totale des intérêts européens et des menaces que cela peut impliquer au niveau de la sécurité du continent.

Sans tenir compte de leurs capacités économiques, il a sommé les pays européens de consacrer cinq pour cent de leurs revenus au budget de la défense, tout en laissant planer un doute sur l’avenir de l’engagement américain dans le cadre de la sécurité européenne.

Il a réitéré  à souhait son attachement à une mondialisation débridée, privilégiant les marchés et les produits américains, sans écarter une hausse exorbitante des droits de douanes sur les exportations européennes vers les États-Unis.

Pour comble, le couple franco-allemand qui a pendant de longues années été le moteur qui fait évoluer l’Europe et met un peu d’ordre dans ses rangs est en panne.

- Arlette Khouri

Face à cela, souligne la source diplomatique, il faut une Europe homogène, et unifiée au sujet de l’attitude à adopter face au retour de Trump, mais cela est loin d’être le cas, puisque les rangs européens sont plus que jamais dispersés.

Pour comble, le couple franco-allemand qui a pendant de longues années été le moteur qui fait évoluer l’Europe et met un peu d’ordre dans ses rangs est en panne, pour des raisons inhérentes à la mauvaise conjoncture politique aussi bien à Paris qu’à Bonn.

Selon la même source l’Europe diverge et hésite, entre une approche d’apaisement et une approche robuste et défensive.

La présidente de la commission européenne, Ursula Von Der Leyen prône une approche latérale, qui consiste à proposer au président américain « des Deals » conçus de façon à donner à Trump l’impression d’être à son avantage.

La France, indique la source, cherche à dégager un minimum de dénominateurs communs entre les composantes européennes, et une approche commune à minima pour éviter à l’Europe, nombre de revers économiques et politiques dans les cinq années à venir.

Cela semble en tout cas  être l’objectif de la rencontre européenne informelle qui se tiendra à l’initiative de la France au Château Limont, le 3 février prochain, sans aucune garantie de succès, surtout que précise la source, certains pays d’Europe, dont l’Italie et la Pologne, courtisent Trump.

Par ailleurs, cette approche ne fait pas l’unanimité en France, où de nombreuses voix s’élèvent à la faveur d’une politique musclé face aux États-Unis, allant jusqu’à brandir le slogan « œil pour œil et dent pour dent », pour affronter l’agressivité Trumpiste.

La période est cruciale estime l’ancien diplomate, et à défaut d’unité et de préparation, les années à venir risquent d’être une sorte de « vallée de larmes », aussi bien pour l’Europe que pour le reste du monde, lorgné à travers le prisme abrupte et arbitraire du président américain.