BEYROUTH: Le 13 avril dernier, le film Hardabasht est sorti en salles au Liban. Il s'agit d'un long-métrage tourné à Ouzaï, dans la banlieue Sud de Beyrouth. Il dépeint la vie des personnes défavorisées qui habitent ce quartier transformé en bidonville. Tous les actes sont menés à leur conclusion logique, des disputes routinières entre amis ou officiels aux rébellions légitimes des personnages qui reflètent bien la réalité d’une certaine catégorie de la société.
L’histoire tourne autour d’une mère et de ses trois garçons qui vivent à Ouzaï, dans la banlieue pauvre de Beyrouth. À chaque fils, son histoire, les trois étant impliqués dans des petites «magouilles», le chômage endémique poussant la plupart des jeunes aux trafics en tout genre.
Ouzaï, ville beyrouthine «abîmée»
À l’origine, le quartier d'Ouzaï accueillait d’élégantes stations balnéaires. Petit à petit, occupé par des populations déplacées du sud du Liban, sans cesse soumis aux frappes israéliennes, venues trouver refuge dans la capitale, il s’est transformé en bidonville. Les inégalités de la société libanaise, la pauvreté associée à la violence, ont par la suite généré un stéréotype très négatif des habitants de ce quartier.
L’autre problème majeur auquel ce territoire est confronté: les combats violents qui se produisent de temps en temps entre ses clans. Le moindre problème suscite un conflit meurtrier. Tous les hommes sont armés et ici règne la loi du plus fort.
Connu pour ses trafics illicites, le quartier est placé sous le contrôle des deux grandes formations chiites du pays, le Hezbollah et le mouvement Amal.
13 avril, anniversaire de la guerre civile
Le jour de la sortie du film était celui de la commémoration du jour où le Liban a basculé dans la guerre civile, le 13 avril 1975. L’une des causes de la guerre était une crise d'insécurité croissante.
Miroir du réel
Ce film de quatre-vingt-dix-sept minutes est aussi un hommage aux mères libanaises des quartiers défavorisés, qui vivent dans une inquiétude constante pour leurs enfants et les défendent jusqu’au dernier souffle. «Mensonge. Ce qu’on t’a dit à propos de mon fils Hussein est mensonge. Mon fils Hussein n’a ni tiré ni menacé…» «C’est moi qui ai tiré et qui ai menacé», lance la magnifique Randa Kaadi aux gendarmes venus arrêter ses fils après un meurtre.
Aux côtés de la grande actrice, de tout aussi magnifiques talents soutiennent un récit bouleversant de réalisme: Hussein Kaouk et Hussein Dayekh, les collègues créatifs de Mohammad Abdo, ainsi que Maria Nakouzi, Alexandra Kahwaji, Joseph Zaytoun, Mahdi Dayekh, Husein Hijazi, Randa Kaadi, Fouad Yammine et Gabriel Yammine.
Le film est authentique, car il montre des personnages réalistes qui existent dans la société contemporaine, ce qui lui confère une dimension humaine. Une mise en scène à la fois crue et sensible par Mohammad Dayekh qui décrit son vécu. Hardabasht est plus qu'une simple pulsion de mort.