WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé lundi de nouvelles sanctions contre Pékin, au moment où la fermeté contre la Chine, érigée en « plus grande menace pour la démocratie », semble faire l'objet d'un consensus grandissant entre l'équipe sortante de Donald Trump et la future administration de Joe Biden.
Le Trésor et le département d'Etat américains ont visé cette fois 14 hauts responsables du Parlement chinois pour leur rôle dans l'adoption d'une loi sur la sécurité nationale controversée qui a « sapé l'autonomie de Hong Kong ».
Ces vice-présidents du comité permanent du Parlement et les membres de leur famille ne pourront plus entrer sur le territoire américain, tandis que leurs éventuels avoirs aux Etats-Unis seront gelés et l'accès au système financier américain leur sera bloqué.
Washington avait déjà imposé de telles sanctions à une quinzaine de responsables hongkongais, dont la cheffe de l'exécutif Carrie Lam, en riposte à l'adoption par Pékin de cette loi draconienne sur la sécurité nationale largement perçue comme une manière de reprendre en main le territoire censé jouir d'une vaste autonomie. Et le président Trump a retiré à Hong Kong le statut commercial préférentiel dont l'ex-colonie britannique bénéficiait auprès des Etats-Unis.
Le comité permanent du Parlement chinois « a voté à l'unanimité en faveur de la loi sur la sécurité nationale utilisée de manière répétée par Pékin pour museler toute contestation et arrêter ceux qui protestent contre ses politiques oppressives », a déclaré le secrétaire d'Etat Mike Pompeo dans un communiqué.
Parallèlement, la Chambre des représentants américaine a voté à l'unanimité lundi en faveur d'une mesure visant à accueillir les résidents de Hong Kong aux Etats-Unis pendant une durée de cinq ans, avec le droit de travailler. Le Sénat doit encore se prononcer pour qu'elle puisse entrer en vigueur.
« Transition en douceur »
La police hongkongaise a arrêté lundi trois personnes accusées d'avoir scandé des slogans en faveur « de l'indépendance de Hong Kong" sur un campus universitaire en novembre, dans une nouvelle illustration de l'impact de la loi sur la sécurité nationale sur les libertés dans le territoire, où les poursuites contre les figures pro-démocratie se multiplient.
Mais le tour de vis de l'administration Trump va bien au-delà.
Dans un climat de Guerre froide, elle a multiplié les attaques ces derniers mois contre Pékin, dénonçant son rôle dans la propagation du Covid-19, les violations des droits des musulmans ouïghours, la militarisation de la mer de Chine méridionale, la concurrence commerciale déloyale, le vol de propriété intellectuelle ou encore le recours à l'espionnage aux Etats-Unis.
Washington a encore supprimé vendredi des programmes d'échanges culturels financés par la Chine, les qualifiant d'« outils de propagande ».
Le bras de fer est mené côté américain par Mike Pompeo qui a clairement désigné le géant asiatique comme l'adversaire stratégique numéro un des Etats-Unis.
Ce leitmotiv a été repris la semaine dernière par le directeur du renseignement américain, John Ratcliffe, qui a estimé dans une tribune publiée par le Wall Street Journal que la Chine était la « plus grande menace pour la démocratie et la liberté dans le monde ».
Un mois après l'élection du démocrate Joe Biden à la Maison Blanche, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a appelé lundi à « une transition en douceur » pour « relancer le dialogue » et « rebâtir la confiance » entre les deux premières puissances mondiales.
Cet espoir de rapprochement pourrait toutefois buter sur une classe politique américaine de plus en plus méfiante, toutes tendances confondues.
La tribune de John Ratcliffe, nommé par Donald Trump, a été accueillie par un rare consensus. Les dirigeants républicains et démocrates des commissions du renseignement du Congrès américain ont appuyé à l'unisson sa mise en garde, malgré cette période délicate de transition à Washington entre un président sortant qui refuse de reconnaître sa défaite et un président élu pressé de tourner la page sur de multiples dossiers.
Autre signe d'une probable continuité dans la confrontation avec Pékin: là où il s'est dit prêt à lever rapidement les sanctions contre l'Iran, dans un virage à 180° par rapport au milliardaire républicain, Joe Biden affirme qu'il maintiendra, au moins au début, les tarifs douaniers mis en place par l'administration sortante pour faire pression contre la Chine dans sa guerre commerciale.