L'Arabie saoudite et les pays arabes condamnent la visite du ministre israélien à Al-Aqsa

Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir (G), marchant dans la cour de l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, connue par les juifs comme le mont du Temple, le 21 mai 2023 au matin. (AFP)
Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir (G), marchant dans la cour de l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, connue par les juifs comme le mont du Temple, le 21 mai 2023 au matin. (AFP)
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Publié le Lundi 22 mai 2023

L'Arabie saoudite et les pays arabes condamnent la visite du ministre israélien à Al-Aqsa

  • Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, s’est rendu dimanche dans la zone litigieuse de l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa
  • Il s’agit d’un geste controversé de la part de cet homme politique d’extrême droite, dans un contexte de tensions accrues dans la région de Jérusalem-Est annexée

RAMALLAH: Le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite a été qualifié de «provocateur» et de «dangereux» après s'être rendu dimanche à la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem occupée.

La visite d'Itamar Ben-Gvir – sa deuxième depuis son entrée au gouvernement israélien – a été qualifiée de provocation flagrante à l'égard des sentiments des musulmans et des Palestiniens et de la souveraineté islamique et arabe sur la mosquée Al-Haram Al-Sharif.

Des institutions clés et des responsables palestiniens, musulmans et arabes ont dénoncé cette initiative de même que la tenue d'une réunion du cabinet israélien dans le tunnel situé sous le Mur occidental.

M. Ben-Gvir est entré dans les cours de la mosquée Al-Aqsa et a effectué ses prières dans la région orientale et dans la zone de Bab al-Rahma pendant trente minutes dimanche, accompagné par le chef de l'organisation du Mont du Temple.

«Les menaces du Hamas ne nous empêcheront pas d'être ici. Nous sommes les propriétaires de la maison sur le Mont du Temple, elle nous appartient à nous et à personne d'autre, et elle est importante pour tout le monde», a déclaré le ministre.

Le cabinet israélien, dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahou, a tenu sa session hebdomadaire au Mur occidental.

«Notre réunion d'aujourd'hui est un message à Abou Mazen (le président palestinien Mahmoud Abbas), qui a déclaré aux Nations unies que le peuple juif n'avait aucun lien avec Jérusalem et que l'est de la ville faisait partie des zones de l'Autorité (palestinienne) [...] il y a 3 000 ans», a indiqué M. Netanyahou.

«Jérusalem était notre capitale avant que Londres et Washington n'existent.»

Le ministère saoudien des Affaires étrangères a fermement condamné la visite de M. Ben-Gvir, qu'il considère comme une violation flagrante de toutes les normes et conventions internationales et comme une provocation à l'égard des musulmans du monde entier.

Il a tenu les forces israéliennes pour entièrement responsables des répercussions de telles exactions.

La Jordanie a critiqué les actions de M. Ben-Gvir, les qualifiant de «provocatrices» et d'«escalade dangereuse et inacceptable», ce qui représente «une violation flagrante et inacceptable du droit international et du statu quo historique et juridique à Jérusalem et dans ses lieux saints».

Le Waqf islamique s'est fait l'écho des commentaires des deux gouvernements, ajoutant qu'il était illusoire de penser qu'une telle action permettrait de réaliser les rêves et les objectifs de judaïsation de la mosquée Al-Aqsa.

Il a déclaré que la réunion du cabinet était également une provocation claire et systématique contre l'histoire et le patrimoine arabo-islamique de la ville.

Le grand mufti de Jérusalem et des territoires palestiniens, le prédicateur de la mosquée Al-Aqsa, Mohammed Hussein, a déclaré à Arab News que les incursions des ministres et des membres de la Knesset ne changeraient pas le statut juridique, religieux et historique actuel du site en tant que mosquée islamique réservée aux seuls musulmans.

Nabil Abu Rudeineh, porte-parole officiel de la présidence de l'Autorité palestinienne, a déclaré que la tournée du ministre était un acte dangereux et a appelé les États-Unis à prendre des mesures immédiates pour freiner Israël.

Le gouvernement israélien a alloué un budget d'un million de dollars pour encourager les extrémistes à pénétrer dans la mosquée Al-Aqsa et de 4,6 millions de dollars pour soutenir les travaux d'excavation sous la mosquée et l'entretien des tunnels existants.

Le porte-parole du Hamas, Hazem Qassem, a déclaré que la réunion hebdomadaire du gouvernement israélien constituait une escalade dans la guerre de religion de l'État.

Entre-temps, l'armée israélienne a décidé d'autoriser officiellement les colons à retourner dans la colonie de Homesh, dans le nord de la Cisjordanie, que l'armée avait évacuée en 2005.

