WAD MADANI: Khartoum, la capitale du Soudan déchirée par la guerre, a été privée de communications pendant plusieurs heures vendredi, au moment où l'armée et les forces paramilitaires se livraient à de violents combats.
Les connexions internet et de téléphonie mobile, essentielles pour obtenir des informations et des provisions depuis près de trois mois de guerre, étaient hors service, tandis que de "violents affrontements" faisaient rage dans plusieurs quartiers de la ville, ont indiqué des témoins à l'AFP via une ligne fixe.
La cause du dysfonctionnement n'était pas immédiatement identifiée. Certains réseaux mobiles ont été rétablis vers 11h00 (09h00 GMT), d'après des habitants.
Tout au long de la matinée, des nuages de fumée noire ont été aperçus près du quartier général de l'armée dans le centre de la ville, ainsi que dans le sud.
Des témoins à Khartoum-Nord, la banlieue nord-est de la capitale soudanaise, ont évoqué des "affrontements avec toutes sortes d'armes". Et à Omdourman, des habitants ont fait état d'avions de chasse et de drones survolant la banlieue nord.
Selon l'ONU, près d'un million et demi d'habitants sont déjà partis de Khartoum. Des millions d'entre eux sont restés bloqués chez eux de peur d'être pris dans les feux croisés de la guerre urbaine brutale dans des quartiers densément peuplés ou d'être attaqués dans la rue.
Ils ont alors souvent eu recours à Internet pour répondre à leurs besoins élémentaires, mettant en place des initiatives de financement participatif pour trouver des itinéraires d'évacuation, de la nourriture et des médicaments.
Les combats au Soudan, essentiellement à Khartoum mais aussi dans la région du Darfour, théâtre de nouvelles atrocités, ont fait près de 3 000 morts, selon l'ONG Acled, spécialisée dans la collecte d'informations dans les zones de conflit, et plus de trois millions de déplacés et de réfugiés selon l'ONU.
Jeudi, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé dans un rapport au Conseil de sécurité de l'ONU l'ouverture d'une nouvelle enquête pour crimes de guerre au Darfour, appelant à ne pas permettre à "l'Histoire de se répéter".
La CPI avait été saisie en 2005 par le Conseil de sécurité sur la situation au Darfour, où la guerre civile du début des années 2000 avait fait environ 300 000 morts.