PARIS: Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a appelé vendredi à ce que le projet de loi contre l'islamisme radical s'accompagne de «gestes forts» en matière d'égalité des chances afin «de lever toute ambiguïté par rapport aux musulmans de France».
«Le projet de loi confortant les principes de la République va nous donner des outils nouveaux» pour lutter contre l'islamisme radical, s'est félicité M. Le Drian lors d'une table-ronde dématérialisée du mouvement «Territoires de progrès».
En parallèle de ce texte, présenté mercredi en Conseil des ministres et attendu début 2021 à l'Assemblée, «il est indispensable que des efforts soient faits en faveur de l'égalité des chances», notamment «en matière d'éducation et de rénovation urbaine», a plaidé M. Le Drian.
«Ce projet de loi doit s'accompagner de gestes forts pour lever toute ambiguïté par rapport aux musulmans de France», a-t-il ajouté. En ce sens, favoriser l'apprentissage de l'arabe à l'école «est un signe». «Il doit y en avoir d'autres», a-t-il insisté.
Lorsque Emmanuel Macron avait dévoilé les contours de sa stratégie contre le séparatisme début octobre, «l'égalité des chances» figurait parmi les axes forts de son discours. Mais le projet de loi n'explore quasiment pas cette thématique, l'exécutif renvoyant à des mesures prises plus tard, et pas forcément de nature législative.
Mais l'aile gauche de la majorité pourrait pousser pour une accélération et une amplification de ces dispositions, à l'image donc de M. Le Drian, qui a co-fondé avec le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt le mouvement «Territoires de progrès».
Ce courant, qui s'inscrit dans la majorité présidentielle sur son aile gauche, doit y «jouer un double rôle», dixit M. Le Drian: «un rôle de vigie et d'aiguillon».
Ainsi, dans la crise actuelle, il faut «veiller à ce qu'on ne laisse personne au bord du chemin», a encore plaidé l'ancien ministre de la Défense de François Hollande.
En ce sens, Territoires de progrès, qui revendique quelque 2.000 adhérents dont une dizaine de ministres, «a le devoir d'être original» et de «faire des pas de côté», a souligné M. Dussopt.
«Cela n'enlève rien à notre loyauté», à Emmanuel Macron et à la majorité, a-t-il ajouté, observant que «le fractionnement ne paye jamais».
M. Dussopt a donc appelé à «aborder la crise avec un angle social», lors d'une table-ronde qui réunissait notamment l'économiste Philippe Aghion ou encore le syndicaliste Frédéric Sève, secrétaire national CFDT.