En Syrie, des comédiens affrontent leurs souffrances par le rire

Hussein al-Rawi se produit lors d'une soirée comique intitulée "Styrie", à Damas le 24 avril 2023. (Photo LOUAI BESHARA / AFP)
Hussein al-Rawi se produit lors d'une soirée comique intitulée "Styrie", à Damas le 24 avril 2023. (Photo LOUAI BESHARA / AFP)
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Publié le Mercredi 10 mai 2023

En Syrie, des comédiens affrontent leurs souffrances par le rire

  • Chaque semaine, lui et ses amis comédiens se produisent au café Deez, faisant des blagues sur les coupures de courant, les pénuries et autres luttes quotidiennes, réapprenant à rire aux Damascènes, éprouvés par douze ans de guerre
  • Les comédiens peuvent rire de leurs problèmes, à une condition : ne pas parler politique et religion, hautement tabous dans la capitale gouvernementale

DAMAS: Dans un café de Damas à l'ambiance tamisée, Sharief Homsi dresse le portrait sarcastique du "prince charmant" syrien dont la fortune se mesure désormais en bidons d'essence et bonbonnes de gaz, dans un pays en proie à toutes sortes de pénuries.

"Epouse-moi, j'ai un avenir radieux : 100 litres d'essence, des panneaux solaires et trois bonbonnes de gaz", lance-t-il, feignant de demander la main de son amoureuse, devant un public hilare.

Chaque semaine, lui et ses amis comédiens se produisent au café Deez, faisant des blagues sur les coupures de courant, les pénuries et autres luttes quotidiennes, réapprenant à rire aux Damascènes, éprouvés par douze ans de guerre.

Les comédiens peuvent rire de leurs problèmes, à une condition : ne pas parler politique et religion, hautement tabous dans la capitale gouvernementale.

Le public préfère "rire et oublier les problèmes qu'il ne peut pas résoudre", explique Sharief Homsi. "Il n'y a rien d'autre à faire que de rire."

Début 2023, lui et ses amis ont fondé le premier groupe d'improvisation de Syrie, nommé Styrie, combinaison de "Syrie" et "hystérie".

"La situation du pays est hystérique", explique à l'AFP ce comédien de 31 ans. "On doit l'affronter par le rire hystérique (...) dans un pays rempli de problèmes et de morosité."

La petite troupe de 35 membres, devenue populaire, attire une foule qui a désespérément besoin d'un échappatoire.

Et avant chaque représentation, l'équipe se réunit chez un de ses membres pour répéter.

L'un d'eux se tient au milieu de ses collègues, tentant un nouveau numéro : "Ils m'ont dit d'attirer les foules avec des histoires drôles".

"J'ai bien réfléchi et j'ai découvert que ce qui était le plus drôle dans ma vie était... ma vie", poursuit-il devant ses amis comédiens dans une petite chambre peu éclairée... quand l’électricité n'est pas coupée.

"Il a maintenant tellement d'ex que sa vie est devenue une équation" impossible à résoudre, réplique un autre membre du groupe, dans un jeu de mots entre ex et la lettre X désignant une inconnue en mathématiques.

«Lignes rouges»

L'humoriste Malke Mardinali explique à l'AFP qu'ils s'inspirent de leur "quotidien plein de souffrances" pour les "partager" avec un public qui traverse les mêmes épreuves.

"En Europe, ils ont l'électricité, même sous trois mètres de neige", dit-il. "Chez nous, dès que Fayrouz (diva arabe, NDLR) chante +l'hiver est revenu+, le courant se coupe", lance-t-il devant le public hilare.

La guerre en Syrie, déclenchée en 2011, y a ravagé les infrastructures et fait plus d'un demi- million de morts.

Amir Dayrawan, 32 ans, était tombé en dépression après avoir perdu sa sœur et son neveu tués par des tirs de mortiers il y a quelques années.

Son moral était à nouveau au plus bas après le séisme dévastateur qui a frappé la Turquie et la Syrie le 8 février.

"La comédie m'a aidé à affronter les craintes que j'avais intériorisées", confie-t-il.

"Nous ne parlons pas de politique et si nous faisons parfois allusion à des sujets liés au sexe ou à la religion, c'est sans dépasser les lignes rouges que nous connaissons bien", souligne Amir Dayrawan.

"Un jour, j'espère que nous pourrons nous libérer intellectuellement et discuter de n'importe quel sujet sans crainte", poursuit-il.

Sur scène, Mary Obaid a aiguisé ses "punchlines" sur les bus syriens encore plus bondés du fait des sévères pénuries d'essence.

Cette femme de 21 ans, qui se dit fière d'être le seul élément féminin du groupe, fait rire aussi l'assistance en racontant ses mésaventures quand l'électricité est coupée... en plein maquillage.

"Sans misère, il n'y aurait pas de comédie", conclut-elle.


