Au Soudan, un mois de guerre sans issue en vue

Des gens se rassemblent dans la ville soudanaise de Wadi Halfa, à la frontière égyptienne, le 4 mai 2023. (AFP)
Des gens se rassemblent dans la ville soudanaise de Wadi Halfa, à la frontière égyptienne, le 4 mai 2023. (AFP)
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Publié le Lundi 15 mai 2023

Au Soudan, un mois de guerre sans issue en vue

  • Au Soudan, ce pays de 45 millions d'habitants et l'un des plus pauvres au monde, la population vit dans la peur et la faim
  • A Khartoum et au Darfour (ouest), rares sont ceux qui sortent acheter à manger par peur des balles perdues

KHARTOUM : Avant la guerre, le Soudan s'engluait dans le marasme politique et économique. Après un mois de combats entre les troupes des deux généraux qui se disputent le pouvoir, le pays menace de sombrer et inquiète des voisins eux-mêmes en crise.

La guerre entre l'armée, que dirige le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires du général Mohamed Hamdane Daglo a fait plus de 750 morts, des milliers de blessés et près d'un million de déplacés et de réfugiés.

Dans ce pays de 45 millions d'habitants, l'un des plus pauvres au monde, la population vit dans la peur et la faim.

A Khartoum et au Darfour (ouest), rares sont ceux qui sortent acheter à manger par peur des balles perdues.

Et le tiers de la population qui dépendait de l'aide alimentaire internationale en est désormais privé: elle a été pillée ou interrompue à la suite de la mort de 18 travailleurs humanitaires.

Ailleurs, l'argent manque parce que les banques, pillées pour certaines, n'ont pas ouvert depuis le 15 avril, ou parce que les prix ont flambé: multipliés par quatre pour l'alimentaire ou par 20 pour l'essence.

Barricadés chez eux sans eau ni électricité, les cinq millions d'habitants de Khartoum attendent un hypothétique cessez-le-feu au milieu des raids aériens, des combats à l'arme lourde et des tirs d'artillerie --jusque dans les maisons et les hôpitaux.

Impunité

A Djeddah, en Arabie saoudite, les deux camps négocient une trêve "humanitaire" pour laisser sortir les civils et faire entrer l'aide.

Mais ils se sont uniquement entendus sur le principe du respect des règles de la guerre, renvoyant à d'ultérieures "discussions élargies" la question de l'arrêt des hostilités.

Pour le chercheur Aly Verjee, "si les deux camps ne changent pas leur façon de penser, difficile d'imaginer une traduction sur le terrain des engagements sur papier".

Car experts et diplomates le répètent: chacun des deux généraux pense "pouvoir l'emporter militairement", grâce à des effectifs importants et des soutiens étrangers. Le général Daglo est le grand allié des Emirats arabes unis ainsi que, selon le Trésor américain, des mercenaires russes de Wagner, tandis que le grand voisin égyptien pèse de tout son poids derrière Burhane.

Les deux hommes paraissent donc plus intéressés par un long conflit que par des concessions à la table des négociations.

"L'armée et les Forces de soutien rapide (FSR) violent les trêves avec une régularité qui montre un degré d'impunité qui dépasse tout, même selon les normes soudanaises des conflits", s'alarme Alex Rondos, ancien représentant de l'Union européenne pour la Corne de l'Afrique.

Des conflits, le Soudan en a connu. Au Darfour, la répression sous la dictature d'Omar el-Béchir (1989-2019) des minorités ethniques par les militaires et les paramilitaires aujourd'hui ennemis avait fait 300 000 morts dans les années 2000.

Tout le monde y tire désormais sur tout le monde: militaires, paramilitaires, combattants tribaux et même civils armés. "On nous rapporte que des snipers tirent sur quiconque sort de chez lui", dit à l'AFP Mohamed Osman, de Human Rights Watch (HRW). Pris au piège, "des gens blessés dans des combats il y a deux semaines meurent chez eux".

Médecins sans frontières (MSF) souligne que dans les camps de déplacés de la guerre du Darfour, "les gens sont passés de trois repas par jour à un seul".

Exode et désindustrialisation

A cause du conflit, des milliers de réfugiés entrent chaque jour en Egypte, au Tchad, en Ethiopie ou au Soudan du Sud. L'Egypte, qui traverse la pire crise économique de son histoire, s'inquiète. Les autres pays voisins redoutent une contagion.

Khartoum n'a plus ni aéroport ni expatrié --tous évacués dans la cohue aux premiers jours de la guerre--, ni centres commerciaux --ils ont été pillés.

