TUNIS: La militante politique et journaliste franco-algérienne Amira Bouraoui, arrêtée en Tunisie et qui risquait d'être expulsée vers l'Algérie, se trouve désormais dans un avion à destination de la France, a déclaré son avocat français François Zimeray lundi soir.
"On vient de l'avoir (par téléphone). Elle était dans l'avion, très soulagée. Et elle a été obligée de raccrocher parce que l'avion était en mouvement. Là, il a décollé", a raconté Me Zimeray.
"Je suis content" qu'elle puisse fuir "une persécution", a-t-il poursuivi.
Amira Bouraoui faisait l'objet d'une interdiction de sortie du territoire en Algérie. Entrée en Tunisie, elle avait été interpellée alors qu'elle tentait d'embarquer en direction de Paris.
"Je suis plus que satisfait de ce dénouement heureux auquel j'avais fini par ne plus croire", a de son côté commenté l'avocat tunisien de Mme Bouraoui, Hashem Badra. Elle est "libre et en bonne santé", s'était-il réjoui quelques heures plus tôt, également interrogé par l'AFP.
Arrivée en Tunisie vendredi, Amira Bouraoui avait été "interpellée alors qu'elle cherchait à embarquer avec son passeport français sur un vol pour la France", a expliqué Me Badra.
Cette médecin de formation de 46 ans avait ensuite été placée en détention provisoire jusqu'à sa comparution devant une juge lundi, qui avait décidé sa remise en liberté, en ajournant son dossier au 23 février, a-t-il précisé.
Malgré cette décision de la juge, la journaliste avait été emmenée à un poste de la police des frontières à Tunis en vue d'"être expulsée vers Alger" lundi soir, selon l'avocat tunisien, qui l'avait vue "pleurer" "dans une cage en verre".
Contacté par l'AFP, le ministère tunisien de l'Intérieur n'était pas en mesure de confirmer ni d'infirmer ces informations. De même, le ministère français des Affaires étrangères n'était pas disponible pour répondre aux questions de l'AFP.
"Ma cliente a fait l'objet d'une tentative d'enlèvement et de séquestration de la part de certaines autorités dépositaires de la force publique en Tunisie, à la demande des autorités algériennes", avait précédemment dénoncé François Zimeray, ancien ambassadeur de France au Danemark.
"J'ai fait savoir cet après-midi que je n'hésiterais pas à déposer une plainte au parquet de Paris pour enlèvement-séquestration si elle n'était pas immédiatement libérée", avait-il menacé.
Selon une responsable du bureau de l'ONG Human Rights Watch à Tunis qui a été saisi de l'affaire, il ne fallait "en aucun cas" renvoyer Amira Bouraoui "vers un pays où elle a été emprisonnée et fait l'objet d'une série de poursuites pour son militantisme pacifique et ses opinions".
Le site du média algérien Radio M où elle animait depuis septembre une émission politique, avait également fait état de l'arrestation de Mme Bouraoui par la police des frontières en Tunisie, et de son "extradition" prévue lundi soir vers l'Algérie.
"Connue depuis son engagement dans le mouvement +Barakat+ en 2014 qui a mené une campagne contre le quatrième mandat du président défunt, Abdelaziz Bouteflika, elle a tenté plusieurs fois de quitter le territoire national ces derniers mois pour rendre visite à son fils établi en France, mais en vain", selon le site.
Amira Bouraoui avait été emprisonnée courant 2020 pour plusieurs chefs d'inculpation. Elle a été libérée en juillet 2020.
Elle est sous le coup d'une condamnation à deux ans de prison ferme pour "offense" à l'islam pour des propos tenus sur sa page Facebook.