«Nous espérions que le Soudan ait une chance de retrouver la stabilité », déclare l'envoyée de l'UE pour le Sahel

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Publié le Lundi 12 juin 2023

«Nous espérions que le Soudan ait une chance de retrouver la stabilité », déclare l'envoyée de l'UE pour le Sahel

  • Emanuela C. Del Re est «très attristée par la crise», mais souligne la nécessité d'aider les pays, en particulier ceux qui se trouvent «dans une situation très difficile»
  • Elle a fait ces commentaires en marge de la conférence sur la lutte contre le terrorisme qui s'est tenue à Riyad, affirmant qu’elle aura «une grande importance pour longtemps»

RIYAD: Bien que le conflit au Soudan soit considéré par de nombreux acteurs de la sphère du développement international comme un revers majeur, la représentante spéciale de l'UE pour le Sahel estime que les donateurs et les agences d'aide ne doivent pas perdre espoir, mais continuer à s'engager.

S'adressant à Arab News en marge de la réunion ministérielle de la Coalition mondiale pour vaincre Daech à Riyad jeudi, Emanuela C. Del Re a déclaré qu'il y avait de grands espoirs que le Soudan se stabilise et prospère, après le renversement du dictateur de longue date Omar al-Bachir en 2019.

Toutefois, ces premières lueurs d'espoir ont été rapidement anéanties après la destitution d'Abdallah Hamdok, chef de l'éphémère gouvernement de transition par l'armée, en octobre 2021, suivie d'une soudaine flambée de violence entre les forces armées soudanaises et les forces paramilitaires de soutien rapide le 15 avril de cette année.

«J'ai été très attristée par la crise au Soudan. Il y a eu un moment où nous espérions vraiment que le pays aurait une chance de se stabiliser et de prospérer», a indiqué Del Re.

Rappelant les manifestations de masse qui ont poussé l'armée à agir contre Al-Bachir, elle a signalé que la communauté internationale avait été inspirée par l'énergie et l'ambition de la jeunesse urbaine soudanaise qui a mené la révolte et qu'elle avait été désireuse de l'aider à atteindre ses objectifs.

«C'était un moment où les étudiants des universités proposaient une nouvelle société», a-t-elle précisé. «À cette époque, la communauté internationale apportait un soutien important et les dirigeants étaient prêts à créer une nouvelle renaissance pour le pays.»

Au sein des affrontements entre l'armée régulière, dirigée par le président de facto du Soudan, Abdel Fattah al-Burhan, et les forces de soutien rapide, dirigées par l'adjoint d’Al-Burhan, devenu son rival, Mohamed «Hemedti» Hamdan Dagalo, Del Re a mentionné qu'il y avait un risque que le monde renonce à la transformation du Soudan.

«C'est particulièrement triste parce que cela a un impact sur l'opinion publique mondiale, faisant penser aux gens que peu importe le montant des investissements, il se produira toujours quelque chose qui pourra détruire complètement ce que vous avez construit», a-t-elle prévenu.

«Nous ne devons pas perdre notre optimisme, mais continuer à croire que nous devons aider les pays, surtout s'ils se trouvent dans une situation très difficile.»

Les femmes et les jeunes filles sont particulièrement vulnérables parmi les personnes déplacées au Soudan. Des histoires de harcèlement, de violence et de viol affluent déjà du pays, où les hommes armés peuvent agir en toute impunité dans un contexte d'anarchie.

Interrogée sur les mesures prises par l'Union européenne pour faire pression sur les factions en conflit afin qu'elles s'assurent que leurs forces armées ne prennent pas pour cible les femmes et les jeunes filles, Del Re a rappelé le bilan de l'Union en matière de protection et sa contribution à l'interdiction de la pratique des mutilations génitales féminines.

«Certes, nous faisons beaucoup», a-t-elle affirmé. «Nous nous engageons toujours dans des projets visant à protéger les femmes et les jeunes filles et nous les finançons, et tous nos projets ont obtenu de bons résultats au Soudan.»

«Par exemple, à un moment donné, le fait que, sous la pression de la communauté internationale, les mutilations génitales féminines aient été introduites dans le code pénal en tant que crime a été une grande réussite.»