Les administrations sont fermées "jusqu'à nouvel ordre" et les deux généraux ne s'expriment que pour s'invectiver par médias interposés.

Ce qu'il reste de l'administration s'est replié à Port-Soudan (850 kilomètres à l'est), épargné par les violences et où une équipe réduite de l'ONU tente de négocier l'acheminement de l'aide humanitaire.

"En détruisant des usines agro-alimentaires ou de petites industries, cette guerre a causé une désindustrialisation partielle du Soudan", affirme M. Verjee à l'AFP. "Le futur Soudan sera plus pauvre encore et pendant longtemps".


La reprise de la guerre à Gaza a «déclenché un nouvel enfer», affirme le CICR

La reprise de la guerre à Gaza a "déclenché un nouvel enfer" dans le territoire palestinien où Israël est en guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas depuis son attaque le 7 octobre 2023, a averti lundi le directeur général du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). (AFP)
La reprise de la guerre à Gaza a "déclenché un nouvel enfer" dans le territoire palestinien où Israël est en guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas depuis son attaque le 7 octobre 2023, a averti lundi le directeur général du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). (AFP)
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  • "Gaza subit et endure des morts, des blessés, des déplacements multiples, des amputations, des séparations, des disparitions, des famines et un déni d'aide et de dignité à grande échelle"
  • "Cela inclut le traumatisme des familles des otages israéliens qui font face à un cauchemar sans fin, et des familles des prisonniers palestiniens", a-t-il ajouté

DOHA: La reprise de la guerre à Gaza a "déclenché un nouvel enfer" dans le territoire palestinien où Israël est en guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas depuis son attaque le 7 octobre 2023, a averti lundi le directeur général du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

"Gaza subit et endure des morts, des blessés, des déplacements multiples, des amputations, des séparations, des disparitions, des famines et un déni d'aide et de dignité à grande échelle, et juste au moment où le cessez-le-feu (...) laissait croire aux gens qu'ils avaient survécu au pire, un nouvel enfer s'est déclenché", a déclaré Pierre Krähenbühl lors d'une conférence sur la sécurité à Doha, au Qatar, l'un des pays médiateurs.

"Cela inclut le traumatisme des familles des otages israéliens qui font face à un cauchemar sans fin, et des familles des prisonniers palestiniens", a-t-il ajouté.

Selon lui, "plus de 400 travailleurs humanitaires et 1.000 travailleurs de la santé ont été tués à Gaza, parmi lesquels 36 de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge".

"Cette horreur et cette déshumanisation nous hanteront pendant des décennies", a-t-il encore dit.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le territoire israélien, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Plus tôt cette année, les deux parties sont convenues d'une trêve qui a duré près de deux mois, avant que Israël ne reprenne son offensive militaire dans la bande de Gaza le 18 mars.

Depuis cette date, les opérations militaires de l'armée israélienne ont fait au moins 2.151 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas qui fait désormais état de 52.243 morts depuis le 7 octobre 2023.


Yémen: le bilan des frappes américaines sur un centre de détention de migrants monte à 68 morts 

Des médias des rebelles houthis au Yémen ont affirmé lundi que le bilan des frappes américaines ayant visé un centre de détention de migrants dans le nord du Yémen était monté à 68 morts. (AFP)
Des médias des rebelles houthis au Yémen ont affirmé lundi que le bilan des frappes américaines ayant visé un centre de détention de migrants dans le nord du Yémen était monté à 68 morts. (AFP)
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  • Des médias des rebelles houthis au Yémen ont affirmé lundi que le bilan des frappes américaines ayant visé un centre de détention de migrants dans le nord du Yémen était monté à 68 morts
  • "La défense civile a annoncé que 68 migrants africains avaient été tués et 47 blessés dans l'agression américaine ayant visé un centre (abritant des) migrants illégaux dans la ville de Saadah"

SANAA: Des médias des rebelles houthis au Yémen ont affirmé lundi que le bilan des frappes américaines ayant visé un centre de détention de migrants dans le nord du Yémen était monté à 68 morts.

"La défense civile a annoncé que 68 migrants africains avaient été tués et 47 blessés dans l'agression américaine ayant visé un centre (abritant des) migrants illégaux dans la ville de Saadah", a rapporté la chaîne de télévision des rebelles, Al-Massirah.