Gaza: 80.000 personnes ont fui Rafah depuis qu'Israël a intensifié ses opérations le 6 mai, selon l'ONU

Des Palestiniens déplacés transportent leurs biens à l'arrière d'un camion alors qu'ils fuient al-Mawasi vers une zone plus sûre à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 9 mai 2024, dans le cadre du conflit actuel entre Israël et les militants du mouvement Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés transportent leurs biens à l'arrière d'un camion alors qu'ils fuient al-Mawasi vers une zone plus sûre à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 9 mai 2024, dans le cadre du conflit actuel entre Israël et les militants du mouvement Hamas. (Photo par AFP)
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  • Selon l'ONU, environ 1,4 million de personnes s'entassent à Rafah, adossée à la frontière égyptienne, dont plus d'un million de déplacés poussés là par sept mois de combats et de bombardements
  • Israël affirme que les derniers bataillons du Hamas sont retranchés à Rafah et se dit déterminé depuis plusieurs mois à y mener un assaut terrestre d'ampleur pour anéantir le mouvement islamiste palestinien

RAFAH, Territoires Palestiniens : L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens a indiqué jeudi qu'environ 80.000 personnes avaient fui Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, depuis le 6 mai, quand Israël a enjoint les Palestiniens vivant dans l'est de la ville à évacuer.

«Depuis que les forces israéliennes ont intensifié leurs opérations le 6 mai, environ 80.000 personnes ont fui Rafah, cherchant refuge ailleurs. Le prix que payent ces familles est insupportable», indique l'UNRWA sur le réseau social X, précisant que «aucun endroit n'est sûr» dans la bande de Gaza.

Selon l'ONU, environ 1,4 million de personnes s'entassent à Rafah, adossée à la frontière égyptienne, dont plus d'un million de déplacés poussés là par sept mois de combats et de bombardements qui ont réduit à l'état de ruines le nord puis le centre de la bande de Gaza.

Lundi, l'armée israélienne avait enjoint les habitants des quartiers est de Rafah à évacuer avant d'intensifier ses bombardements sur ces zones et d'y mener des incursions au sol.

«C'est une opération d'ampleur limitée», avait insisté un porte-parole militaire, estimant à «environ 100.000» le nombre de personnes concernées et appelées à se déplacer vers «la zone humanitaire élargie d'al-Mawasi», à une dizaine de kilomètres de Rafah.

Israël affirme que les derniers bataillons du Hamas sont retranchés à Rafah et se dit déterminé depuis plusieurs mois à y mener un assaut terrestre d'ampleur pour anéantir le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qui a mené le 7 octobre dans le sud d'Israël une attaque sanglante qui a déclenché la guerre.

Principal soutien militaire d'Israël, Washington a annoncé mercredi qu'il suspendrait les livraisons de certains armements à son allié historique si l'armée israélienne entrait dans Rafah.

Aux côtés du Qatar et de l'Egypte, les Etats-Unis assurent une médiation qui tente depuis des mois de convaincre Israël et le Hamas de conclure une trêve censée permettre notamment une pause dans la guerre et la libération de détenus palestiniens des prisons israéliennes contre des otages enlevés par le Hamas lors de sa sanglante attaque dans le sud d'Israël le 7 octobre.

Des négociations indirectes ont repris mercredi au Caire pour tenter de parvenir à un compromis et éviter l'assaut annoncé sur Rafah.

 


Un groupe irakien visé par des frappes israéliennes près de Damas

Des soldats de l'armée israélienne se tiennent debout sur la tourelle d'un char de combat principal positionné dans le sud d'Israël près de la frontière avec la bande de Gaza, le 9 mai 2024. (Photo par Ahmad Gharabli AFP)
Des soldats de l'armée israélienne se tiennent debout sur la tourelle d'un char de combat principal positionné dans le sud d'Israël près de la frontière avec la bande de Gaza, le 9 mai 2024. (Photo par Ahmad Gharabli AFP)
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  • L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, rapporte qu'Israël a frappé un centre culturel et un camp d'entraînement d'Al-Noujaba, membre d'une nébuleuse de groupes armés pro-iraniens
  • Une source au sein d'Al-Noujaba a confirmé qu'un centre culturel du groupe avait été détruit par une frappe israélienne près de Sayyeda Zeinab, mais n'a pas fait état de victimes

BEYROUTH, Liban : Des frappes nocturnes israéliennes ont ciblé le mouvement irakien Al-Noujaba, dans la région de Damas, ont indiqué jeudi le groupe armé pro-iranien et une ONG.

Israël commente rarement les frappes individuelles mais répète régulièrement qu'il ne permettra pas à son ennemi juré, l'Iran, d'accroître sa présence en Syrie.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, rapporte qu'Israël a frappé un centre culturel et un camp d'entraînement d'Al-Noujaba, membre d'une nébuleuse de groupes armés pro-iraniens se faisant appeler «Résistance islamique en Irak».

