RAMALLAH: À la veille de la marche du «jour du drapeau» à Jérusalem, les tensions étaient vives mercredi en Israël, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Elles menaçaient de perturber l'accord de cessez-le-feu entre le Jihad islamique palestinien et Israël, alors que l'on craint des affrontements violents à Jérusalem.
La marche de jeudi après-midi est un défilé annuel israélien d'extrême droite qui célèbre la prise de Jérusalem-Est en 1967 et son occupation ultérieure, que le gouvernement israélien qualifie de «réunification» de Jérusalem.
Mercredi, la police israélienne a renforcé la sécurité à Jérusalem-Est et dans la vieille ville, en installant des points de contrôle militaires le long des routes principales et en déployant 3 000 agents pour sécuriser l'itinéraire de la marche.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré que son gouvernement ne modifierait pas l'itinéraire de la marche controversée, qui passera donc par la porte de Damas et la vieille ville.
Des sources israéliennes ont indiqué que sept ministres et membres de la Knesset appartenant à la coalition au pouvoir se joindront à la marche, conduite par le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir.
«Demain, avec l'aide de Dieu, nous célébrerons la Journée de Jérusalem dans notre capitale éternelle», a indiqué Ben-Gvir. «Nous avons déployé nos gardes pour sécuriser la marche et demain, Jérusalem sera couverte de bleu et de blanc.»
Les organisations juives du "Temple" et des groupes de colons auraient cherché à recruter plus de 5 000 colons afin de prendre d'assaut les cours de la mosquée Al-Aqsa avant la marche provocatrice.
Pour la présidence palestinienne, la décision du gouvernement israélien de ne pas faire éloigner la marche controversée de la vieille ville de Jérusalem était un acte de provocation délibéré.
Nabil Abu Rudeineh, porte-parole de la présidence, a averti que les appels des extrémistes à prendre d'assaut Al-Aqsa allaient enflammer la région, avec des conséquences désastreuses. Il a affirmé que le gouvernement israélien était entièrement responsable de l'escalade des tensions qui pourrait conduire à une flambée des violences.
Les actions du gouvernement israélien confirment son consentement aux demandes des extrémistes, a-t-il ajouté. Il a appelé l'administration du président américain Joe Biden à joindre le geste à la parole en condamnant clairement et franchement ces provocations israéliennes.
Le ministère palestinien des Affaires étrangères a expliqué que la marche de jeudi permet aux habitants d’Israël et à la communauté internationale de comprendre sans conteste que Jérusalem est occupée, qu'elle n'est pas unifiée et qu'elle fait toujours partie intégrante des territoires palestiniens occupés.
Parallèlement, des appels ont été lancés aux Palestiniens de Cisjordanie, de la bande de Gaza, de Jérusalem et de l'intérieur d'Israël à hisser le drapeau palestinien partout où cela est possible et qu'ils l'affichent en ligne, en réponse aux provocations d'Israël lors du «jour du drapeau».
Khaled al-Kurdi, un militant de la vieille ville de Jérusalem, a indiqué que la situation était tendue et que la police israélienne forçait environ 1 500 magasins de la vieille ville et de la porte de Damas à fermer.
«La situation est agitée car toute l'extrême droite israélienne sera présente dans la vieille ville pour imposer le fait accompli qu'elle contrôle Jérusalem-Est », a-t-il indiqué à Arab News.
Environ 350 000 Palestiniens vivent à Jérusalem-Est. Hazem Qassem, porte-parole du Hamas, a qualifié la marche de provocatrice et a révélé qu'elle forcerait le Hamas à répondre à la «tentative israélienne de changer et d'imposer une identité juive à la ville de Jérusalem, qui comprend des lieux saints musulmans et chrétiens».
Kamel al-Khatib, chef adjoint du Mouvement islamique en Israël, a appelé à faire face à la marche et à défendre la mosquée Al-Aqsa contre les tentatives de judaïsation perpétrées par des colons.
«Demain, Al-Aqsa sera exposée à de nouvelles provocations», a-t-il alerté.
Chawky Allam, un religieux égyptien de haut rang, a prévenu que la marche pourrait attiser les tensions et créer une atmosphère de confrontation.
Entre 100 000 et 200 000 jeunes juifs orthodoxes devraient participer à la marche. L'armée israélienne a renforcé son système de défense «Dôme de fer», craignant des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza en réponse à la marche.
La Maison Blanche a exhorté les Israéliens et les Palestiniens à maintenir le calme, à faire preuve de retenue et à éviter toute action ou rhétorique autour de la marche susceptible de faire monter la tension.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com