AL-MUKALLA, YÉMEN: Cinq prisonniers détenus par des milices houthies soutenues par l'Iran au Yémen ont décrit comment ils avaient été systématiquement torturés, battus et maltraités par leurs ravisseurs pendant plus de cinq ans.
Tout au long de leur calvaire, les hommes ont été transférés de cellule en cellule, maintenus à l'isolement et privés de nourriture, d'eau et de médicaments.
Les hommes pensent avoir contracté la Covid-19: en mai de cette année, ils ont souffert de fatigue, de difficultés respiratoires, de douleurs articulaires et de maux de tête. Le médecin de la prison a nié leur infection par le coronavirus et a conseillé à leurs ravisseurs d'ajouter des oignons et des oranges à leur nourriture.
Hisham Tarmoum, Hassan Annab, Isam Balghaith, Haytham al-Shehab et Hisham al-Yousofi font partie des neuf journalistes arrêtés lors d'un raid dans un hôtel de Sanaa le 9 juin 2015 pendant la répression orchestrée par les Houthis contre leurs opposants, journalistes, militants et politiciens
Isam Balghaith explique que des dizaines de Houthis lourdement armés ont fait irruption dans leur hôtel pour les arrêter et les ont traités comme de dangereux criminels. «Je suis sorti de la salle de bain, et j'ai vu des hommes armés à l'intérieur de la pièce. Ils n'ont rien voulu répondre quand nous les avons interrogés sur leur identité. Ils ont saisi nos téléphones et nos ordinateurs portables et nous ont jetés dans des véhicules militaires. Ils se sont comportés comme s'ils allaient prendre d'assaut un avant-poste militaire.»
Hassan Annab raconte qu'il a été battu lorsque les Houthis ont trouvé un stylo dans une cellule lors d'une perquisition. Le directeur de la prison, Yahiya Sarea et d'autres gardes l'ont torturé à tour de rôle. «Il m’a frappé de la tête aux pieds avec des bâtons de 21 h 30 à 3 heures du matin. Il voulait savoir comment j'avais obtenu le stylo.»
Comme Hassan Annab refusait de parler, ils l'ont jeté dans une petite pièce sombre et sans air. «Je ne pouvais pas dormir, car il n'y avait pas assez d'oxygène dans la cellule», poursuit-il.
Haytham al-Shehab explique que les Houthis leur ont donné des médicaments non adaptés alors que leur santé se détériorait.
«Ils m'ont prescrit des comprimés effervescents et des somnifères quand j'ai demandé des médicaments contre la grippe. J'ai souffert de fortes douleurs à la tête après avoir pris leurs médicaments», raconte-t-il.
Les hommes ont été libérés en octobre dans le cadre d'un échange de prisonniers. «Nous avons passé 1 955 jours en prison», raconte Hisham al-Yousofi. «Ce sont 1 955 moments de douleur et de privation.»
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com