Ce qui se passe dans le monde aujourd’hui est en grande partie le résultat direct de l’effondrement du système politique américain. Le pays est profondément polarisé et la plupart des Américains appartiennent à l’un des deux camps politiques extrêmes. Peu d’entre eux ont une vision centriste modérée.
Les élus, depuis le président jusqu'au bas de l'échelle, tiennent des discours empreints de colère. Les sénateurs, les gouverneurs et même les députés locaux se lancent dans des diatribes publiques enflammées dans lesquelles il n'y a pas de véritable discussion, mais seulement une critique des points de vue des autres.
La faiblesse de l’ancien président, Donald Trump, lorsqu’il était au pouvoir, était son incapacité à prendre de la hauteur. Au lieu de cela, il a toujours couru après les provocations d’un média grand public partial, le détournant ainsi de ses politiques et programmes innovants.
L’actuel président, Joe Biden, en revanche, semble perdu. Il était autrefois un dirigeant politique à l’esprit vif, mais l’âge a eu raison de cette qualité. Il parvient toutefois à protéger son fils, le lobbyiste controversé Hunter Biden, qui a exploité l’influence de son père pour atteindre des sommets financiers.
En combinant tous ces éléments, vous aurez une perception claire de la détérioration, ce qui permet d’établir des comparaisons évidentes avec la chute de l’Empire romain, mais à un rythme plus rapide.
Les origines de l’Empire romain remontent à 753 av. J.-C. Il s’est effondré mille ans plus tard au Ve siècle apr. J.-C. Il reste sans doute des centaines d’années avant que les États-Unis ne puissent connaître une situation similaire, mais le pays n’a jamais été aussi proche qu’aujourd’hui de perdre sa position de prétendu leader du monde libre.
Les États-Unis ont longtemps été le chef de file d’un équilibre géopolitique étroit connu sous le nom d’«Occident». La puissance de l’Occident est largement liée à l’imposante autorité de ses médias qui, pendant de nombreuses années, ont dicté les perceptions à travers le monde. Mais l’essor d’Internet et des réseaux sociaux, qui permettent à chaque citoyen d’avoir voix au chapitre de la même façon que les dirigeants mondiaux, et la consolidation des médias par des sociétés géantes ayant des programmes différents de la recherche de la vérité et de l’équité, ont sapé les fondations de la tour d’ivoire de l’Occident.
Vous ne pouvez pas continuer à diriger le monde si votre société s’érode et vos dirigeants sont divisés, indécis et faibles. Vous ne pouvez pas non plus être en position de leader lorsque les médias que vous avez autrefois présentés comme une puissante arme de vérité ne sont désormais plus qu’un instrument de partisanerie politique armée, motivé davantage par les profits que par les principes. La liberté d’expression est morte aux États-Unis. Elle a été remplacée par le «discours tonitruant».
Les États-Unis n’ont jamais été aussi faibles qu’aujourd’hui dans leur Histoire relativement brève. À titre d’exemple, le dirigeant russe, Vladimir Poutine, n’aurait jamais envahi l’Ukraine s’il pensait que l’Occident l’affronterait avec force, répondant à l’agression par l’agression. Au lieu de cela, la réponse de M. Biden et de l’Occident face à l’agression de Vladimir Poutine a été faible. Cette faiblesse est une invitation pour le président Poutine à poursuivre ses agressions, qui visent clairement à ramener son pays à l’ancienne structure de pouvoir soviétique que ses prédécesseurs ont abandonnée dans l’espoir d'évoluer vers le capitalisme.
«Vous ne pouvez pas continuer à diriger le monde si votre société s’érode et vos dirigeants sont divisés, indécis et faibles.»
- Ray Hanania
L’influence américaine en Amérique du Sud, en Asie et en Afrique s’estompe également rapidement. L’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) que les États-Unis dirigent n’est également plus une véritable alliance, car ses membres ne sont pas solidaires sur de nombreuses questions.
Au cours des deux dernières décennies, le gouvernement israélien a été dominé par des fanatiques de droite, mais ce fanatisme a atteint de nouveaux sommets au cours de l’année écoulée, encore une fois en raison des politiques insipides de Joe Biden envers Israël et le Moyen-Orient.
M. Trump a ouvert la voie à cet effondrement américain lorsqu’il a vendu les principes d’équité des États-Unis pour poursuivre une nouvelle stratégie au Moyen-Orient qui a soutenu la présence d’Israël dans la région sans se soucier de la Palestine. Une fois que cela s’est produit, le gouvernement israélien était prêt à saisir l’occasion d’enterrer la question palestinienne et de renforcer les agressions.
Le Moyen-Orient, qui était autrefois un «client» de l’ancienne Union soviétique, a finalement abandonné les Soviétiques au profit de la poursuite de nouvelles possibilités d’expansion économique en s’associant aux États-Unis. Après tout, les États-Unis étaient, à cette époque, les «leaders du monde libre».
Aujourd’hui, cependant, les États-Unis multiplient les promesses non tenues et les principes compromis. Par ailleurs, les politiciens américains sont plus préoccupés par leurs querelles politiques internes égoïstes que par le rôle – qui se détériore rapidement – de leur pays dans le monde qui les entoure.
Le monde actuel est rempli d’incertitudes. Il n’y a pas de véritable loyauté, mais uniquement des intérêts économiques. La politisation du système judiciaire américain alimente la tendance à la baisse des États-Unis.
Alors, qui pourrait être candidat à la prochaine élection présidentielle pour changer tout cela? Certains disent qu’il pourrait s’agir de Robert F. Kennedy Jr., le fils de l’ancien sénateur américain assassiné et neveu de l’ancien président, John F. Kennedy. Mais peut-il vraiment espérer battre M. Biden à l'investiture démocrate pour 2024?
Du point de vue des ego américains, la situation risque fort d’empirer.
Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur plusieurs fois primé de la mairie de Chicago. Il peut être contacté sur son site Internet personnel à l’adresse www.Hanania.com.
Twitter: @RayHanania
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com