Des ambulances se sont dirigées vers les zones ciblées, a indiqué l'ONG qui fait état de trois membres d'Al-Noujaba blessés.

Le centre et le camp sont situés dans le quartier de Sayyeda Zeinab, au sud de Damas, où de violentes explosions ont retenti à l'aube selon l'ONG, basée au Royaume-Uni.

Sayyeda Zeinab abrite un important sanctuaire chiite et est défendu par des miliciens pro-iraniens, notamment du Hezbollah, aux côtés de l'armée de Damas, selon l'OSDH.

Une source au sein d'Al-Noujaba a confirmé à l'AFP qu'un centre culturel du groupe avait été détruit par une frappe israélienne près de Sayyeda Zeinab, mais n'a pas fait état de victimes.

Al-Noujaba «n'a pas de base militaire déclarée en Syrie», a ajouté la source.

«Vers 3H20 du matin (00:20 GMT), l'ennemi israélien a mené une agression aérienne depuis le Golan syrien occupé, ciblant un bâtiment dans la région de Damas», a indiqué jeudi matin le ministère syrien de la Défense, cité par l'agence officielle Sana.

«Notre défense antiaérienne a abattu certains missiles», a ajouté le ministère, précisant que l'attaque «a causé quelques dégâts matérielles».

L'armée israélienne a conduit des centaines de frappes en Syrie depuis le déclenchement en 2011 de la guerre civile qui y fait rage, ciblant principalement des positions militaires et des combattants pro-iraniens.

Le nombre de frappes s'est accru depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre, lorsque le mouvement islamiste palestinien a mené une attaque meurtrière sans précédent contre Israël.

Le 13 avril, l'Iran a mené une attaque inédite contre Israël, avec 350 drones et missiles, dont la plupart ont été interceptés avec l'aide des Etats-Unis et d'autres pays. Téhéran a dit avoir agi en «légitime défense» après l'attaque meurtrière, attribuée à Israël, qui a détruit son consulat à Damas le 1er avril.


Les forces armées saoudiennes participent à un exercice militaire en Turquie

L’exercice offre aux forces des pays participants l’occasion d’échanger des connaissances et de s’entraîner ensemble à la planification et à la coordination d’opérations conjointes
L’exercice offre aux forces des pays participants l’occasion d’échanger des connaissances et de s’entraîner ensemble à la planification et à la coordination d’opérations conjointes
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  • Dès leur arrivée en Turquie, avant la phase d’exercices sur le terrain de l’EFES 2024, les unités saoudiennes ont été accueillies par l’attaché militaire à l’ambassade d’Arabie saoudite à Ankara, le commodore Adel al-Kalthami
  • L’exercice offre aux forces des pays participants l’occasion d’échanger des connaissances, de s’entraîner ensemble à la planification et à la coordination d’opérations conjointes dans divers environnements et d’accroître leur efficacité au combat

RIYAD: Les forces armées saoudiennes participent à un exercice militaire multinational dans la ville turque d’Izmir, a annoncé, mercredi, le ministère de la Défense du Royaume.

Dès leur arrivée en Turquie, avant la phase d’exercices sur le terrain de l’EFES 2024, les unités saoudiennes ont été accueillies par l’attaché militaire à l’ambassade d’Arabie saoudite à Ankara, le commodore Adel al-Kalthami, directeur des exercices du Royaume, le général Nasser al-Suhaimi et des officiers des divisions des forces armées.

L’exercice comprend deux phases principales. La première est un exercice de centre de commandement au Centre multinational de guerre d’Istanbul et au Centre de formation de commandement conjoint d’Izmir, qui a commencé le 25 avril et a pris fin mercredi. La deuxième phase, qui comprend des exercices de tir réel dans la zone de Doganbey à Izmir, commence vendredi et se poursuit jusqu’au 30 mai.

Le chef de l’Autorité saoudienne d’éducation et de formation des forces armées, le général de division Adel al-Balawi, a déclaré que la participation des forces nationales à l’exercice reflète l’attention et le soutien accordés par les dirigeants saoudiens au développement de leurs capacités et au renforcement de leur organisation, de la formation et des compétences en armement.

L’exercice offre aux forces des pays participants l’occasion d’échanger des connaissances, de s’entraîner ensemble à la planification et à la coordination d’opérations conjointes dans divers environnements, d’accroître leur efficacité au combat et de renforcer la coopération militaire, a-t-il ajouté.

Au cours de l’exercice, les unités saoudiennes et leurs homologues d’autres pays effectueront de nombreuses manœuvres par voies terrestre et maritime, notamment des opérations d’atterrissage en mer, des missions de recherche et de sauvetage et des réponses aux menaces posées par les drones, en utilisant des armes légères chargées de balles réelles et d’autres armes, conclut M. Al-Balawi.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com