PARIS: Près de deux semaines après l'explosion puis l'effondrement d'un immeuble dans le Ve arrondissement de Paris, un juge d'instruction a été désigné pour enquêter sur le sinistre, qui a fait un mort et une cinquantaine de blessés.
Le 21 juin, en fin d'après-midi, un immeuble situé rue Saint-Jacques, dans le centre de la capitale, s'était effondré, après une explosion suivie d'un incendie.
Après six jours de recherches, un corps avait été retrouvé sous les décombres. Il s'agirait d'une femme, professeure à l'école de mode privée Paris American Academy, située dans le bâtiment, un pavillon du XVIIe siècle classé monument historique bordant la cour d'honneur de l'ancienne abbaye du Val-de-Grâce.
Dans les heures et les jours suivant l'explosion, les recherches ont été compliquées par le risque "d'effondrement de l'immeuble mitoyen, et par la difficulté à déblayer des blocs de pierre de taille du bâtiment concerné", avait relaté le parquet de Paris.
Une cinquantaine de blessés avaient été recensés, dont quatre gravement atteints. Selon un dernier bilan, "trois blessés restaient en urgence absolue", a précisé jeudi une source proche du dossier.
Lundi, une information judiciaire a été ouverte au pôle accidents collectifs du tribunal de Paris pour homicide involontaire, blessures involontaires ayant entraîné plus et moins de trois mois d'interruption totale de travail (ITT), par violation manifestement délibérée d'une obligation de sûreté ou de prudence prévue par la loi ou le règlement, a indiqué jeudi une source judiciaire, confirmant une information de franceinfo.
"Le juge d'instruction pourra désormais ordonner des expertises afin de comprendre l'origine du sinistre", a-t-elle ajouté.
«Cette explosion est partie de l'immeuble»
"Les investigations sont désormais compliquées par la présence de plomb et d'amiante dans les décombres", a précisé cette source.
Les premiers témoins, entendus dans le cadre de l'enquête confiée au 3e district de police judiciaire de Paris, ont évoqué "une odeur de gaz".
Les premiers témoignages et les images de vidéosurveillance "nous conduisent à confirmer que cette explosion est partie de l'immeuble", situé au numéro 277 de la rue Saint-Jacques, avait déclaré la procureure de la République Laure Beccuau juste après l'accident.
Une soixantaine de familles restait privée d'accès à leur logement et était relogée depuis par les bailleurs sociaux, chez des proches ou à l'hôtel, a annoncé la maire du Ve arrondissement, Florence Berthout, lors d'un point sur ce drame au Conseil de Paris mercredi.
Neuf adresses sont frappées par un arrêté d'interdiction d'accès et de logement à proximité du numéro 277.
La très forte explosion a pulvérisé des vitrines de magasins et des fenêtres d'habitations dans un périmètre de 500 m autour de l'immeuble. La déflagration a été ressentie plusieurs centaines de mètres à la ronde.
Les riverains des rues avoisinantes avaient évoqué auprès de l'AFP "la violence du souffle", ressentie même à plusieurs pâtés d'immeubles autour de l'école de mode, et les "suffocations" dues au large panache de fumée noire qui a ravagé la façade.
"C'était comme dans un film. On a entendu une deuxième explosion, à peine deux minutes après la première, et on a vu la façade s'écrouler", avait relaté Anthony Halbert, qui tient une boucherie située à 50 mètres du bâtiment soufflé.
La maire de Paris Anne Hidalgo, a annoncé le 26 juin une aide de 2 millions d'euros pour accompagner les professionnels et habitants touchés, assurant que "toute la lumière sera faite sur les conditions de cette explosion".