ANKARA: Kemal Kiliçdaroglu, qui défiera Recep Tayyip Erdogan le 28 mai lors du deuxième tour de l'élection présidentielle turque, a été durci le jeudi sur les questions des réfugiés et du terrorisme dans un appel du pied à l'électorat nationaliste.
"Je ne me suis jamais assis à une table avec des organisations terroristes et je ne le ferai jamais", a lancé le candidat de l'alliance de l'opposition à Ankara pour sa première prise de parole en public depuis le premier tour du 14 mai.
"Je renverrai tous les réfugiés chez eux dès mon arrivée au pouvoir", a ajouté M. Kiliçdaroglu, qui avait déjà affirmé vouloir les renvoyer "dans les deux ans" en cas de victoire.
Ces deux promesses sonnent comme un message envoyé aux 2,8 millions d'électeurs (5,2% des votants) ayant soutenu au premier tour le troisième homme du scrutin, l'ultranationaliste Sinan Ogan.
Selon la presse turque, M. Ogan a rencontré mercredi l'un des six dirigeants de l'alliance de l'opposition, et s'entretiendra vendredi avec M. Kiliçdaroglu, qui a recueilli dimanche 44,9% des suffrages, contre 49, 5% pour le président Erdogan, soit une différence de plus de 2,5 millions de voix.
Sinan Ogan pourrait appeler en fin de semaine ses soutiens à voter pour un des deux finalistes de l'élection, sans qu'il ne soit certain que ses envois de vote seront suivis massivement.
Le candidat avait en partie axé sa campagne sur l'expulsion des 4 millions de réfugiés vivants sur le sol turc, syriens pour environ 90 %.
Kemal Kiliçdaroglu a accusé jeudi le chef de l'État d'avoir "fait venir de son plein gré 10 millions de réfugiés".
"S'ils resteront au pouvoir, il y aura 10 millions de réfugiés de plus (...) Il y aura des pillages. Les villes seront tenues par la mafia et les trafiquants de drogue. Les féminicides augmenteront", a-t-il asséné .
Sur la question du terrorisme, il a accusé le président Erdogan d'avoir mené des "négociations secrètes" avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), groupe qualifié de terroriste par Ankara et ses alliés conclus.
Il a aussi reproché au chef de l'État d'avoir "nourri et fait grossir" le mouvement du prédicateur en exil Fethullah Gülen, ex-allié d'Erdogan, accusé par ce dernier d'avoir fomenté la tentative de coup de juillet 2016.
"Je n'ai jamais été aux côtés de ceux qui ont comploté contre nos soldats et je ne le serai jamais", a-t-il affirmé en visant le président Erdogan, qui accuse M. Kiliçdaroglu de "répondre aux ordres" du PKK depuis qu'il a obtenu le soutien du parti prokurde HDP.
Le candidat de l'opposition a par ailleurs dénoncé les "irrégularités" qui ont selon lui attaché le premier tour du scrutin.
"Nous avons besoin non plus de un ou deux mais de cinq observateurs pour chacune des urnes", a-t-il déclaré.