CANNES: La région arabe peut devenir le prochain centre mondial des arts en raison du nombre croissant d’artistes talentueux qui montrent qu’ils méritent une place sur la scène mondiale: c’est ce que déclare le comédien Mo Amer, lauréat de plusieurs Awards.
«Tout dépend de la façon dont vous alimentez la région et dont vous en prenez soin. Il est très difficile d’être conscient de tout cela», confie M. Amer à Arab News lors du Cannes Lions International Festival for Creativity.
L’acteur souligne qu’il est rare que l’investissement monétaire produise des talents de qualité; il défend l’importance de l’éducation, de la pratique et du renforcement de la culture dans les industries créatives.
«Je pense qu’il est possible d’être très progressiste tout en étant ancré dans nos racines historiques […] Je considère que cette période est une occasion en or pour cultiver cela et je suis très enthousiaste non seulement à l’idée d’en être témoin, mais aussi d’en faire partie», précise-t-il.
L’acteur salue les efforts des Saoudiens qui se fraient un chemin sur la scène mondiale du divertissement, en particulier ceux de Moayad Alnefaie, comédien devenu rappeur, qui fait des apparitions régulières dans la série télévisée à succès de M. Amer, Mo.
«Il y a beaucoup de jeunes talents en Arabie saoudite en ce moment et c’est très beau. J’aimerais en voir de plus en plus et il est de ma responsabilité de les aider s’ils me le demandent. Je serai là pour les guider s’ils en ont besoin à travers les étapes qu’ils traverseront», soutient M. Amer.
Ce dernier affirme que de nombreux artistes arabo-américains ont fait des progrès considérables dans le monde créatif en tant qu’interprètes ou dirigeants d’entreprise. Il est sans doute plus important d’être du côté commercial afin d’offrir de plus grandes possibilités pour la région arabe, note l’acteur.
Il insiste sur la nécessité pour les artistes venant du Moyen-Orient de se montrer innovants et de créer des genres, tout en restant fidèles à leurs racines.
«Notre langue a des racines trilatérales; elle est complexe et profondément détaillée. Quel privilège pour nous d’avoir cette richesse! Il est de notre responsabilité d’en informer le monde et je pense que nous vivons à une époque où nous sommes capables de le faire», confie-t-il encore.
C’est aussi le rôle de l’artiste d’expliquer l’histoire de la région. «Vous devez faire vos devoirs», précise M. Amer. Lors du lancement, qu’il s’agisse d’œuvres musicales, de séries télévisées ou d’autres projets créatifs, «il est indispensable d’être à la fois contemporain et intemporel», déclare-t-il.
La comédie est souvent considérée comme un moyen léger d’introduire des questions controversées dans la sphère publique. Au fil de propre carrière dans le stand-up, M. Amer a choisi de mettre en scène les événements qui ont façonné sa vie et continuent de le faire – le profilage racial dans les aéroports, les difficultés à obtenir la citoyenneté américaine, et même les débats sur l’origine du houmous.
«Parfois, c’est bien de ne chercher qu’à divertir. […] Tout ne doit pas nécessairement être nourri d’arrière-pensées. Personnellement, j’ai choisi cette voie, parce que je trouve cela plus stimulant. Cela me rend enthousiaste parce que c’est différent. C’est instructif, c’est vraiment drôle, mais cela présente également un objectif.»
Une grande partie du travail de M. Amer cherche à recadrer le récit stéréotypé sur la région arabe. L’idée est de ne pas se concentrer exclusivement sur les conflits et les questions politiques, mais d’adopter une approche tournée vers l’avenir.
«Nous sommes certainement l’une des minorités les plus sous-représentées au monde. Compte tenu de notre contribution à l’humanité, c’est tout de même très surprenant. Je pense qu’il est vraiment important de se concentrer sur l’avenir et de ne pas regarder en arrière – c’est d’ailleurs contraire à nos propres croyances religieuses. Les scénarios hypothétiques sont vivement déconseillés.»
Il affirme que la question devrait être posée différemment: «Que faire maintenant? Comment aller de l’avant et créer quelque chose de spécial?»
M. Amer n’a pas fourni de détails sur ses projets; il a simplement révélé qu’il «préparait quelque chose».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com