Depuis le début des violences au Soudan, il y a près de deux mois, les analystes de la sécurité s'inquiètent du risque de propagation du conflit au Sahel, une région du continent africain qui comprend des parties du Sénégal, de la Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, de l'Algérie, du Niger, du Nigeria, du Cameroun, de la République centrafricaine, du Tchad, du Soudan, du Sud-Soudan, de l'Érythrée et de l'Éthiopie.

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Le ministre d'État aux Affaires étrangères, membre du Conseil des ministres et envoyé pour le climat de l'Arabie Saoudite, Adel al-Jubeir, reçoit la représentante spéciale de l'Union européenne pour la région du Sahel, Claudia C. Del Rey. Les deux diplomates ont passé en revue les aspects de la coopération entre l'Arabie Saoudite et l'Union européenne, ainsi que les questions d'intérêt commun (Photo fournie).

La prolifération des armes légères, l'implication de mercenaires et, plus immédiatement, les déplacements transfrontaliers massifs de populations civiles, qui pourraient déclencher une nouvelle crise mondiale des réfugiés, constituent autant de répercussions éventuelles.

La contribution de l'UE aux travaux de la Coalition mondiale pour vaincre Daech prend, dans une large mesure, la forme d'un financement des initiatives de lutte contre le terrorisme et la radicalisation.

«Le rôle de l'UE est très important car elle est composée de 27 pays et leur contribution aux questions de terrorisme est très cohérente», a expliqué Del Re. «Nous dépensons chaque année quelque 500 millions d'euros dans des activités consacrées à la lutte contre le terrorisme.»

«Si vous regardez le montant total, 60% de l'argent que nous dépensons dans les missions, les activités et les actions sont consacrés à l'Afrique et au Sahel. Nous sommes particulièrement intéressés à lutter contre le terrorisme au profit du continent africain et du monde en général.»

«Nous savons très bien que si nous ne parvenons pas à équilibrer les pouvoirs et à offrir des opportunités à toutes les populations, nous ne pourrons pas lutter contre ce phénomène très grave.»

La stratégie de l'UE pour la sécurité et le développement, qui a introduit une nouvelle «vision intégrée» pour le Sahel en 2021 en matière de sécurité, en fait partie.

«Nous devons agir dans tous les secteurs pour nous assurer que la société développe une forte résilience face à toutes sortes de menaces sécuritaires, le terrorisme bien sûr, et cela n'est possible qu'en travaillant sur l'éducation, la santé et l'accès aux services de base», a clarifié Del Re.

«Si nous pouvons aider les pays du Sahel à développer un système de protection sociale solide, ce sera le début d'un changement. À l'heure actuelle, la véritable menace que représentent les terroristes n'est pas seulement la violence, qui fait déjà de nombreuses victimes. En raison de l'absence de pouvoir et d'institutions, les terroristes sont en mesure de créer un système alternatif de protection sociale, qui est absolument faux.»

«Bien sûr, c'est le plus grand défi et le plus grand danger, car si le territoire est contrôlé par les terroristes, il sera très difficile de le reconquérir. Et les populations y perdent, en particulier les jeunes, qui sont recrutés en recevant une petite somme d'argent, en se voyant promettre une carrière.»

«On leur donne une arme qui leur donne un sentiment de puissance, car les jeunes se sentent souvent très marginalisés et humiliés.»

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Rachid Hassan d'Arab News a interviewé Emanuela C. Del Re, représentante spéciale de l'UE pour le Sahel, jeudi à Riyad (Photo, AN/ AFG Shulhub).

Afin de protéger les communautés déplacées et les pays d'accueil dans le Sahel, Del Re a déclaré que l'UE faisait don de fonds pour soutenir les programmes humanitaires, en mettant l'accent sur le Tchad, un pays qui, au 5 juin, avait accueilli 113 332 personnes en provenance du Soudan.

En tant que l'un des pays les moins bien équipés pour accueillir les réfugiés, Del Re a révélé que le Tchad a déjà reçu des citoyens soudanais déplacés par les crises précédentes.

«L'UE apporte son soutien en termes d'aide humanitaire, en particulier au Tchad», a-t-elle indiqué. «C'est notre devoir et notre soutien en termes d'aide humanitaire est particulièrement cohérent. Nous sommes l'un des plus grands donateurs au niveau mondial et en particulier au Sahel.»

