DUBAΪ : Des centaines de femmes condamnées pour appartenance à Daech et purgeant de longues peines d'emprisonnement dans une prison de haute sécurité en Irak auraient entamé une grève de la faim depuis le 24 avril.
Au moins quatre cents prisonnières, incarcérées pour des peines allant de quinze ans à la perpétuité dans la tristement célèbre prison de Rusafa à Bagdad, refuseraient de s'alimenter pour protester contre leurs condamnations et les mauvaises conditions de détention, a rapporté la BBC vendredi.
Ces femmes, originaires de plusieurs pays dont la Russie, la Turquie, l'Azerbaïdjan, l'Ukraine, la Syrie, la France, l'Allemagne et les États-Unis, affirment qu'elles n'ont pas bénéficié de procès équitables. Selon les médias, une centaine d'enfants sont également détenus dans la prison.
Après la chute de Daesh en 2017, des milliers de membres masculins du groupe auraient été exécutés, tandis que les femmes et les enfants étaient détenus. Certains ont été renvoyés dans leur pays d’origine, mais beaucoup restent enfermés. Selon les médias, certaines détenues ont été condamnées à mort lors de leur procès, mais aucune exécution n'a eu lieu jusqu'à présent.
BBC Arabic a déclaré avoir obtenu des vidéos tournées à l'intérieur de la prison de Rusafa, montrant des femmes à l'allure frêle, assises ou endormies sur des sols en pierre. On y voit également des enfants, dont beaucoup seraient nés dans la prison.
Selon la BBC, au début de la grève de la faim, les détenus ne survivaient qu'avec un demi-verre d'eau par jour, mais certains ont maintenant cessé complètement de manger et de boire.
Une prisonnière russe, qui purge une peine de 15 ans, aurait juré de ne plus manger jusqu'à ce qu'elle soit libérée. Elle a déclaré avoir été condamnée à l'issue d'un procès expéditif qui a duré moins de dix minutes, sur la base d'aveux qu'elle a été contrainte de signer et qui étaient rédigés en arabe, une langue qu'elle ne peut ni parler ni lire. Elle aurait été surprise en train de porter des armes à Mossoul, ce qu'elle nie. Ses affirmations n'ont pas pu être vérifiées par la BBC.
Les femmes disent également qu'elles n'ont pas été autorisées à contacter les ambassades de leurs pays et qu'il n'y avait pas de représentants diplomatiques à la plupart de leurs procès.
Les détenus interrogés par la BBC ont déclaré que près de soixante prisonniers adultes et trente enfants sont morts dans la prison au cours des six dernières années. Ils ont indiqué qu'ils étaient détenus à quarante par cellule et qu'ils étaient souvent battus et soumis à d'autres traitements inhumains.
Le mois dernier, le ministère irakien de la justice a renvoyé le directeur de la prison. Il a invoqué des « fuites audio » provenant de l'établissement, et reconnu que la population carcérale était quatre fois supérieure à la capacité d'accueil.
Interrogé par la BBC, le gouvernement irakien a refusé de commenter la grève de la faim ou les conditions de détention.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com