ALGER: L'Algérie a réagi officiellement aux propos tenus le 16 juin par la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, qui avait qualifié la décision de réintégrer un couplet de l’hymne national algérien mentionnant la France d’être «à contretemps».
Dans une interview accordé à LCI, la ministre s’était interrogé sur «la décision d'étendre l'usage d'un hymne qui date d'une autre époque au moment même où le président de la République Emmanuel Macron et le président (algérien Abdelmadjid) Tebboune ont décidé, à l'été dernier, de donner un nouvel élan à nos relations».
En visite en Italie ce mardi, Ahmed Attaf – chef de la diplomatie algérienne – s'est dit «surpris» que la ministre française se «soit permise d’émettre un avis sur l’hymne national algérien» lors d’une interview accordé à l'agence Nova. Ajoutant que la ministre française pouvait aussi critiquer la «musique de l’hymne national, qui, peut-être, ne lui plait pas non plus».
Attaf a par ailleurs exprimé son regret face à la facilité avec laquelle certains partis et personnalités en France utilisent le nom de l'Algérie à des fins politiques.
Un couplet qui ne passe pas
Par le biais d'un décret signé en mai dernier, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait étendu le champ d'application de la version complète de l'hymne national algérien, «Kassaman».
«Ô France ! Le temps des palabres est révolu. Nous l’avons clos comme on ferme un livre. Ô France! Voici venu le jour où il te faut rendre des comptes. Prépare-toi! Voici notre réponse. Le verdict, notre révolution le rendra. Car nous avons décidé que l’Algérie vivra. Soyez-en témoin! Soyez-en témoin! Soyez-en témoin!», peut-on lire dans la version qui sera dorénavant jouée lors de chaque cérémonie officielle en présence du président de la République.
Attaf a aussi évoqué les récents appels en France à la révocation de l'accord franco-algérien de 1968 sur l'immigration algérienne, affirmant «ne pas comprendre pourquoi tout ce tapage maintenant».
Pour le diplomate, certains politiques français tenteraient de tirer profit des opportunités politiques qui se présentent à eux.
Ingérence
Les déclarations de Catherine Colonna ont suscité de vives réactions en Algérie et ont été perçues comme une ingérence dans une question relevant de la souveraineté nationale.
L’ancien diplomate Abdelaziz Rahabi a qualifié les propos de la ministre d'«inopportuns et inacceptables».
Pour sa part, le parti Jil Jadid a accusé la France de vouloir «surfer sur la vague anti-algérienne des nostalgiques du colonialisme».
Quand au parti du historique du Front de libération nationale (FLN) – qui y voit une «provocation» et une «hostilité» – les propos de Colonna «lèvent le voile sur la véritable politique de la France vis-à-vis de l’Algérie, basée sur la haine», témoignant d’«un manque de sérieux pour l’établissement d’une relation basée sur la réciprocité et l’intérêt mutuel».