JERUSALEM: Des milliers d'Israéliens ont rendu hommage dimanche aux trois soldats israéliens tués samedi, lors de funérailles dans plusieurs villes d'Israël, dont les responsables ont promis d'élucider les circonstances de leur mort.
Samedi, un "policier égyptien (...) infiltré" depuis l'Egypte en Israël, a tué par balles deux soldats israéliens près de la base militaire israélienne de Harif, à une centaine de km au sud de la bande palestinienne de Gaza, selon un porte-parole de l'armée israélienne.
L'assaillant, traqué plusieurs heures, a ensuite été abattu lors d'échanges de tir qui ont fait une troisième victime parmi les soldats israéliens, selon la même source.
Plusieurs milliers de personnes ont participé en Israël aux funérailles des trois soldats tués.
"Je t'aime et tu me manques déjà", a déclaré la soeur de la soldate Lia Ben Nun, 19 ans, inhumée à Rishon Lezion, près de Tel-Aviv. "Je ne sais pas ce que je vais faire maintenant", a-t- elle ajouté, devant une foule immense, dont le président de la Knesset (le Parlement israélien), Amir Ohana.
A Safed, dans le nord d'Israël, Ori Izhak Iluz, 20 ans, a été enterré en présence de ses proches et de milliers de personnes venues lui rendre hommage, parmi lesquelles l'ancien Premier ministre israélien Naftali Bennett.
Les funérailles de la troisième victime, Ohad Dahan, 20 ans également, ont eu lieu à Ofakim (sud), en présence d'environ 3.000 personnes selon un photographe de l'AFP sur place.
Souvent âgés d'une vingtaine d'années, des soldats en uniforme pleuraient et se prenaient dans les bras, d'après la même source.
Les corps de Lia Ben Nun et d'Ori Izhak Iluz ont été retrouvés samedi matin à un poste de garde de la frontière israélo-égyptienne à plusieurs centaines de mètres de la base de Harif.
Ohad Dahan a été tué plusieurs heures après, lors de l'échange de tirs avec l'assaillant.
Interrogations en Israël
Dimanche, les titres de la presse israélienne étaient tous consacrés à cet incident, les médias s'interrogeant notamment sur la manière dont l'assaillant est parvenu à franchir la barrière de plusieurs mètres de haut qui longe cette frontière.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a qualifié samedi l'incident de "très grave et très inhabituel", a promis une enquête "complète".
Une délégation égyptienne composée de responsables militaires et des représentants du ministère de la Défense est arrivée dimanche en Israël dans le cadre de cette enquête menée conjointement, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier, sous le couvert de l'anonymat.
L'assaillant ne serait pas en lien avec des organisations islamistes mais il semble s'être radicalisé, notamment dans son rapport avec la religion, a-t-elle affirmé.
"Nous avons transmis un message clair aux autorités égyptiennes et nous attendons que l'enquête conjointe (avec l'Egypte) soit méticuleuse et arrive à une conclusion", a déclaré M. Netanyahu dimanche matin, à l'ouverture du Conseil des ministres.
L'armée mène "une enquête approfondie (...) en collaboration avec les forces armées égyptiennes", avait assuré son chef d'état-major Herzi Halevi dans un communiqué samedi.
Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a souligné "l'importance des liens entre les deux pays" après une conversation téléphonique samedi avec son homologue égyptien Mohamed Zaki, selon un communiqué de ses services.
De son côté, Mohamed Zaki a insisté sur "la coordination commune pour prendre les mesures nécessaires afin d'éviter la répétition d'incidents de ce genre dans le futur", selon l'armée égyptienne.
Trafic de drogue
L'Egypte est l'un des rares pays arabes ayant signé en 1979 un traité de paix avec Israël, mais de nombreux Egyptiens n'adhèrent pas à cette normalisation.
La frontière entre les deux pays est néanmoins généralement calme, bien qu'elle soit régulièrement le théâtre de tentatives régulières de trafic de drogue, qui ont donné lieu ces dernières années à des échanges de tirs entre contrebandiers et soldats israéliens stationnés le long de la frontière.
Quelques heures avant l'attaque de samedi, des soldats israéliens avaient ainsi déjoué une tentative de trafic de drogue à la frontière. Aucun lien n'a pour le moment été établi entre cet événement et la mort des trois soldats, selon un porte-parole de l'armée israélienne.
L'armée égyptienne a pour sa part affirmé qu'un "membre des forces de sécurité (égyptiennes) pourchassant des trafiquants de drogue" avait traversé un point de contrôle entre les deux pays.
S'en était suivi, selon elle, un "échange de tirs ayant fait trois morts côté israélien" en plus de la mort de l'assaillant.