Le 21 mars, la Knesset israélienne a approuvé la loi de séparation, autorisant les colons à retourner dans quatre colonies de Cisjordanie qui avaient été évacuées en 2005, renforçant ainsi la légitimité des avant-postes aléatoires dans le nord de la Cisjordanie.

Dimanche également, des colons israéliens ont attaqué des bergers palestiniens dans la région d'Al-Hamma, dans le nord de la vallée du Jourdain, alors qu'ils faisaient paître leur bétail, en les aspergeant de gaz poivré.

Le maire de Sebastia, Mohammed Azem, a déclaré que les autorités israéliennes avaient l'intention de mettre en œuvre le plus grand projet de judaïsation du site archéologique de la ville historique de Sebastia, située au nord de la ville de Naplouse en Cisjordanie, pour un montant de 10 millions de dollars.

«L'occupation éliminera le secteur touristique de la ville, qui se limitera au tourisme de peuplement», a déclaré le maire. «Cela affectera également la situation économique, car des dizaines de familles de Sebastia dépendent du tourisme.»

Sebastia était la capitale des Romains en Palestine.

Elle se distingue par sa situation géographique, qui relie trois gouvernorats du nord de la Cisjordanie: Naplouse, Tulkarem et Jénine.

Elle se trouve également sur la route des pèlerinages chrétiens de Jérusalem, Bethléem, le puits de Jacob et Nazareth.

La ville compte des dizaines de sites archéologiques, dont le cimetière romain, la tombe du prophète Yahya et sa mosquée, la cathédrale Jean-Baptiste, le palais Al-Kayed, ainsi que la place de la Basilique, le palais royal, la tour hellénistique, le temple d'Auguste, le théâtre, la rue des Colonnes et le stade.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: quatre morts dans un raid israélien, riposte du Hezbollah et des factions alliées

Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région
  • En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban

BEYROUTH: «Quatre personnes d'une même famille» ont été tuées dans un «raid de l'armée israélienne» sur le village de Mays al-Jabal, a déclaré l'agence officielle d'information libanaise (ANI), actualisant un précédent bilan faisant état de trois victimes.

Il s'agit d'un homme, d'une femme et de leurs enfants âgés de 12 et 21 ans, d'après l'ANI, qui a précisé que deux autres personnes ont été blessées.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah libanais, un allié du Hamas palestinien, échange quasi-quotidiennement avec l'armée israélienne des tirs à la frontière libano-israélienne. Des factions palestiniennes et autres groupes alliés ont aussi revendiqué des attaques depuis le Liban contre Israël.

Blessés transportés 

Selon ANI, des habitants du village inspectaient leurs maisons et magasins endommagés dans de précédents bombardements au moment du raid.

Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région.

Samedi soir, le Hezbollah a revendiqué des tirs sur des positions militaires dans le nord d'Israël.

Le Hezbollah a déclaré dans un communiqué avoir tiré « des dizaines de roquettes de types Katioucha et Falaq » sur Kiryat Shmona, dans le nord d'Israël, «en réponse au crime horrible que l'ennemi israélien a commis à Mays al-Jabal », qui, selon lui, a tué et blessé des civils.

En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban, selon un décompte de l'AFP. Au moins 11 combattants du Hamas ont été tués selon ce même décompte.

Côté israélien, 11 soldats et neuf civils ont été tués, selon un bilan officiel.


Le forum de Riyad examine le rôle de la traduction dans la promotion de l'identité saoudienne

L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
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  • La conférence vise à contribuer à un objectif clé de la Vision 2030 du Royaume, à savoir la promotion des valeurs islamiques et de l'identité nationale, en encourageant les Saoudiens à traduire ces concepts dans d'autres langues et cultures
  • Le rôle de la traduction dans la promotion d'une image positive du Royaume sera également discuté, ainsi que la promotion de la reconnaissance internationale et la mise en évidence de l'impact culturel du Royaume

RIYAD : Le Collège des langues de l'Université Princesse Noura bent Abdelrahman de Riyad accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ».

L'événement, dont le slogan est « Nous traduisons notre identité », aura lieu au département des conférences et des séminaires et est parrainé par le ministre saoudien de l'Éducation, Yousef Al-Benyan.

Il se concentrera sur le partage du patrimoine culturel, historique, littéraire et intellectuel du Royaume avec un public mondial, a rapporté l'agence de presse saoudienne.


L'interminable attente des proches de jeunes migrants tunisiens perdus en mer

El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
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  • Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants
  • Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans

EL HENCHA: La plupart avaient gardé le secret: une quarantaine de migrants tunisiens, très jeunes, ont embarqué clandestinement en janvier en quête du "paradis européen" et depuis plus de quatre mois, leurs proches désespèrent de recevoir des nouvelles des disparus.

