MAMOUDZOU: La France envisage toujours de détruire jusqu'à un millier de cases en tôle, jugées insalubres, dans les bidonvilles de Mayotte, département français de l'océan Indien situé près des Comores, ont indiqué vendredi les autorités.
"Les gens vivent dans des conditions insupportables, ils mettent leur vie en danger", a justifié le préfet Thierry Suquet lors d'une visite ouverte à la presse du quartier de Cavani, au sud-ouest de Mamoudzou, le chef-lieu de l'île.
Les autorités françaises ont déployé depuis avril des centaines de policiers et gendarmes à Mayotte pour préparer et mener une série d'interventions regroupées sous le nom de Wuambushu ("reprise" en mahorais).
Cette opération, qui vise à déloger des migrants en situation irrégulière, pour la plupart venus des Comores voisines, est quasiment au point mort. Elle est soutenue par les élus et de nombreux habitants qui dénoncent l'insécurité croissante dans l'île, mais dénoncée comme "brutale" et "anti-pauvres" par nombre d'associations.
Huit périmètres devant être démolis ont déjà été définis par arrêté préfectoral. "Et d'ici quelques semaines, huit autres arrêtés de périmètres seront pris, pour recouvrir au total 1 000 cases", a précisé M. Suquet.
Les premières démolitions doivent avoir lieu au quartier Talus 2, à Koungou, au nord de Mamoudzou. Prévues initialement pour le 25 avril, elles ont été provisoirement suspendues par la justice administrative avant que deux nouvelles décisions de justice ne donnent raison à l'Etat, la dernière en date mercredi.
Les pelleteuses devraient se rendre sur place "très rapidement", selon le préfet, pour démolir 135 cases en tôle dans ce quartier informel. "Environ 70 familles seront relogées et la moitié a déjà intégré un nouveau logement", a assuré M. Suquet, qui était accompagné durant sa visite à Cavani par des agents de l'Agence régionale de santé (ARS), de la préfecture et des travailleurs sociaux.
Avant toute démolition, des enquêtes sociales sont réalisées dans le but de proposer des solutions de relogement aux habitants, à condition qu'ils soient en situation régulière. "Le principe de démolition n'est jamais remis en question, même si les familles refusent les propositions", a prévenu le préfet.
Département français depuis 2011, Mayotte fait partie de l'archipel des Comores. Elle est la seule des quatre îles restée dans le giron de la France, l'ancienne puissance coloniale, alors que les trois autres ont proclamé l'indépendance en 1975 et forment un même pays, l'Union des Comores. Mayotte reste un territoire revendiqué par Moroni.