AIX-LA-CHAPELLE, Allemagne : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky reçoit dimanche après-midi à Aix-la-Chapelle (Allemagne) le prix Charlemagne pour sa contribution à l'unité européenne, avant une visite surprise à Paris.
Après une étape à Berlin, où il a été reçu par le chancelier allemand, M. Zelensky a gagné avec Olaf Scholz Aix-la-Chapelle (ouest) pour s'y voir décerner, avec le peuple ukrainien, une distinction récompensant un engagement en faveur de l'unification européenne.
Le président ukrainien, qui était à Rome et au Vatican samedi, est ensuite attendu à Paris dimanche en fin de journée où il sera reçu par son homologue français Emmanuel Macron.
Avant la visite surprise à Paris, l'étape allemande de M. Zelensky a marqué un net réchauffement des relations entre Berlin et Kiev, un temps crispées par les atermoiements du chancelier à livrer les armes réclamées par l'Ukraine.
"Je tiens à vous remercier sincèrement, Olaf, ainsi que l'ensemble du peuple allemand, pour chaque vie ukrainienne sauvée grâce à votre soutien", a ainsi lancé le dirigeant ukrainien, en sweat noir et pantalon kaki, à M. Scholz lors d'une conférence de presse conjointe.
«Aussi longtemps que nécessaire»
Celui-ci lui a en retour assuré que Berlin le "soutiendrait aussi longtemps que nécessaire", soulignant que l'engagement de Berlin en faveur de Kiev, armement compris, s'élevait jusqu'ici à 17 milliards d'euros. Soit la contribution alliée la plus importante après les Etats-Unis, selon M. Zelensky.
M. Zelensky mobilise ses soutiens en Europe au moment où son armée prépare une contre-offensive dans l'Est du pays face aux forces russes.
A Berlin, le dirigeant ukrainien a assuré ne "pas attaquer le territoire russe" et se concentrer sur la libération des territoires occupés. Il aussi demandé au chancelier de soutenir la livraison d'avions de combat, ce que ce dernier a jusqu'ici refusé.
Il s'est aussi montré ouvert à des "discussions" de paix mais "seulement" aux conditions de Kiev.
Accueilli plus tôt par le chef de l'Etat Franz-Walter Steinmeier, le dirigeant ukrainien avait déjà salué le rôle moteur de l'Allemagne.
"Dans la période la plus difficile de l'histoire moderne de l'Ukraine, l'Allemagne s'est révélée être notre véritable amie et notre alliée fiable", a noté le dirigeant dans le livre d'or de la présidence allemande.
A l'occasion de sa venue, le gouvernement allemand a annoncé préparer un nouveau plan d'aide militaire à l'Ukraine de 2,7 milliards d'euros, un montant record depuis le début du conflit selon l'hebdomadaire Der Spiegel.
Le nouveau paquet inclut notamment des dizaines de chars, blindés, drones de surveillance et quatre nouveaux systèmes de défense antiaériens Iris-T.
Toutefois, le vice-ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andrij Melnyk, a estimé qu'il n'allait pas assez loin.
«Tabou»
"Il est dommage que la plupart des systèmes de défense promis soient anciens, a regretté l'ancien ambassadeur ukrainien en Allemagne, sur la chaîne de télévision Welt TV, appelant à briser le "tabou" de la livraison d'avions de combat.
Jeudi sur la BBC, M. Zelensky avait expliqué avoir "encore besoin d'un peu de temps supplémentaire" pour l'offensive attendue de l'armée ukrainienne.
"La question des avions de combat est une priorité pour l'Ukraine (...). Nous avons besoin de F-16", des avions de combat modernes, pour défendre le ciel ukrainien, a insisté dimanche le chef de cabinet du président Volodymyr Zelensky, Andreï Yermak.
Il s'agit pour Kiev de tenter de reprendre du terrain dans les régions de Donetsk et de Lougansk (est) ainsi que de Kherson et de Zaporijjia (sud) dont Moscou a revendiqué l'annexion.
Dimanche, le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, a une nouvelle fois pointé du doigt l'inaction de l'armée régulière russe autour de Bakhmout, épicentre des combats.
M. Prigojine, en conflit ouvert avec la hiérarchie russe, a accusé "les forces aéroportées" de ne pas appuyer ses hommes comme le ministère de la Défense le prétend.
Moscou assure continuer sa progression dans la ville déjà majoritairement sous son contrôle et aujourd'hui largement ravagée.
Et le ministère russe de la Défense a affirmé dimanche avoir "touché" à Ternopil (ouest) et Petropavlivka (centre-est) en Ukraine des sites abritant notamment des armes occidentales livrées à Kiev.
Moscou a cependant annoncé dimanche la mort de deux responsables militaires russes sur le front, une communication rare de la part de la hiérarchie militaire depuis le début de l'offensive militaire chez son voisin il y a près de 15 mois.