Commentant la conférence CCG-UE sur la lutte contre l'idéologie extrémiste et la radicalisation, qui s'est achevée mercredi au secrétariat général du CCG à Riyad, Del Re a déclaré que l'objectif principal était d'identifier les causes et les remèdes possibles à la radicalisation.

«J'ai souligné la perception que nous avons, par exemple, d'une région spécifique comme le Sahel en Afrique, où le terrorisme est en fait multiforme, avec des identités très différentes, et nous avons besoin de cela pour redéfinir notre stratégie de lutte contre ce fléau», a-t-elle expliqué.

«La chose la plus importante qui est ressortie est la nécessité de travailler sur les causes profondes du terrorisme, de la pauvreté au manque d'éducation et d'accès aux services de base, de travailler à la création d'un bon système de gouvernance qui peut renforcer le contrat social et s'assurer que les gens peuvent développer leurs propres compétences, que nous avons des emplois pour les jeunes et que nous les empêchons d'être recrutés par des extrémistes.»

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La représentante spéciale de l'Union européenne pour la région du Sahel, Claudia C. Del Rey, participe à la conférence entre l'Union européenne et le CCG à Riyad sur la lutte contre les idées et idéologies extrémistes (Photo fournie).

Del Re a souligné que la réunion ministérielle sur Daech qui s'est tenue à Riyad a permis de mettre en évidence l'évolution des stratégies du groupe terroriste et de clarifier les moyens dont dispose la communauté internationale afin de faire face à cette menace persistante.

En tant que groupe extrémiste issu d'Al-Qaïda, l'État islamique — également appelé Daech — s'est emparé de vastes zones de territoire en Irak et en Syrie en 2014 avant que la coalition ne parvienne à déloger ses combattants de leurs derniers bastions en 2019.

Les membres et sympathisants de ce groupe ont également été responsables de plusieurs attentats de masse en Europe, ce qui a incité les gouvernements à revoir leurs politiques de sécurité et à réorganiser les protocoles de contrôle des migrants et des réfugiés.

«La réunion de Riyad a été un moment très important qui aura une grande importance pendant longtemps», a souligné Del Re.

«Non seulement la participation a été incroyablement riche, mais nous avons eu la présence du ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, et du secrétaire d'État américain, Antony Blinken, ce qui montre que nous sommes tous ensemble, motivés et engagés pour vaincre Daech.»

«Il est important de renforcer la coopération entre les pays partageant les mêmes idées, car c'est le seul moyen de créer une barrière contre le terrorisme, une barrière qu'il est très urgent de créer en ce moment historique», a soutenu Del Re.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Macron à Beyrouth: soutien ferme aux Libanais et leurs nouveaux dirigeants, pour une ère nouvelle

Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
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  • Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité
  • C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry

PARIS: En se rendant à Beyrouth, quelques jours après l’élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la désignation du nouveau premier ministre Nawaf Salam, le président français Emmanuel Macron a voulu confirmer que la France se tient fermement aux côtés du Liban et des Libanais, dans cette nouvelle ère qui s’ouvre.

C’est une ère porteuse de grands espoirs, pour un pays qui semblait voué au chaos, à cause de l’ineptie de sa classe politique et de ses luttes internes. C’est ce qu’il a voulu constater par lui-même en allant au contact des nouveaux dirigeants et du peuple libanais.

Mais c’est également une ère de défis complexes et difficiles, tant le Liban est fragilisé au niveau de ses institutions, de son économie et de son tissu social par des pratiques mercantiles et communautaires, les ingérences externes, puis récemment une guerre avec Israël qui a laissé une partie de son territoire en lambeaux.

Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité et consolider son unité.

C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry.

S’exprimant devant les journalistes à la suite de son tête-à-tête avec Aoun au palais présidentiel de Baabda il a souligné que la souveraineté passe par le respect du cessez-le-feu instauré entre le Liban et Israël le 26 novembre dernier et qu’il a qualifié de «succès diplomatique historique qui a permis de sauver des vies». Avec pour effet la nécessité de consolider le mécanisme de surveillance dont la France fait partie.

