RIYAD : L'Arabie saoudite et les Etats-Unis ont exhorté dimanche les parties belligérantes au Soudan à se ressaisir après la reprise des combats à l'expiration d'un cessez-le-feu de 24 heures.
Dans une déclaration commune, les partenaires ont condamné la reprise des violences, qu'ils ont qualifiée de regrettables comptes tenu du commandement et de la maîtrise efficaces de leurs forces respectives par l'armée soudanaise et les forces paramilitaires de soutien rapide (RSF) au cours de la période de cessez-le-feu.
Dès que le cessez-le-feu de 24 heures a pris fin dimanche, de violents affrontements et des tirs d'artillerie ont éclaté dans la capitale soudanaise, Khartoum.
Plus de 1 800 personnes auraient été tuées depuis que l'armée dirigée par le général Abdel Fattah Burhan et le RSF dirigé par son ancien adjoint Mohamed Hamdan Daglo ont commencé les hostilités à la mi-avril, selon les chiffres du Armed Conflict Location and Event Data Project (projet de données sur les lieux et les événements des conflits armés).
L'Arabie saoudite et les États-Unis ont réussi à amener les deux parties à la table des négociations en mai, en signant ce qui est devenu la déclaration de Djeddah, qui s'engage à rétablir la paix dans ce pays pauvre d'Afrique du Nord.
Un certain nombre de cessez-le-feu temporaires ont été convenus pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire aux civils pris au piège, mais la violence a persisté.
Les deux parties belligérantes ont "accepté de permettre la circulation et l'acheminement sans entrave de l'aide humanitaire dans tout le pays", a déclaré samedi le ministère saoudien des affaires étrangères.
Dans la déclaration commune de dimanche, les médiateurs saoudiens et américains se sont dits "prêts à reprendre les pourparlers officiels à Djeddah, mais seulement une fois que les parties auront démontré leur engagement à respecter leurs obligations en vertu de la Déclaration de Djeddah pour la protection des civils du Soudan".
"Le Royaume d'Arabie saoudite et les États-Unis restent aux côtés du peuple soudanais et exhortent les parties à mettre fin immédiatement aux combats.
"Il n'y a pas de solution militaire acceptable au conflit. En plus de s'engager avec les parties, les médiateurs continuent à se coordonner avec les partenaires régionaux et internationaux pour mettre fin aux combats et minimiser leur impact sur la région, et pour intensifier la coordination avec les acteurs civils soudanais, qui doivent être les auteurs de l'avenir de leur pays", indique la déclaration publiée par le ministère saoudien des Affaires étrangères.
Le conflit a provoqué le déplacement de plus de 1,9 million de personnes, déclenchant une crise humanitaire majeure qui menace de s'étendre à toute une région instable.
Les combats se sont concentrés dans la capitale, dont une grande partie est devenue une zone de guerre en proie aux pillages et aux affrontements. Mais des troubles ont également éclaté ailleurs, notamment dans la région occidentale du Darfour, qui souffre déjà d'un conflit ayant atteint son paroxysme au début des années 2000.
Les habitants et les militants ont signalé une nouvelle détérioration ces derniers jours à El Geneina, près de la frontière avec le Tchad, et de nouvelles vagues d'attaques par des tribus nomades arabes ayant des liens avec la RSF.
Parmi les personnes tuées figure un certain nombre de militants des droits de l'homme, d'avocats et de médecins, selon l'Association du Barreau du Darfour, qui surveille le conflit dans la région.
La ville est largement coupée des réseaux téléphoniques depuis plusieurs semaines.
Selon les Nations unies, un nombre record de 25 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population, ont besoin d'aide et de protection.
Les combats ont ravagé Khartoum et la région occidentale du Darfour, déracinant près de deux millions de personnes, dont 476 000 ont cherché refuge dans les pays voisins, selon les Nations unies.
Plus de 200 000 d'entre elles sont entrées en Égypte, principalement par voie terrestre.
Le Caire a toutefois annoncé samedi qu'il durcissait les conditions d'obtention des visas pour les Soudanais qui en étaient jusqu'alors exemptés : femmes de tous âges, enfants de moins de 16 ans et personnes âgées de plus de 50 ans.
L'Egypte a déclaré que les nouvelles exigences n'étaient pas conçues pour "empêcher ou limiter" l'entrée des Soudanais, mais plutôt pour mettre fin aux "activités illégales d'individus et de groupes du côté soudanais de la frontière, qui falsifient des visas d'entrée" à des fins lucratives.
(Avec AFP et Reuters)
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com