En Irak, le compte à rebours a commencé pour la visite du pape

La messe suit son court dans l’église de Mar Adday, dans la ville irakienne de Karemlash (Photo, Zaid AL-OBEIDI/AFP).
La messe suit son court dans l’église de Mar Adday, dans la ville irakienne de Karemlash (Photo, Zaid AL-OBEIDI/AFP).
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Publié le Mercredi 09 décembre 2020

En Irak, le compte à rebours a commencé pour la visite du pape

  • Le Vatican a annoncé lundi ce premier voyage du pape à l'étranger depuis le début de la pandémie, et première historique pour un souverain pontife
  • La communauté chrétienne de cette région du nord de l'Irak n'est pas encore revenue en masse à cause des vives tensions entre groupes armés

KAREMLASH: La messe matinale du village irakien de Karemlash, un temps tenu par le groupe Etat islamique, est généralement tristounette. Mais cette semaine, les paroissiens se réjouissaient : le pape François va venir.

« Nous sommes tous très contents. Nous attendions cela depuis si longtemps », se ravit Adiba Henna, 45 ans, après la messe à l'église chaldéenne Saint-Adday. « A chaque fois qu'il se rendait dans un pays, nous nous demandions pourquoi il ne venait pas en Irak. N'y a-t-il pas de chrétiens en Irak ? »

Le Vatican a annoncé lundi ce premier voyage du pape à l'étranger depuis le début de la pandémie, et première historique pour un souverain pontife.

« Le pape François effectuera un voyage apostolique dans ce pays du 5 au 8 mars 2021, visitant Bagdad, la plaine d'Ur liée à la mémoire d'Abraham, la ville d'Erbil, ainsi que Mossoul et Qaraqosh dans la plaine de Ninive », selon le Vatican.

Cette plaine a été occupée par les jihadistes de l'EI entre 2014 et 2017.

La communauté chrétienne de cette région du nord de l'Irak n'est pas encore revenue en masse à cause des vives tensions entre groupes armés et de la destruction de nombreuses infrastructures publiques.

Ainsi, seulement la moitié des 800 familles qui vivaient dans le village historique de Karemlash, à 28 km de Mossoul, chef-lieu de la province de Ninive et ex-bastion jihadiste, y sont retournées.

Le prêtre Thabet al-Mekko, de l'église Saint-Adday, « espère que cette visite parviendra à empêcher un changement démographique, à préserver l'identité de notre région et à pousser le gouvernement à commencer sérieusement à reconstruire nos régions ».

« Nous avons commencé le compte à rebours. Nous avons besoin de nous sentir plus près de la communauté chrétienne du reste du monde », ajoute-t-il.

« Unique à l'Irak »

Avant l'invasion américaine de 2003, l'Irak --pays à majorité musulmane-- comptait un million et demi de chrétiens. Ils ne sont plus que 300 000 à 400 000, selon l'ONG Hammourabi, qui milite pour la défense des droits de la minorité chrétienne en Irak.

Zouhair Mansour, directeur d'école à Karemlash, pense que le pape pourrait aider l'Irak à guérir.

« Ce pourrait être un pas vers la construction de la paix dans ce pays blessé », espère-t-il, devant l'église Saint-Adday, restaurée après que Karemlash a été repris aux jihadistes en 2016.

Le pape François a été formellement invité en 2019 par le président irakien Barham Saleh, mais ses voyages ont été annulés en raison de la pandémie. Ce sera son premier déplacement à l'étranger depuis novembre 2019.

L'Irak est la destination parfaite, estime Louis Sako, patriarche de l'Eglise catholique chaldéenne d'Irak.

« Une visite à Ur, c'est une visite à Abraham, le père de tous les croyants. C'est un pèlerinage dans une famille abrahamique qui devrait rapprocher les gens, non pas les éloigner les uns des autres », ajoute-t-il. « C'est unique à l'Irak --le pape ne peut pas faire ça ailleurs. »

« Cadeau de Noël »

Si l'Irak n'est plus le théâtre d'un conflit actif, des milliers de personnes sont décédées du Covid-19 et le pays subit une grave crise budgétaire qui va doubler le taux de pauvreté cette année. 

Par ailleurs, un mouvement de protestation inédit a débuté en octobre 2019, entraînant la mort de 600 personnes.

Lors d'une messe il y a un an, le pape a dit avoir « appris avec douleur que les manifestations (...) ont reçu une dure réaction qui a causé des dizaines de victimes » en Irak.

Sa visite pourrait permettre de tourner la page : « Nous avons besoin d'entendre une voix qui change du bruit des tirs », souligne le patriarche Sako.

Martin Banni, prêtre de 29 ans à l'église de l'Assomption de la Vierge Marie à Bagdad, souhaite que cette visite entraîne un véritable changement pour les chrétiens.

« Nous espérons que ce ne sera pas seulement une visite médiatique et qu'elle aura un impact sur nos dirigeants », poursuit le prêtre, qui a fui Karemlash en 2014.

« La nouvelle de la visite du pape est formidable, c'est un merveilleux cadeau de Noël », se réjouit celui dont l'église modeste n'est pas encore décorée pour les Fêtes. « Nous allons célébrer la naissance du Christ le 25 décembre, et la venue du pape en mars ».


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".