TRIPOLI, Libye : Les autorités libyennes ont annoncé jeudi l'ouverture d'enquêtes après un tollé suscité par des révélations sur de généreuses bourses d'études en Turquie dont bénéficient de nombreux proches de hauts responsables de l'Etat.
Des internautes et des journalistes ont crié au népotisme en épluchant les noms de quelque 1.900 boursiers bénéficiant d'une allocation mensuelle allant de 2.000 à 3.000 euros pour faire des études en Turquie en 2023.
En poussant les recherches pour identifier des bénéficiaires dont le numéro d'identité nationale figurent sur les listes sans leurs noms complets, ils ont découvert qu'il s'agissait de proches de ministres, de hauts responsables de l'Etat ou de chefs de milice.
La vague d'indignation suscitée par ces révélations est d'autant plus grande que certains «boursiers» bénéficiant d'allocations d'études en Turquie, vivent en réalité en Libye.
L'âge et le profil de certains bénéficiaires alimentent le scandale. C'est le cas par exemple de deux frères âgés de 57 et 70 ans, qui seraient accompagnés, aux frais de l'Etat, par respectivement 10 et 15 membres de leurs familles.
Autre boursier au profil étonnant: une femme âgée de 74 ans bénéficiant d'une bourse de plus de 2.700 dollars mensuels pour faire des études d'informatique en Turquie. Des internautes l'ont identifiée sur les réseaux sociaux comme une proche d'une influente personnalité libyenne.
Face au tollé, le chef du gouvernement basé à Tripoli Abdelhamid Dbeibah a annoncé jeudi la mise en place d'une «commission d'enquête chargée de revoir les listes de bénéficiaires et vérifier le mécanismes de sélection appliquée par le ministère de l'Enseignement supérieur».
Le procureur général a aussi annoncé l'ouverture d'une enquête et la suspension, en attendant ses conclusions, du versement des bourses d'études en Turquie aux bénéfices des «étudiants» figurant sur les listes controversées.
Les listes comptent «1.895 boursiers» auxquels sont versés chaque trimestre un total de plus de 14 millions d'euros, a indiqué le parquet dans un communiqué sur Facebook.
Riche pays pétrolier --avec 1,6 milliard de dollars de revenus en mai selon les chiffres officiels--, la Libye est en proie au chaos depuis le renversement du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
Deux gouvernements s'y disputent le pouvoir depuis plus d'un an: l'un installé à Tripoli (ouest), dirigé par M. Dbeibah, l'autre dans l'Est, soutenu par le très puissant maréchal Khalifa Haftar.