PARIS: Une décision récente de M. Tebboune risquerait-elle d'aggraver les relations déjà tendues entre la France et l'Algérie? Le 21 mai dernier, un décret présidentiel portant sur l’hymne national Kassaman («Nous jurons»), est paru au Journal officiel algérien. Il y est question de réintégrer un passage anti-France retiré en 1986 pour des considérations politiques.
Unique hymne national citant nommément un autre pays, il sera désormais joué dans sa version intégrale pour toutes les commémorations et cérémonies officielles en présence du président de la République mais aussi lors des visites officielles des chefs d'État.
Ainsi, lors d’une éventuelle visite d’Emmanuel Macron en Algérie, c’est avec ce couplet qu’il sera accueilli: « Ô France! Le temps des palabres est révolu. Nous l'avons clos comme on ferme un livre. Ô France! Voici venu le jour où il te faut rendre des comptes. Prépare-toi! Voici notre réponse. Le verdict, notre révolution le rendra. Car nous avons décidé que l'Algérie vivra. Soyez-en témoin!»
Depuis trente-sept ans, l’hymne national était scandé dans son intégralité – cinq couplets, le troisième faisant polémique – uniquement lors des congrès du FLN ou encore à l’occasion de l’investiture du président de la République. Né de la plume du poète Moufdi Zakaria en 1955, l’hymne algérien fut adopté huit ans plus tard, tout juste après l’Indépendance. Durant le mandat de Chadli Bendjedid, les autorités auraient tenté de retirer le troisième couplet, en vain. L’usage en a donc simplement été restreint.
Cette envolée lyrique, profondément politique, s’inscrit dans un contexte de tensions montantes entre les deux pays, alors même qu’une visite d’État d’Abdelmadjid Tebboune en France avait été annoncée le 23 avril dernier pour la deuxième moitié du mois de juin.