AL-MUKALLA, Yémen : Des appels ont été lancés pour « nommer et déshonorer » les rebelles qui ciblent les civils, à la suite de l'attaque aux missiles menée par les Houthis soutenus par l'Iran, qui a coûté la vie à 10 ouvriers dans un complexe industriel de la ville de Hodeïda, dans l'ouest du Yémen.
L'attaque meurtrière de jeudi porte à 51 le nombre total de civils tués ou blessés au cours de frappes similaires depuis le 22 novembre, ont déclaré les habitants et les responsables locaux à Arab News.
Un agent de sécurité local a rapporté que six travailleurs ont également été blessés lorsque le missile Houthi a atterri à l'intérieur du complexe d'entrepôts Thabet Brothers.
« Le missile était pointé précisément sur l'usine », a déclaré à Arab News l’agent de sécurité qui a refusé de donner son nom.
Il a rejeté les allégations selon lesquelles les forces gouvernementales seraient responsables de l'attaque et a déclaré que le missile visait précisément l'usine et que « le missile a été envoyé depuis une zone sous contrôle houthi. Les parties de Hodeïda où se situe l'usine sont sous notre contrôle ».
Les médias affiliés à la Brigade des géants, une unité militaire qui se bat aux côtés du gouvernement, ont d'abord rapporté que quatre travailleurs ont été tués et huit blessés lors de la frappe des missiles, présentant des images graphiques de plusieurs cadavres. Plus tard, ils ont annoncé que dix civils ont été tués et six blessés.
Le complexe industriel de Hodeïda, ainsi que d'autres activités commerciales au Yémen, ont été des cibles fréquentes des rebelles houthis, tout récemment le 18 novembre, lorsque des bombardements ont déclenché un énorme incendie sur le site.
Le ministre yéménite de l'Information, Muammar Al-Aryani, a condamné fermement la nouvelle attaque houthie et a exhorté l'envoyé des Nations Unies au Yémen, Martin Griffiths, et la mission des Nations Unies à Hodeïda à « nommer et à déshonorer » les rebelles pour la mort de civils.
« Nous condamnons avec la plus grande fermeté le crime terroriste odieux commis aujourd'hui par la milice houthie soutenue par l'Iran, qui a pris pour cible le complexe des frères Thabet à Hodeïda », a-t-il annoncé sur Twitter jeudi.
Vendredi, un drone chargé d'explosifs visait la partie sud de l'Arabie saoudite ; il a été intercepté et détruit par la coalition arabe qui soutient le gouvernement yéménite, reconnu au niveau international.
Le porte-parole de la coalition, le général Turki Al-Maliki, a déclaré que le drone piégé visait des civils et des installations civiles dans la région.
Le Dr Yousef ben Ahmed Al-Othaimeen, secrétaire général de l'Organisation de coopération islamique, a par la suite dénoncé la tentative de frappe.
Cette condamnation est intervenue alors que les Nations unies ont averti dans un rapport que la famine sévissait à nouveau dans certaines parties du Yémen, et que près de la moitié de la population était confrontée à d'importantes pénuries de nourriture.
Les organismes d'aide affirment que le temps presse pour prévenir une famine massive.
Environ 45 % de la population du Yémen souffre d'insécurité alimentaire aiguë, selon une analyse des Nations unies, avec plus de 16 500 personnes à la limite de la famine.
Les Houthis ont intensifié les attaques terrestres et les tirs de mortier sur les zones gouvernementales de Hodeïda depuis le début du mois dernier. Ils tentent ainsi de mettre fin à des mois de stagnation militaire et de prendre le contrôle de nouvelles zones dans la province.
En sept jours seulement, du 22 au 29 novembre, les mines terrestres et les bombardements des milices ont tué et blessé 35 personnes dans plusieurs endroits de Hodeïda.
L'attaque la plus sanglante est survenue le 29 novembre, lorsque les Houthis ont lancé un tir de mortier qui a tué huit personnes et en a blessé plusieurs autres dans un village du district de Durihimi à Hodeïda.
Les attaques de la milice houthie contre des cibles civiles ont soulevé une vague de condamnations aussi bien au Yémen qu'à l'étranger, alors que les militants et les officiels appellent à exercer davantage de pression sur les Houthis.
Ahmed Atteq, directeur du bureau de Durihmi du ministère des Droits de l'homme, a déclaré vendredi à Arab News que son bureau avait lancé de nombreux appels pour que cessent les attaques des milices contre les civils.
« Cette dernière escalade des attaques contre les civils est une violation claire de l'accord de Stockholm », explique-t-il. « Les Houthis n'ont jamais respecté l'accord ».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.