RAMALLAH: Le gouvernement israélien mène des «discussions secrètes» avec l'Autorité palestinienne pour extraire du gaz d'un gisement situé au large de la bande de Gaza — connu sous le nom de Gaza Marine — avec l'accord du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et du ministre de la Défense, Yoav Gallant, ont confirmé des sources régionales.
Les sources ont indiqué que le gouvernement israélien a tenu des discussions internes concernant le champ gazier — qui se trouve à 36 km de la côte de Gaza en Méditerranée — après sa formation à la fin de l'année dernière.
Les pourparlers ont été repris dans le cadre du processus politique et sécuritaire qui a débuté récemment entre Israël et l'Autorité palestinienne, avec la médiation des États-Unis, ont révélé les sources.
Elles ont ajouté que la question du développement du champ de Gaza Marine et de sa préparation à l'extraction du gaz était au cœur des discussions qui ont eu lieu lors des réunions d'Aqaba et de Charm el-Cheikh.
Ces discussions ont réuni des responsables politiques et sécuritaires des parties palestinienne et israélienne, sous les auspices des États-Unis. La Jordanie et l'Égypte se seraient également jointes aux discussions.
La partie israélienne est dirigée par Tzachi Hanegbi, chef du Conseil national de sécurité israélien, et Ghassan Olyan, coordinateur des opérations gouvernementales dans les territoires occupés.
Israël estime que cette mesure profitera aux Palestiniens sur le plan économique, ce qui pourrait contribuer à réduire les tensions sécuritaires à long terme, ont indiqué les sources. Elles ont ajouté que l'extraction du gaz de Gaza Marine serait «soumise à l'approbation d'Israël».
Les sources ont également indiqué que des «difficultés» avaient été soulevées par la partie israélienne, qui affirme que seuls les États ont le droit de gérer légalement les gisements de gaz.
La solution à cette impasse est que l'Égypte parraine le projet d'extraction de gaz, car l'Autorité palestinienne ne peut le faire seule, affirment les Israéliens.
Les sources ont révélé que des discussions israélo-égyptiennes ont eu lieu récemment avec la participation de hauts responsables.
En février 2021, le Fonds d'investissement palestinien a signé un accord avec l'association des entrepreneurs et l'entreprise égyptienne EGAS afin de coopérer au développement du champ gazier de Gaza Marine.
Israël a informé l'Autorité palestinienne et les parties américaine et égyptienne, «par plusieurs canaux», de la reprise des pourparlers internes israéliens à ce sujet. Les parties égyptienne et américaine soutiennent le projet malgré le scepticisme des Palestiniens.
Les Palestiniens affirment être propriétaires du champ gazier de Gaza Marine, découvert à la fin des années 1990.
Le gaz n'en a pas été extrait en raison du rejet par Israël des demandes palestiniennes d'exploitation.
Les sources estiment qu'il existe des «problèmes de sécurité» pour mener à bien le projet.
Selon une évaluation israélienne, «le Hamas ne restera pas inactif, la question centrale est donc de savoir comment développer le gisement de gaz», et les Israéliens craignent que toute mesure de ce type ne suscite des critiques de la part de l'opinion publique.
Le champ a été initialement développé en 2000 par British Gas, qui l'a laissé au profit de Royal Dutch Shell, qui l'a ensuite quitté en 2018.
Les réserves du champ sont estimées à 1,1 billion de pieds cubes de gaz naturel, soit 32 milliards de mètres cubes, ce qui équivaut à une capacité de production de 1,5 milliard de mètres cubes par an pendant 20 ans.
En octobre dernier, une source palestinienne bien informée a nié l'existence d'un accord égypto-palestino-israélien visant à extraire du gaz du gisement de Gaza Marine.
La source a également indiqué que les consultations de l'époque avaient eu lieu entre les Palestiniens et les Égyptiens sans la participation de la partie israélienne, car «nous ne paierons pas Israël pour qu'il nous arrache ce qui nous appartient. C'est inacceptable... ce que l'on demande à Israël, c'est seulement de ne pas entraver le travail».
Le gouvernement palestinien a formé un comité ministériel chargé de suivre avec le Fonds d'investissement palestinien la conclusion d'un accord avec l'Égypte pour le financement et l'exploitation du champ.
Le projet d'extraction de gaz est un projet stratégique essentiel pour l'Autorité palestinienne, qui souffre d'une grave crise financière depuis novembre 2021.
L'expert économique palestinien Samir Hulileh a déclaré à Arab News que le revenu annuel de Gaza Marine — s'il est exploité — se situera entre 700 et 800 millions de dollars américains (1 dollar américain = 0,91 euro). Cela équivaudra à 7 à 8 milliards de dollars en 10 ans.
Hulileh a ajouté qu'il n'y aurait pas d'extension du gazoduc vers la ville israélienne d'Ashdod, mais plutôt vers la ville égyptienne d'El-Arich, où le gaz serait traité et vendu à l'Europe, avec le gaz égyptien.
Une source officielle de haut niveau de l'Autorité palestinienne a déclaré à Arab News: «Si le gaz est extrait, il constituera une importante source de revenu pour le trésor de l'Autorité palestinienne et réduira son déficit hydrique, qui atteindra 605 millions de dollars d'ici la fin de l'année.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com