MARSEILLE: "Marseille en grand", Acte II: Emmanuel Macron revient passer trois jours dans la cité phocéenne, de lundi à mercredi, avec de nouvelles annonces pour l'aider à combler ses retards et retrouver toute sa place de "porte d'entrée sur la Méditerranée en Europe".
Deuxième ville de France, Marseille est aussi l'une des plus pauvres, avec ses 40.000 logements insalubres, ses quartiers Nord déshérités et son trafic de drogue endémique.
En lançant le plan "Marseille en grand" en septembre 2021, le chef de l'Etat avait déjà mis cinq milliards d'euros sur la table pour renforcer les effectifs de police, rénover les écoles, l'espace urbain et développer les transports.
"Sa volonté aujourd'hui, c'est d'aller plus loin, c'est de poursuivre, d'accélérer ces engagements", en proposant une "véritable ambition pour ce territoire", relève l'Elysée. Le président, attendu lundi matin, va notamment se pencher sur les "questions de sécurité", la "vie des quartiers", les "copropriétés dégradées" et "l'avenir du port", ajoute la présidence sans plus de précisions.
Après une longue séquence consacrée à la réindustrialisation et aux nouvelles technologies, Emmanuel Macron poursuit ainsi son marathon politique et médiatique pour relancer son quinquennat après la crise des retraites.
Comme en 2021, où il était déjà resté trois jours --un record dans l'agenda présidentiel--, le chef de l'Etat entend "prendre son temps" et être "à l'écoute des Marseillais", souligne l'Elysée.
Accompagné notamment par le ministre de l'Intérieur, le Garde des Sceaux, le ministre de l'Education ou encore ses collègues de la Culture et de la Santé, il va enchaîner les visites --au siège de la police judiciaire, sur le chantier de la prison des Baumettes 3, à l'hôpital des armées Lavéran-- et les échanges avec les habitants.
Lors d'une séquence dédiée au port, le président développera sans doute son annonce fin 2022 de développer un "grand port" reliant Marseille à Lyon, le long du sillon rhodanien, qui permettrait la connexion avec l'Allemagne pour le transport de marchandises et d'énergies.
Au delà des divergences
Le trafic de stupéfiants reste aussi au coeur des enjeux. De nombreux quartiers sont gangrénés par les "plans stups" et la guerre pour le contrôle de ces points de vente a déjà fait 23 morts depuis le début de l'année.
Sur ce dossier, le chef de l'Etat a annoncé dimanche au quotidien La Provence que le paiement des amendes forfaitaires pour consommation de drogue pourra bientôt être "immédiat, par carte bancaire ou en liquide". Ce qui permettrait d'améliorer le taux de recouvrement de ces amendes, de seulement 35%, un niveau "inacceptable".
Pour ce faire, le chef de l'Etat a précisé avoir demandé au ministre de l'Intérieur "de préparer un décret pour la fin de l'été". "On a commencé à équiper les agents de 5.000 terminaux de paiement", a-t-il précisé.
Le président sera aussi très attendu sur le logement, autre point noir de la ville, avec ses grands ensembles vétustes et ses vieux quartiers décatis.
Si l'Elysée se félicite des premières retombées du plan "Marseille en grand", avec le renfort de plus de 300 policiers, 120 médiateurs-éducateurs dans les quartiers et le lancement d'une vingtaine de gros chantiers sur les 470 écoles marseillaises, le changement reste encore peu palpable aux yeux des habitants.
"C'est sale, il y a des rats, les trafics (de drogue), pas de jardin pour les enfants, pas de docteur, pas de travail, tout marche au piston", déplore Ahmad Kaddour, 57 ans, à la cité de la Castellane.
Le maire Benoît Payan, à la tête d’une union de la gauche et écologiste, et la présidente LR de la métropole, Martine Vassal, saluent pour leur part l'engagement du président, au-delà des divergences politiques. Mais ils réclament aussi plus de moyens face aux défis à relever.
Originaire de Picardie, Emmanuel Macron a toujours manifesté un attachement pour Marseille, sa "créativité extraordinaire" et sa "jeunesse saisissante". De même il s'affiche comme un fidèle supporter de l'OM.