ALGER: Human Rights Watch, l'Institut du Caire pour les études sur les Droits de l'Homme et EuroMed Rights ont appelé ce mardi les autorités algériennes à libérer plusieurs personnes arrêtés après la fuite de l’activiste Amira Bouraoui.
L’activiste franco-algérienne – sous le coup d’une interdiction de quitter le territoire algérien depuis 2021 – avait quitté l'Algérie février dernier pour rejoindre la Tunisie. Après l’intervention des services consulaires français, elle a finalement pu rejoindre la France où elle vit actuellement.
À son arrivée en Tunisie, Bouraoui avait été brièvement arrêté et interrogé par les autorités tunisiennes alors que les autorités algériennes demandaient son extradition. Son départ vers la France avait provoqué une énième crise diplomatique entre l’Algérie et la France – les autorités algériennes accusant la France de l’avoir exfiltré.
Mustapha Bendjama (journaliste), Raouf Farrah (chercheur), ainsi qu’un agent de la police aux frontières et un chauffeur de taxi figurent parmi les personnes arrêtées dans le cadre de cette affaire. Des membres de la famille d'Amira Bouraoui ont également été arrêtés puis placés sous contrôle judiciaire, dont la mère de l'activiste. Les autorités leur reprochent d’avoir aidé Bouraoui à fuir le pays.
«Frénésie vindictive»
Pour Eric Goldstein, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch, «les autorités algériennes ne se contentent pas de punir quiconque elles soupçonnent d’avoir aidé Amira Bouraoui à quitter le pays pour échapper à des persécutions politiques. Elles se servent désormais de cette affaire pour étendre leur répression».
Amna Guellali, directrice de recherches à l’Institut du Caire pour les études sur les Droits de l’Homme a pour sa part estimé que «la frénésie vindicative que les autorités algériennes ont déchaîné après le départ de Bouraoui démontre bien leur volonté délibérée de garder les activistes sous leur férule et de mettre leurs vies en suspens».
Wadih Al Asmar, président d’EuroMed Rights a quant à lui affirmé que «bien qu’imposer des restrictions de déplacement à une personne sur laquelle pèsent des chefs d’accusation criminels légitimes puisse parfois être nécessaire et proportionnel, il n’est pas légitime pour les autorités d’imposer de telles mesures en conséquence directe de la criminalisation d’une expression politique pacifique».
«Elles devraient remettre en liberté toutes les personnes qui ont été arrêtées dans cette affaire et qui font face à des accusations motivées par des considérations politiques», a encore estimé le président d’EuroMed Rights.