Ils sont partis vraisemblablement de Sfax (centre), épicentre en Tunisie de l'émigration irrégulière vers l'Italie, la nuit du 10 au 11 janvier sur une mer démontée, selon les familles.

Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants à 40 kilomètres au nord de Sfax. Une mère et son bébé de quatre mois étaient aussi du voyage.

Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans, qui gagnait sa vie en conduisant la camionnette familiale de "louage" (taxi collectif).

"Il est sorti vers 22H00 avec son téléphone, sans rien dire à mes parents, sans vêtements de rechange ni sac, comme s'il allait retrouver ses amis", raconte à l'AFP cette ouvrière de 42 ans, qui souffre d'insomnies depuis.

Yousri, 22 ans, est aussi parti en cachette. "La majorité des jeunes n'ont pas informé leur famille, ils se sont débrouillés pour avoir un peu d'argent", confirme M. Henchi, son oncle instituteur.

Meftah Jalloul, poissonnier de 62 ans, savait lui "depuis un certain temps" que son fils Mohamed, 17 ans, "voulait migrer en Europe" et le lui avait déconseillé "mais c'est devenu une idée fixe".

La nuit fatidique, il a tenté d'empêcher son unique garçon de sortir, l'implorant d'attendre une meilleure météo, mais "il m'a embrassé sur la tête et il est parti", relate M. Jalloul.

«Désespérance»

Le commerçant culpabilise: "chaque jour, il créait des problèmes à la maison, il voulait de l'argent pour migrer. C'est moi qui lui ai donné l'argent, donc je suis responsable".

Les Tunisiens ont représenté la deuxième nationalité des migrants illégaux arrivés en Italie (17.304) en 2023, après les Guinéens, selon des statistiques officielles.

"Cette immigration irrégulière ne s'explique pas seulement par des motifs économiques et sociaux", analyse Romdhane Ben Amor, porte-parole de l'ONG FTDES. Il y a aussi "le facteur politique (le coup de force du président Kais Saied à l'été 2021, NDLR) et le sentiment de désespérance des Tunisiens qui ne croient pas dans l'avenir du pays".

Les disparus d'El Hencha, issus de la classe moyenne, pas particulièrement pauvres, partageaient cette "sensation d'horizon bouché".

Le frère d'Inès avait un travail mais "avec 20 dinars par jour (trois euros environ), une fois payé ses cigarettes, il disait qu'il ne pouvait pas faire de projets, ni construire une maison, ni se marier".

Mohamed l'instituteur pointe du doigt "les jeunes déjà en Italie qui publient sur les réseaux sociaux (...) leur quotidien". Les autres "voient ça et veulent changer leur avenir. Ils imaginent l'Europe comme un paradis", souligne-t-il. C'était, pense-t-il, le cas de Yousri qui travaillait dans un café internet pour 10/15 dinars par jour après avoir quitté le lycée avant le bac.

Meftah Jalloul était lui d'accord pour que son fils, également décrocheur scolaire, émigre, mais légalement et seulement après avoir fait une formation. "Il pouvait apprendre un métier: plombier, menuisier, mécanicien", souligne le père de famille.

Aujourd'hui, M. Jalloul lutte pour garder espoir.

«Temps très mauvais»

"Quatre mois se sont écoulés et je pleure mon fils. Ma famille et moi, nous sommes épuisés", dit-il en fondant en larmes.

Lui et d'autres familles se raccrochent à l'idée que l'embarcation aurait pu dériver vers la Libye voisine. Des contacts ont été pris, des recherches menées, en vain.

Inès Lafi et Mohamed Henchi redoutent le pire. Plus de 1.300 migrants sont morts ou ont disparu dans des naufrages l'an passé près des côtes tunisiennes, selon le FTDES.

"Le temps était très mauvais. Même les pêcheurs qui connaissent la mer sont rentrés, lui est sorti", explique Inès, furieuse contre le passeur, connu de tous pour son activité clandestine, qui n'est pas non plus revenu de cette dernière traversée.

Aux autorités, les familles demandent la poursuite des recherches et davantage d'opportunités à El Hencha.

"Il faut enrichir la zone industrielle avec d'autres unités de production, fournir des emplois aux jeunes", estime M. Henchi.

Il faudrait aussi, dit l'instituteur, "construire un état d'esprit différent" avec des programmes éducatifs pour donner envie de bâtir son avenir en Tunisie. Sinon les jeunes "se contentent d'un tour au café, d'un peu de ping-pong ou volley-ball".