Le Premier ministre chinois reçu par Scholz, test pour la relation entre Pékin et Berlin

Le chancelier allemand Olaf Scholz (à droite) et le Premier ministre chinois Li Qiang (à gauche) arrivent pour assister aux consultations économiques germano-chinoises le 20 juin 2023 à la Chancellerie de Berlin. (AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz (à droite) et le Premier ministre chinois Li Qiang (à gauche) arrivent pour assister aux consultations économiques germano-chinoises le 20 juin 2023 à la Chancellerie de Berlin. (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 20 juin 2023

Le Premier ministre chinois reçu par Scholz, test pour la relation entre Pékin et Berlin

  • Le président allemand a donné le ton des échanges, en soulignant par la voix de sa porte-parole que «la Chine est un partenaire pour l'Allemagne et l'Europe, mais aussi de plus en plus un concurrent et un rival sur la scène politique»
  • Sur le plan économique, Berlin mise sur une diversification de ses partenaires pour «réduire les risques» liés à sa trop grande dépendance au géant asiatique dans les secteurs stratégiques

BERLIN: Le chancelier Olaf Scholz reçoit mardi le Premier ministre chinois Li Qiang pour des entretiens délicats en plein réajustement diplomatique envers la Chine, qui reste son premier partenaire commercial.

Le responsable chinois, nommé en mars, a choisi l'Allemagne pour sa première visite officielle à l'étranger.

Le président allemand Franck-Walter Steinmeier, qui a accueilli Li Qiang lundi à son arrivée, a donné le ton des échanges, en soulignant par la voix de sa porte-parole que "la Chine est un partenaire pour l'Allemagne et l'Europe, mais aussi de plus en plus un concurrent et un rival sur la scène politique".

Mardi matin, tapis rouge et honneurs militaires ont donné le coup d'envoi des entretiens à la chancellerie. Huit ministres allemands participent aux consultations, dont ceux de l'Economie, des Finances, des Affaires étrangères.

Des déclarations sont attendues à la mi-journée.

C'est "un test pour savoir si un véritable partenariat entre Berlin et Pékin est encore possible", estime pour l'AFP Thorsten Benner, directeur de l'Institut global des politiques publiques publics (GPPI).

La visite devrait marquer une inflexion par rapport aux années passées, notamment l'ère de la chancelière Angela Merkel quand l'Allemagne cherchait avant tout à renforcer ses relations commerciales avec la Chine.

«Tourbillon de division»

Sur le plan économique, Berlin mise sur une diversification de ses partenaires pour "réduire les risques" liés à sa trop grande dépendance au géant asiatique dans les secteurs stratégiques.

Côté diplomatie, les menaces chinoises visant Taïwan, les accusations de persécutions contre les Ouïghours, l'absence de condamnation par Xi Jinping de l'invasion russe de l'Ukraine ont creusé le fossé avec Pékin.

Témoin de ce réajustement, la publication la semaine dernière par Berlin d'un document qui décrit la Chine comme une force hostile.

La Chine agit "à l'encontre de nos intérêts et valeurs", accuse notamment le gouvernement allemand dans sa "Stratégie de sécurité nationale".

Mais il souligne aussi la nécessité de continuer à traiter le pays en "partenaire" et d'obtenir la coopération de Pékin sur des enjeux internationaux comme la lutte contre le changement climatique.

Pékin s'est insurgé contre le fait d'être qualifié de "partenaire, concurrent et rival systémique" dans le texte, affirmant que de tels qualificatifs ne feraient que "pousser notre monde vers un tourbillon de division et de confrontation".

Le dernier rapport, publié mardi, des renseignements allemands désigne également la Chine comme la "plus grande menace en matière d'espionnage économique et scientifique, et d'investissements directs étrangers en Allemagne".

Lors de sa rencontre avec le président allemand, Li Qiang a assuré que la Chine était prête à travailler avec l'Allemagne pour contribuer à "la stabilité et la prospérité mondiales".

Pékin et Washington ont renoué le dialogue lors d'une visite du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken dans la capitale chinoise dimanche et lundi. Mais les désaccords demeurent profonds entre les deux grandes puissances.

Equilibre difficile 

En pleine période de tensions sino-américaines, l'Allemagne est un interlocuteur privilégié pour Pékin. A plus forte raison au moment où les moteurs de la croissance du pays peinent à retrouver de l'élan après la pandémie de Covid.

"La Chine pourrait chercher à obtenir le soutien de Berlin pour tenter de maintenir le libre-échange entre la Chine et l'UE", note Gregor Sebastian, économiste à l'institut Mercator d'études sur la Chine (Merics) à Berlin.

"Pékin veut montrer que le dialogue avec l'un de ses principaux partenaires commerciaux se poursuit", note Mikko Huotari, un autre chercheur de Merics.

D'autant que de Siemens à BASF, en passant par les constructeurs automobiles, les grands industriels allemands continuent d'investir massivement sur le marché chinois, crucial pour leur activité.

Pour le magazine Spiegel, "il est presque impossible de trouver la bonne façon de traiter avec la Chine". Les tensions géopolitiques, économiques, sur les droits de l'homme s'accumulent, note l'hebdomadaire, mais il est "important de continuer à avoir une relation de confiance" avec Pékin.

Et l'hebdomadaire de conclure: "gérer cet équilibre sans souffrir d'une hernie est un véritable défi, non seulement lors des négociations de mardi, mais aussi dans les années et les décennies à venir".


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Short Url
  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
Short Url
  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Short Url
  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.