MARSEILLE: Emmanuel Macron a assuré à la mère d'un demandeur d'emploi qu'il y avait "10 offres" possibles pour son fils, l'invitant à faire "le tour du Vieux port" lundi soir en sa compagnie pour illustrer son propos, en marge d'un déplacement à Marseille.
Le chef de l’Etat, qui avait suscité la polémique en 2018 en déclarant à un jeune horticulteur en recherche d'emploi qu'il suffisait de "traverser la rue" pour trouver du travail, a persisté lundi: "Quand j'étais plus jeune, je disais qu'il fallait traverser la rue. C'est encore plus vrai aujourd'hui qu'hier", a-t-il fait valoir.
Le président était interpellé lors d'un bain de foule par une dame déplorant que son fils, âgé de 33 ans, ne touche plus le Revenu de solidarité active. "Il doit 11 mois de loyer maintenant. Il ne peut même pas aller chercher du travail" car "il n'a pas d'argent pour prendre les transports", s'est-elle désolée, en serrant la main du chef de l'Etat.
Soulignant qu'existaient "des dispositifs d'aide" pour "aller au boulot", Emmanuel Macron l'a interrogée en retour: "Il veut travailler dans quoi votre fils ? (...) Il est prêt à travailler comme serveur?"
"N'importe... Tout!", lui a répondu son interlocutrice.
"Vous n'allez pas me faire croire que, s'il cherche vraiment du boulot à Marseille, et qu'il est prêt à prendre un boulot de serveur, qu'il n'y a pas de boulot de serveur", a embrayé le chef de l’Etat. Insistant: "Moi je vous promets: je fais le tour du Vieux port ce soir (lundi) avec vous, je suis sûr qu'il y a 10 offres d'emploi".
"Il va voir un de mes collaborateurs. Et ce soir (lundi), il a rendez-vous pour un job", a encore promis le président, évoquant, un peu plus tard, "des centaines de milliers d'emplois non pourvus dans notre pays".
En mai, lors d'un déplacement à Dunkerque, M. Macron avait déjà suggéré à un jeune homme qu'il suffisait de "faire un mètre" pour trouver un travail.
«Macron caricature Macron»
Cette nouvelle sortie du président de la République sur le thème de l'emploi a immédiatement fait réagir les oppositions, à l'image de la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot qui a estimé que "Macron caricature Macron".
"La solution au chômage ? Traverser une rue en 2018. Faire un mètre en mai 2023. Voici venu le temps de faire un tour du Vieux Port en juin 2023. Face au mépris du peuple, le seul chômeur que l'on espère dans le pays, c’est Emmanuel Macron", a-t-elle écrit sur Twitter.
"La formule change, le mépris reste", a asséné pour sa part la patronne des députés écolos Cyrielle Chatelain.
Le premier secrétaire du PS Olivier Faure a pour sa part dressé un parallèle ironique avec la situation de l'ex-ministre Christophe Castaner: "Ce que dit Macron n’est pas faux. La dernière fois, même sans faire le tour, il a nommé son ancien ministre de l’intérieur, président du grand port maritime de Marseille..."
Quant à la sénatrice LR des Bouches-du-Rhône, Valérie Boyer, elle a ironisé: "Quand Emmanuel Macron ne sera plus Président, il pourrait se reconvertir comme agent chez Pôle Emploi".