Pour marquer le 75e anniversaire de la Nakba palestinienne, survenue à cette date en 1948, l'unité de recherche et d'études d'Arab News a confié à la société de sondage YouGov, leader mondial du secteur, la réalisation de sa toute dernière enquête: «Perspectives, paix et politique: Quelle est la position des Palestiniens?»
Le sondage réalisé auprès de 953 personnes des deux sexes, âgées de 18 à 45 ans, dans les territoires palestiniens, a été réalisé dans un contexte peu favorable à l'instauration de la paix ou de la justice pour les Palestiniens.
En effet, la situation sur le terrain est marquée par des divisions entre les Palestiniens eux-mêmes, un gouvernement d'extrême droite en Israël et l'absence d'efforts internationaux sérieux pour sortir du statu quo.
Il est aujourd’hui plus important que jamais de recueillir des données et des informations crédibles sur les opinions et les sentiments des Palestiniens moyens. En effet, leurs voix sont rarement entendues, alors que le monde entier débat de leur cause en leur nom.
Soixante-quinze ans plus tard, après tant de souffrances, de tentatives de paix ratées et d'occupation illégale persistante, il n'est pas surprenant que la rue palestinienne se sente toujours plus éloignée de la paix, ou d'une forme de résolution respectable.
Il est aujourd’hui plus important que jamais de recueillir des données et des informations crédibles sur les opinions et les sentiments des Palestiniens moyens, car leurs voix sont rarement entendues
Faisal J. Abbas, rédacteur en chef
L'enquête témoigne d'une réalité douloureuse : le Palestinien moyen n'a pas confiance en son propre gouvernement. En effet, 75% d'entre eux ont déclaré que leurs dirigeants actuels étaient incapables de parvenir à des négociations de paix. Il en va de même pour le gouvernement israélien actuel, dont 86% estiment qu'il n'entend pas signer un traité de paix.
Il n'est pas surprenant non plus de constater que la majorité des Palestiniens (66%) ne font confiance à aucun gouvernement israélien – ni de gauche, ni de droite – pour parvenir à un accord de paix avec leur gouvernement.
Il est également intéressant de noter que la plupart des personnes interrogées (63%) ne se reconnaissent ni dans le Fatah ni dans le Hamas.
L'étude a montré que bien que la solution des deux États reste l'option préférée de la majorité, un nombre important de Palestiniens ont déclaré qu'ils ne seraient pas opposés à une option fédérale (21%), à la fusion en un seul État avec obtention de la citoyenneté israélienne (13%), ou à un retour à la vie sous occupation totale (11%).
Par ailleurs, une majorité de Palestiniens reconnaissent que les États-Unis ont le plus d'influence sur Israël, sans pour autant avoir confiance en leur capacité à jouer un rôle de médiateur équitable. En revanche, 80% d'entre eux saluent l'offre récente de la Chine de servir de médiateur dans la recherche d'une solution. Compte tenu des efforts fructueux déployés jusqu'à présent par la Chine entre l'Arabie saoudite et l'Iran, ce résultat n'est pas surprenant.
Comme mentionné en 2017 lorsque nous avons commencé notre collaboration avec YouGov, ces sondages commandés par notre unité de recherche et d'études sont en accord avec notre mission journalistique au sens large : être une source crédible d'informations sur le monde arabe pour les lecteurs régionaux et internationaux, et fournir des perspectives sur le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord aux anglophones du monde entier.
Nous espérons que cette étude Arab News-YouGov apportera un éclairage important sur le cœur et l'esprit des Palestiniens et permettra aux décideurs de trouver une solution à leur situation.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com