Cela implique une application stricte des engagements pris par les autorités israéliennes et libanaises dans le cadre de l'accord et dans les délais prévus.

 Soulignant que « des résultats ont été obtenus » à ce niveau, Macron a estimé qu’ils « doivent se fédérer, se confirmer dans la durée », avec « un retrait total des forces israéliennes, et un monopole total de l'armée libanaise sur les armes ».

C'est pourquoi ajoute Macron « nous soutenons, avec force la montée en puissance des forces armées libanaises et leur déploiement dans le sud du pays » tout en continuant à « consolider l'appui international en matière d'équipement de formation, et de soutien financier ».

Cet effort est soutenu par, la France à titre bilatéral et « je sais aussi que nos amis, l'arabie saoudite le Qatar les pays de la région sont prêts à faire davantage » ajoute-t-il, tout en travaillant « avec vous à la démarcation de la ligne bleue pour dégager une solution pérenne au bénéfice de la sécurité de tous ».

Macron a par ailleurs rappelé que cette souveraineté ne concerne pas que le sud du Liban, et que le contrôle des autres frontières, notamment dans le contexte du bouleversement en cours en Syrie, « constitue aussi un enjeu majeur ». 

L’autre pilier étant la prospérité au bénéfice de tous, il exprimé l’espoir d’une formation rapide du nouveau gouvernement pour mener à bien cette tâche et subvenir à l’urgence humanitaire qui n’est pas révolue.

La nécessité de réformer

La France assure t-il veille à ce que les engagements pris le 24 octobre à Paris soient tenus et qu'ils se traduisent matériellement au profit des populations déplacées par la guerre, Mais « au-delà des réponses d'urgence, la communauté internationale doit anticiper un soutien massif à la reconstruction des infrastructures des habitations détruites par la guerre, tout particulièrement au sud, où le million de déplacés libanais sont rentrés pour trouver leur maison et leur village réduits en cendres ».

À ce propos Macron a précisé qu’une conférence internationale pour la reconstruction se tiendra à Paris dans quelques semaines, lors d’une visite qu’effectuera le président libanais.

La prospérité suppose également des réformes, elles sont « attendues et connues » et s’adressant à Aoun dans des termes empreints d’une chaleur amicale « vous les portez, et vous les défendez », la réforme de la justice, la réforme bancaire, la réforme du marché de l'énergie, la lutte contre la corruption, « toutes ces réformes nécessaires, c'est le gouvernement à venir qui le portera, elles sont indissociables de cette reconstruction ». 

L'ensemble de ces points poursuit Macron doit servir le troisième objectif, « celui d'une nation libanaise, réconciliée et unie dans son pluralisme », car la plus grande des appartenances « est celle à une république qui croit dans l'universel, et d'un pluralisme qui respecte toutes les religions, toutes les communautés leur donnent à chacune sa place ».

Ce n'est que dans cette unité, assure-t-il dans « ce pluralisme réconcilié que le chemin est possible », rendant hommage au peuple libanais, aux milliers de victimes que le pays a déploré depuis le déclenchement de la guerre, « une guerre dans laquelle le Liban a été plongé, malgré lui par l'irresponsabilité de quelques uns ».

Avant sa rencontre avec Aoun au palais de Baabda Macron avait déposé une gerbe au monument du soldat inconnu, puis il s’est livré à un exercice qu’il affectionne particulièrement, en déambulant dans le quartier de Gemayzeh, qui avait été dévasté par l’explosion du port de Beyrouth en 2020

Évoluant au milieu d’une foule de libanais qui l’ont accueilli par des applaudissements chaleureux, il a siroté un café puis il a regardé des livres sur la reconstruction de ce quartier, qu’il avait visité juste au lendemain de l’explosion.

Il a échangé en toute spontanéité avec les personnes qui l’entouraient, il a fait des selfies, bu des jus de fruits, partagé une pizza en écoutant attentivement les personnes qui s'adressent à lui.

« Vous êtes adorable » lui lance une vieille dame, « aidez le Liban » lui demande un homme, une autre personne lui fait part de sa crainte d’une reprise de la guerre.

« Bon courage » et « garder le moral », assène le président français à ses interlocuteurs, avant de souligner que l’ère qui s’ouvre est une ère d’espoir où chacun a sa part à accomplir.

