LIVERPOOL: Avant de laisser la place à l'extravagance et aux paillettes, l'Eurovision s'est retrouvée vendredi critiquée par son pays hôte, le Royaume-Uni, pour avoir refusé au président ukrainien Volodymyr Zelensky de s'exprimer lors de la finale samedi.
La Suède, la Finlande, l'Ukraine, Israël et la France, bredouille depuis Marie Myriam en 1977, figurent parmi les favoris de la 67e édition du concours qui verra s'affronter 26 pays à Liverpool, dans le nord-ouest de l'Angleterre.
Le Royaume-Uni s'est vu déléguer l'organisation de l'événement au fameux interminable décompte de points car l'Ukraine, qui avait gagné l'an dernier, a jeté l'éponge en raison de l'invasion russe.
Mais si le show kitsch et pop s'annonce très ukrainien, pas question de laisser le président du pays s'y exprimer par message vidéo comme il l'a fait dans de nombreux événements, ont tranché jeudi soir les organisateurs.
L'European Broadcasting Union (EBU), organisation de diffuseurs du concours, a expliqué avoir rejeté sa demande au nom de "la nature non-politique de l'évènement".
"La requête de M. Zelensky de s'adresser au public du concours Eurovision de la chanson, bien que faite avec des intentions louables, ne peut à regret être acceptée car cela briserait les règles de l'évènement", a ajouté l'EBU.
"Les valeurs et libertés pour lesquelles le président Zelensky et le peuple ukrainien se battent en Ukraine ne sont pas politiques, mais fondamentales", a regretté un porte-parole du Premier ministre britannique Rishi Sunak, affirmant que le gouvernement était "déçu" par cette décision.
Downing Street a noté que les organisateurs de l'Eurovision avaient eux-mêmes l'an dernier décidé d'exclure la Russie du concours après l'invasion de l'Ukraine. La Russie est également bannie cette année.
L'ex-Premier ministre Boris Johnson, qui s'est rendu souvent en Ukraine y compris après son départ de Downing Street, a également critiqué la décision de l'EBU: "La seule raison pour laquelle le concours n'est pas organisé en Ukraine, c'est la guerre illégale de Poutine".
L'ambassadeur ukrainien au Royaume-Uni, Vadym Prystaiko, a dit "comprendre" la décision de l'EBU, tout en relevant que cela aurait été "formidable (...) pour le président de pouvoir s'adresser à ce large public".
Le concours est regardé par des dizaines de millions de personnes dans le monde.
Dans un entretien à l'AFP, le secrétaire d'Etat britannique à la Culture Stuart Andrew a exprimé des "regrets" mais a dit espérer que durant la finale, "les gens voient (...) qu'il y a la reconnaissance que (le concours) aurait dû se dérouler en Ukraine".
"Il se passe beaucoup de choses dans la ville pour faire sentir aux gens qu'ils font la fête aux côtés de nos amis en Ukraine", a-t-il ajouté.
Hommage appuyé
L'EBU a fait valoir que le concours prévoit un hommage appuyé à l'Ukraine durant la finale samedi soir, avec la présence de onze artistes ukrainiens sur scène, dont Kalush Orchestra, le gagnant de 2022.
Des clips vidéo diffusés durant la soirée donneront à voir différents endroits du pays et les drapeaux ukrainiens devraient flotter en masse dans la salle.
Parmi les 26 concurrents de la finale figurent l'Ukraine et les cinq principaux pays contributeurs financiers au concours (Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni), qualifiés d'office.
Jeudi soir, lors de la deuxième demi-finale, dix derniers pays ont décroché leur ticket pour la finale, dont la Belgique, la Pologne et l'Australie.
La France, qui n'a plus remporté le concours depuis Marie Myriam en 1977, est représentée par la Québécoise La Zarra avec "Evidemment". Elle peut espérer faire mieux que l'avant-dernière place d'Alvan & Ahez l'année dernière: malgré un parcours difficile avec un show annulé au dernier moment mi-avril, elle fait partie du "top 5" des bookmakers.
C'est aussi le cas de la Finlande. Présente à Liverpool, Sannni Särkölä, une Finlandaise de 29 ans, a dit être "très excitée et nerveuse" mais avoir "foi" dans Käärijä, le chanteur qui représentera son pays.
Matthew O’Connor, un enseignant irlandais de 50 ans, se montre lui bon joueur même si son pays ne sera pas à la finale: l'Irlande "ne méritait pas" d'être qualifiée, dit-il.