BEYROUTH: Mercredi, le patriarche maronite Béchara al-Raï a réitéré son appel à la tenue d’une «conférence internationale pour le Liban après que les politiciens libanais évité le dialogue en raison de leurs propres intérêts».
Al-Raï a tenu ces propos lors du lancement d’un nouveau document intitulé «Une nouvelle vision pour le Liban de demain: un État laïc, décentralisé et neutre».
Il a fait part de ses doutes sur la sincérité des politiciens à l’égard du pays, affirmant que «le Liban ne connaîtra pas le salut si nous restons dans l’état où nous sommes. Le Liban est malade, mais les responsables ne veulent pas le guérir ni en connaître la cause».
«Les responsables n’ont pas le droit de dévaster un pays et son peuple en détruisant le système et la Constitution», a poursuivi Al-Raï.
La vacance présidentielle au Liban est entrée dans son neuvième mois, les députés ne parvenant pas à élire un chef d’État en raison des divisions politiques persistantes.
Par ailleurs, le patriarche a été informé par le ministre sortant de la Justice, Henri Khoury, de l’état d’avancement des enquêtes menées par l’armée sur le meurtre de deux personnes dans la région de Qurnat al-Sawda samedi dernier.
Haitham et Malek Tawk ont été tués dans un différend au sujet de l’eau et des biens immobiliers près de la ville de Bcharré, une région fréquemment en proie à des conflits au sujet des terres et des ressources en raison de l’absence de démarcation de certaines zones, y compris le sommet de Qurnat al-Sawda lui-même, qui est le plus haut sommet du Liban et du Levant.
Plusieurs personnes de Bcharré et de la ville voisine de Denniyé ont été arrêtées et des armes ont été saisies.
«Les enquêteurs des services de renseignement de l’armée ont dressé un premier tableau de la manière dont le crime a été commis et dont la première balle a été tirée, touchant Haitham Tawk, 36 ans, et entraînant sa mort», a déclaré une source de sécurité.
Après avoir rencontré le patriarche Al-Raï, le ministre a précisé que le juge compétent en immobilier dans le nord du pays avait achevé la délimitation de six villes et envoyé les documents et les cartes les concernant au cadastre, et qu’il avait jusqu’à la fin de l’été pour envoyer d’autres documents concernant deux autres villes. Cependant, il a noté que le juge était confronté à «de nombreux obstacles».
Le Premier ministre sortant, Najib Mikati, a formé un comité chargé d’étudier les différends relatifs aux frontières immobilières et à l’eau, dirigé par le ministre de l’Intérieur. D’après une source proche du bureau du Premier ministre, ce comité contribue à «apaiser» ce qu’elle a appelé les «tensions populaires» et prend des mesures «pour régler les différends frontaliers chroniques».
Toutefois, les adversaires de Mikati estiment que la formation du comité constitue «une tentative de faire porter le chapeau au gouvernement pour sa négligence et son retard dans la résolution des conflits frontaliers». Selon une source, «des mesures officielles» avaient «mené à un crime terrible et à deux victimes, ce qui aurait provoqué (...) un conflit sectaire si les dirigeants de la région n’avaient pas agi rapidement et si l’armée libanaise n’avait pas absorbé les tensions, en dépit des appels à la vengeance».
Samir Geagea, chef du parti des Forces libanaises, a indiqué que Mikati «a outrepassé son autorité en formant un comité chargé d’étudier la question des différends relatifs aux frontières immobilières, alors que cette question relève de la compétence des autorités judiciaires et non des autorités politiques».
Geagea a souligné que «le dossier de la définition des frontières immobilières dans la zone de Qurnat al-Sawda est entre les mains de la justice depuis trois ans, et que le travail d’enquête et de détermination bat son plein, bien que lentement».
Farès Souaid, président du Conseil national contre l'occupation iranienne du Liban, a demandé que les chefs de village et les municipalités des zones touchées fassent partie du comité.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com