Macron avait commencé sa visite par une rencontre avec le premier ministre libanais en exercice Najib Mikati, et deux entretiens avec le chef d’état major de la FINUL, le général Jean-Jacques Fatinet, puis avec le commandant des opérations spéciales au sein du mécanisme de surveillance du cessez le feu le Général Jasper Jeffers et du représentant de la France au sein de ce mécanisme le général Guillaume Pin Hun.

 


Le procureur de la CPI, Karim Khan, rencontre le nouveau dirigeant syrien 

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  • Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire
  • M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion

DAMAS: Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a été reçu vendredi par le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh, qui a pris le pouvoir après la chute de Bachar al-Assad accusé de crimes durant la guerre civile, a indiqué l'agence de presse officielle Sana.

M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion.

Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire.

Le groupe islamiste de M. Chareh, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a mené une coalition qui a renversé Assad le 8 décembre, plus de 13 ans après la répression sanglante de manifestations anti-Assad ayant déclenché une guerre qui a fait plus de 500.000 morts.

Les nouvelles autorités ont promis de rendre justice aux victimes des atrocités commises durant les décennies de règne du clan Assad, s'engageant à juger les responsables impliqués dans la torture des détenus.

Elles ont exhorté la communauté internationale à leur remettre les personnes recherchées qui ont fui.

La CPI, basée à La Haye, n'a pas été en mesure d'enquêter sur la Syrie car le pays n'a jamais ratifié le Statut de Rome, son traité fondateur.

En 2014, la Russie et la Chine ont opposé leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité visant à renvoyer le dossier syrien devant la CPI.

 


Explosion au port de Beyrouth: le juge reprend ses enquêtes après deux ans de suspension

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
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  • M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires
  • La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar, chargé d'enquêter sur la  gigantesque explosion meurtrière au port de Beyrouth a repris ses investigations et engagé des poursuites contre dix nouvelles personnes jeudi, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale du Liban, tuant plus de 220 personnes et en blessant plus de 6.500.

M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires.

La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël et la chute de Bachar al-Assad en Syrie.

M. Aoun et M. Salam se sont engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire et à empêcher toute ingérence dans le travail du juge, dans un pays où la culture de l'impunité prévaut.

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes".

Il a précisé que les interrogatoires débuteront à partir du 7 février. Des séances d'interrogatoire sont également prévues en mars et avril avec d'autres inculpés, parmi lesquels des anciens ministres et députés.

Selon la même source, M. Bitar prévoit ensuite de clore l'enquête et de la transmettre au procureur général près la Cour de cassation pour qu'il examine l'affaire, en vue de formuler un acte d'accusation.

"Espoir" 

"Les promesses faites par le président et le Premier ministre, puis la reprise de l'enquête (...) aujourd'hui, nous donnent l'impression qu'il y a un espoir que les droits des victimes, pour lesquels nous n'avons cessé de lutter, ne seront pas oubliés", a déclaré à l'AFP Cécile Roukoz, l'une des avocates des familles des victimes, qui a perdu son frère dans l'explosion.

Jeudi, le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk a appelé à la "reprise d'une enquête indépendante", insistant sur la nécessité que les responsables "rendent des comptes" et proposant l'aide de son Bureau à cette fin.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Un premier juge chargé en 2020 de l'enquête avait dû jeter l'éponge, après avoir inculpé l'ex-Premier ministre, Hassan Diab, et trois anciens ministres.

Tarek Bitar s'était à son tour attaqué à des responsables politiques, mais a été confronté aux mêmes obstacles et à une demande du Hezbollah qu'il soit démis de ses fonctions.

Il avait repris son travail à la surprise générale en janvier 2023, inculpant plusieurs personnalités de haut rang, avant d'être poursuivi pour insubordination par le procureur général, une première dans l'histoire du Liban.

Les proches de victimes et de nombreuses ONG internationales ont demandé à plusieurs reprises la formation d'une commission d'enquête internationale, mais s'étaient heurtés à un refus officiel du Liban.

Dans son premier discours mardi, M. Salam a dit qu'il ferait "tout son possible pour rendre justice aux victimes de l'explosion".