 


Israël frappe un fief du Hezbollah près de Beyrouth

Un journaliste de l'AFP a vu de la fumée s'élever au-dessus d'un bâtiment dans le quartier de Hadath après la frappe, l'agence de presse libanaise Ani faisant état de trois missiles tirés. (AFP)
Un journaliste de l'AFP a vu de la fumée s'élever au-dessus d'un bâtiment dans le quartier de Hadath après la frappe, l'agence de presse libanaise Ani faisant état de trois missiles tirés. (AFP)
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  • Des chaînes de télévision locales ont rapporté que le bâtiment ciblé était un "hangar" et ont diffusé des images montrant un important incendie éclatant sur place
  • Dimanche également, l'armée israélienne, qui a maintenu des troupes dans le sud du pays, frontalier du nord d'Israël, a dit avoir "éliminé un terroriste du Hezbollah" dans le sud du Liban

BEYROUTH: Israël a frappé dimanche la banlieue sud de Beyrouth pour la troisième fois depuis le cessez-le-feu ayant mis fin à plus d'un an de guerre entre le Hezbollah et Israël, qui dit avoir visé un entrepôt de "missiles de précision" du mouvement.

Après la frappe contre le bastion du groupe pro-iranien, près de la capitale libanaise, les autorités ont demandé aux garants de l'accord de cessez-le-feu de "contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques".

Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après deux mois de guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban, disant viser combattants et infrastructures du mouvement très affaibli par la guerre et qui affirme respecter le cessez-le-feu.

Un journaliste de l'AFP a vu de la fumée s'élever au-dessus d'un bâtiment dans le quartier de Hadath après la frappe, l'agence de presse libanaise Ani faisant état de trois missiles tirés.

Des journalistes de l'AFP à Beyrouth ont entendu les sirènes des ambulances se dirigeant vers la banlieue sud.

La frappe est intervenue après un appel sur X de l'armée israélienne à évacuer de manière "urgente", laissant présager une frappe sur "des installations appartenant au Hezbollah" dans cette zone.

Des chaînes de télévision locales ont rapporté que le bâtiment ciblé était un "hangar" et ont diffusé des images montrant un important incendie éclatant sur place.

"Sur instruction du Premier ministre (israélien Benjamin) Netanyahu et du ministre de la Défense Katz, l'armée a frappé avec force un entrepôt à Beyrouth où le Hezbollah avait stocké des missiles de précision, constituant une menace significative pour l'Etat d'Israël", a annoncé le bureau de M. Netanyahu dans un communiqué.

"Israël n'autorisera pas le Hezbollah à se renforcer ni à faire peser une quelconque menace de n'importe où au Liban", ajoute ce communiqué.

"Panique" 

L'armée a accusé le Hezbollah de "violation flagrante" des dispositions de la trêve entre Israël et le Liban, pour avoir stocké selon elle des missiles sur le site visé.

Le président libanais Joseph Aoun a appelé les Etats-Unis et la France, garants de l'accord de cessez-le-feu, à "assumer leurs responsabilités et contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques".

M. Aoun a mis en garde contre "la poursuite par Israël de ses actes de déstabilisation", qui aggravent les tensions et risquent "de saper la sécurité et la stabilité de la région".

La représentante des Nations unies pour le Liban, Jeanine Hennis, a indiqué que la frappe avait "semé la panique et la crainte d'une reprise des violences parmi ceux qui aspirent désespérément à un retour à la normale".

"Nous exhortons toutes les parties à cesser toute action susceptible de compromettre davantage l'accord de cessation des hostilités et la mise en œuvre de la résolution 1701" qui a servi de base à l'accord de cessez-le-feu, a-t-elle ajouté.

Le 1er avril, une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth a tué un responsable du Hezbollah. Une autre frappe avait visé ce même secteur le 28 mars, pour la première fois depuis l'entrée en vigueur de la trêve.

Dimanche également, l'armée israélienne, qui a maintenu des troupes dans le sud du pays, frontalier du nord d'Israël, a dit avoir "éliminé un terroriste du Hezbollah" dans le sud du Liban, où le ministère libanais de la Santé a fait état d'un mort dans une frappe de drone dans la matinée.

Au début de la guerre à Gaza en octobre 2023, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas, le Hezbollah avait ouvert un front contre Israël en tirant des roquettes à partir du sud du Liban, son fief, affirmant agir en soutien à son allié palestinien.

Ces hostilités ont dégénéré en guerre ouverte en septembre 2024 avec des bombardements israéliens intenses au Liban, principalement contre les bastions du Hezbollah, dont la direction a été quasiment décimée.