BEYROUTH: Les députés libanais tenteront mercredi pour la douzième fois d'élire un successeur à Michel Aoun, dont le mandat présidentiel s'est achevé en octobre.
Les anciens ministres Sleiman Frangié et Jihad Azour ont officiellement annoncé leur candidature à la présidence deux jours avant la douzième session du vote parlementaire.
Le patriarcat maronite a déclaré se tenir «à équidistance de tous les candidats».
Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib a indiqué lundi que Jean-Yves Le Drian, l'envoyé français pour le Liban, arriverait à Beyrouth la semaine prochaine pour des consultations sur le dossier de la présidence.
Les députés sunnites – soit 27 des 128 députés – ne devraient pas jouer un rôle décisif car leurs votes sont divisés entre les candidats. En effet, le camp d'Azour, y compris les blocs chrétiens, s'oppose au Hezbollah.
Candidat pour l’unité du Liban
Lundi, Jihad Azour a déclaré dans un communiqué n’être «ni un candidat de confrontation, ni le produit d'une expérimentation partisane, dans le respect total des partis libanais», ajoutant, «je ne suis pas le défenseur d'une confession contre une autre ou contre d'autres confessions.»
Azour considère sa candidature comme «une invitation à l'unité, à la rupture des alignements et à la recherche d'un terrain d'entente pour surmonter la crise».
«Il est vrai que les problèmes du Liban ne sont pas faciles à résoudre, mais ils peuvent être traités», poursuit-il.
«Ne voyez-vous pas que nous sommes préoccupés par des discours de division et d'intimidation, alors que notre pays est complètement isolé de toutes les voies de réconciliation, de rapprochement et des développements en cours dans la région ?»
Azour affirme appartenir à «l'école du dialogue et de la convergence».
«Je tends la main pour inclure toutes les composantes et les forces politiques qui sont des partenaires de la nation, sur la base du principe de convergence pour parvenir à un consensus national dont le Liban a plus que jamais besoin», affirme-t-il.
Il souligne la nécessité d'une «indépendance totale à l'égard de toute ingérence extérieure, de la protection du territoire et de l'entière souveraineté, du rétablissement du prestige de l'État et de ses institutions, de l'adhésion à la Constitution et de la consolidation du document d'entente nationale en le mettant en œuvre dans son intégralité, car il s'agit du terrain d'entente supérieur et de la véritable base de la coexistence».
«Je travaillerai en coopération avec tout le monde pour rétablir les liens qui ont été rompus avec notre environnement arabe et avec les autres pays du monde», poursuit-il.
«Le président de tous les Libanais»
La semaine dernière, Azour a annoncé qu'il avait temporairement renoncé à ses fonctions de directeur du département du Moyen-Orient et de l'Asie centrale au FMI afin d'éviter toute impression de conflit d'intérêts.
Son rival Frangié, chef du mouvement Marada, soutenu par le Hezbollah, le mouvement Amal et ses alliés, a officiellement annoncé sa candidature dimanche soir.
«Si je deviens président, je serai le président de tous les Libanais», a-t-il déclaré, soulignant sa préoccupation face à «l'incapacité d'élire un président dans ces circonstances».
«Nous nous dirigeons vers des divisions politiques.»
Frangié a émis des critiques visant ses opposants ainsi que l'ancien ministre Ziad Baroud, qui avait été choisi par certains blocs parlementaires.
Il a soigneusement évité d’évoquer des sujets tels que l’armement du Hezbollah, de sa stratégie de défense, la question des réfugiés syriens et la crise économique frappant le pays.
Pour sa part, le député Bilal Hashimi, qui soutient la candidature d'Azour, a indiqué à Arab News que «les députés indécis doivent assumer leurs responsabilités, d'autant plus qu'il n'y a plus assez de temps pour manœuvrer, choisir un troisième candidat ou recourir au vote blanc.»
Hashimi a également prévenu que l'équipe du Hezbollah continuerait à «manœuvrer et à jouer sur le temps jusqu'à la capitulation de l'opposition, comme cela s'est déjà produit par le passé».
Le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, le député Mohammed Raad, a accusé les partisans d'Azour d'avoir «l'intention de présenter un candidat qui rivalise avec le mouvement de résistance et de l'utiliser uniquement pour empêcher le candidat de la résistance d'accéder à la présidence».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com