PARIS: La menace d'un procès semble se rapprocher pour le bras droit du président Emmanuel Macron, Alexis Kohler: les juges d'instruction financiers chargés d'examiner les soupçons de prise illégale d'intérêts qui le visent, pour ses liens familiaux avec l'armateur italo-suisse MSC, ont annoncé avoir terminé leurs investigations.
Les deux magistrats du pôle financier du tribunal judiciaire de Paris ont informé les parties de la clôture de leur enquête ouverte il y a trois ans, a indiqué vendredi à l'AFP une source proche du dossier. L'avocat de M. Kohler, Eric Dezeuze, n'a pas souhaité s'exprimer.
L'association Anticor, dont l'agrément pour intervenir en justice a été annulé vendredi, avait obtenu en juin 2020 la désignation de juges d'instruction en déposant une plainte avec constitution de partie civile.
Le secrétaire général de l'Elysée a été mis en examen le 23 septembre 2022 pour prise illégale d'intérêts et placé sous le statut plus favorable de témoin assisté pour trafic d'influence.
Sont concernées cinq délibérations de STX France (devenu Chantiers de l'Atlantique) et trois du Grand port maritime du Havre (GPMH), liés à MSC, dont il était administrateur.
Alexis Kohler a contesté "tout délit" et tout "avantage tiré" de sa situation.
Il a argumenté en précisant n'avoir participé à aucune décision concernant le groupe, à l'époque STX-GPMH, avoir averti sa hiérarchie de ses liens familiaux et demandé à quitter son mandat d'administrateur de STX.
Ses votes en conseil d'administration exprimaient la position de l'Etat, a-t-il affirmé.
Selon lui, son lien familial avec les Aponte est "simple" mais au "5e degré", "éloigné": sa mère est la cousine de Rafaëla Aponte, épouse du fondateur Gianluigi Aponte.
Il a aussi reconnu une "amitié sincère" entre son épouse et Rafaela Aponte, avec des séjours annuels de Sylvie Kohler ou de leurs enfants de 2009 à 2013 et en 2019 sur des yachts MSC, souvent avec des membres du clan Aponte.
Lors de l'interrogatoire, les juges d'instruction ont souligné que cet "intérêt moral" pouvait "compromettre l'impartialité, l'indépendance ou l'objectivité" d'Alexis Kohler.
Emmanuel Macron a exprimé à plusieurs reprises sa "confiance" en son secrétaire général. Sur la chaîne publique France 2 en mars, le chef de l'Etat avait défendu "l'honnêteté" de son bras droit.