LONDRES: Une collecte de fonds pour le policier français qui a tué un adolescent de 17 ans à Paris la semaine dernière a atteint plus d'un million d'euros.
Environ cinquante-deux mille personnes ont contribué financièrement depuis que l'agent, identifié comme Florian M, a abattu Nahel Merzouk lors d'un contrôle routier le 27 juin dernier, ce qui a déclenché une vague d'émeutes dans tout le pays
Une collecte de fonds destinée à la famille de Nahel n’a récolté que 200 000 euros, bien que cette somme provienne de quelque 100 000 donateurs.
Nadia, sa grand-mère, a déclaré aux journalistes de BFMTV qu'elle était «brisée», ajoutant: «Il a pris la vie de mon petit-fils. Cet homme doit payer, tout comme tout le monde.»
Florian M a affirmé avoir tiré sur Merzouk en situation de légitime défense, pour se protéger lui-même ainsi qu’un collègue et les personnes qui étaient autour d’eux. Les images vidéo de l'incident suggèrent que l'agent n'était pas en danger immédiat et cet homme de 38 ans a été placé en détention pour homicide volontaire.
La collecte de fonds pour Florian M a été lancée par Jean Messiha. Cet habitué des médias est un populiste de droite; il a conseillé Marine Le Pen lorsqu’elle était candidate à l’élection présidentielle. Un fonds distinct, créé par les collègues policiers de Florian M, a récolté environ 60 000 euros.
La campagne a été vivement condamnée par les politiciens du gouvernement et de l'opposition. Éric Bothorel, membre du parti Renaissance du président Emmanuel Macron, l’a qualifiée d'«indécente et scandaleuse», ajoutant que Messiha «joue avec le feu».
Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a déclaré que ce genre d’attitude «attise le feu» qui a incité des milliers de personnes à descendre dans les rues des grandes villes du pays.
Pour Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste français, le soutien à l'agent «perpétue […] une division béante» en France.
L'avocate pénaliste Carole-Olivia Montenot a affirmé que la collecte de fonds ne fait «qu'augmenter la haine là où il y en a déjà beaucoup», la qualifiant de «complètement inappropriée».
Pour sa part, la députée de La France Insoumise Mathilde Panot a confié: «Tuer un jeune Nord-Africain en France en 2023 peut vous rapporter beaucoup d'argent.»
Les émeutes qui ont lieu depuis près d'une semaine ont été marquées par des affrontements de rue avec la police, des pillages et des dégâts d’une importance qui n'avait pas été observée en France depuis des décennies.
Environ 3 000 personnes ont été arrêtées, 700 policiers blessés, 5 000 véhicules détruits et 1 500 bâtiments attaqués ou pillés.
La grand-mère de Nahel a déclaré que la violence devait cesser. Elle a ajouté que de nombreux émeutiers utilisaient la mort de son petit-fils comme un prétexte pour piller et semer le trouble.
«Je dis aux personnes qui cassent des choses: “Arrêtez”», a-t-elle déclaré à BFMTV. «Nahel est mort. Ma fille n'avait qu'un seul enfant. Elle est perdue, c'est fini, ma fille n'a plus de vie.»
La tante de Nahel a ajouté: «La famille est très opposée à la violence, mais j'espère que la mort de Nahel va déclencher un certain changement pour que cela ne se reproduise jamais.»
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré que «l'ordre et la loi sont rétablis grâce à la fermeté dont nous avons fait preuve», avec 40 000 policiers et autres agents de sécurité déployés dans l’ensemble du pays.
Macron doit rencontrer ce mardi 200 maires de villes qui ont subi des dégâts lors des émeutes à Paris.
Le président a annulé un voyage d'État en Allemagne cette semaine en raison des violences, mais il n’a pas déclaré l'état d'urgence.
Son gouvernement a rejeté les accusations de l'ONU selon lesquelles les forces de l’ordre françaises auraient de «profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale». En effet, le ministère des Affaires étrangères a considéré que ces allégations étaient «totalement infondées».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com